United Nations Security Council

04/21/2021 | Press release | Distributed by Public on 04/21/2021 17:28

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en Colombie appelle à mettre en œuvre l’Accord de paix et à remédier à la violence visant les anciens combattants

« En raison de la crise de liquidité qui affecte les Nations Unies et des contraintes horaires qui en résultent, l'intégralité du communiqué sera publiée ultérieurement »

Cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, M. Carlos Ruiz Massieu, a exhorté les parties colombiennes à poursuivre la mise en œuvre de l'Accord final de paix, avant de saluer la récente rencontre entre le Président colombien Ivan Duque et M. Rodrigo Londoño, du Parti des Communs.

M. Massieu s'est aussi alarmé de la violence persistante qui vise les anciens combattants des FARC, 266 d'entre eux ayant perdu la vie depuis la signature de l'Accord final de paix qui a mis fin à 50 ans de conflit en Colombie. « La protection de la vie est le but premier de tout processus de paix », a-t-il souligné. La Ministre colombienne des affaires étrangères, Mme Claudia Blum de Barberi, a réaffirmé quant à elle l'attachement de son pays à la promotion de la paix.

M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification en Colombie, a déclaré que les victimes sont au cœur de l'Accord final de paix en Colombie signé par l'État colombien et les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC-EP). Les parties signataires doivent continuer à s'acquitter de leurs engagements en faveur des victimes en garantissant la justice, la vérité et la réparation. Il a appelé les acteurs colombiens à donner des preuves concrètes de leurs engagements, avant de saluer la récente rencontre entre le Président Duque et M. Rodrigo Londoño, du Parti des Communs. Une telle rencontre peut jeter les bases d'une coopération à l'avenir, a déclaré le Représentant spécial, en ajoutant que des positions politiques divergentes ne doivent pas nuire à la réalisation de l'Accord final. Cinq ans après la signature dudit Accord final, les parties doivent avancer dans le règlement des défis structurels, y compris ceux posés par la pandémie, a déclaré le Représentant spécial.

« La protection de la vie est le but premier de tout processus de paix. » Dans le cas de la Colombie, M. Ruiz Massieu a souligné l'importance de mener des actions efficaces pour y parvenir, en notant la violence subie par les leaders sociaux, les défenseurs des droits de l'homme et les ex-combattants. Ce sont ainsi 266 anciens combattants qui ont été tués depuis la signature de l'Accord, a observé le haut fonctionnaire, qui a déclaré que les efforts de lutte contre l'impunité doivent s'accompagner des ressources nécessaires et demandé que le plan de sécurité stratégique soit déployé dans les 25 municipalités où se concentre la violence. Il a espéré que la tendance à la violence s'inverserait.

Selon l'Accord, une paix stable suppose la réintégration des anciens combattants, a poursuivi le Représentant spécial, en louant les avancées notables en la matière, s'agissant notamment de l'acquisition des terres par ces derniers. Il a donné un exemple de réconciliation en mentionnant les terres données à Quibdo à 50 anciens combattants par M. Alvaro Zora, dont le père avait été enlevé par des groupes armés illégaux. Le Représentant spécial a noté que deux autres projets collectifs ont été récemment approuvés par le Conseil national de réincorporation, portant leur nombre total à 90. Environ 50% des ex-combattants participent à des projets collectifs et individuels de réintégration, a salué le Représentant spécial. Il a souligné la nécessité que le Programme national intégral de substitution des cultures illicites donne lieu à des progrès.

Le Représentant spécial a loué les efforts des autorités colombiennes contre la pandémie et pour le retour de la normalité. M. Ruiz Massieu a ajouté que la mise en œuvre de l'Accord final ne pourra qu'aider le pays à aller dans cette direction. La Mission est progressivement revenue à son fonctionnement normal, y compris à ses activités de terrain. M. Ruiz Massieu a indiqué qu'il s'est rendu dans le département Valle del Cauca pour y rencontrer des responsables politiques, des dignitaires religieux et des anciens combattants. Ils ont évoqué les souffrances endurées par des milliers de civils, en particulier d'origine afro-colombienne, en raison des affrontements, de l'économie illicite et des possibilités économiques limitées. Dans ce contexte, et afin de promouvoir les efforts de relèvement, M. Ruiz Massieu a réitéré les appels du Secrétaire général et du Conseil pour une cessation immédiate des hostilités.

Le Représentant spécial a en outre salué les progrès accomplis par les trois composantes du processus de justice transitionnelle créé par l'Accord final. La Juridiction spéciale pour la paix enregistre des progrès s'agissant des crimes commis pendant cette période, tandis que l'Unité de recherche des personnes portées disparues poursuit son travail. Enfin, la Commission Vérité a continué d'œuvrer à la réconciliation dans le pays, a conclu M. Ruiz Massieu.

Le Royaume-Uni s'est félicité de la réunion facilitée le mois dernier par le Représentant spécial entre le Président Duque et Rodrigo Londoño. « Alors que nous approchons du cinquième anniversaire de l'accord de paix », la délégation a jugé « positif » que les deux parties se soient engagées à améliorer sa mise en œuvre globale et à renforcer les garanties de sécurité pour les anciens combattants. Elle s'est dite profondément préoccupée que les dirigeants sociaux, les défenseurs des droits de l'homme et les anciens combattants continuent d'être confrontés à des violences meurtrières de la part de groupes armés et d'organisations criminelles. À cet égard, la délégation a noté les progrès accomplis par l'Unité de protection nationale pour pourvoir ses vacances de poste et éliminer l'arriéré de plus de 1 000 demandes de protection. Le Royaume-Uni a ensuite exhorté le Gouvernement à améliorer la présence et la sécurité de l'État pour stabiliser les zones touchées par le conflit. Il s'est dit extrêmement préoccupé par le recrutement continu de mineurs par des groupes armés illégaux en Colombie, appelant ces derniers à les remettre immédiatement en liberté.

En ce qui concerne le processus de réintégration, la délégation britannique a salué la première session du Conseil national de réintégration, et les progrès réalisés dans les achats de terres. Estimant que le système de justice transitionnelle est une pierre angulaire de l'accord de paix, le Royaume-Uni s'est félicité du premier acte d'accusation émis par la Juridiction spéciale pour la paix contre six anciens membres des FARC-EP pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. « Reconnaître la responsabilité des crimes et des injustices ouvrira la voie à la réconciliation et à une paix durable », a estimé la délégation, avant d'appuyer la possibilité de voir la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie aider cette juridiction à vérifier le respect des peines.

La Chine a demandé à toutes les parties en Colombie d'améliorer la situation sécuritaire, en particulier dans les zones à haut risque, où il est devenu nécessaire de mieux lutter contre le trafic de drogue et de protéger les anciens combattants. Elle a encouragé le Gouvernement à continuer la réforme rurale et à réduire les écarts de développement entre les zones rurales et urbaines. La délégation a salué la rencontre entre le Gouvernement et le Parti des Communs, qui doivent maintenant tirer parti des mécanismes existants pour appliquer l'Accord de paix. S'agissant de l'élargissement du mandat de la Mission, la Chine s'y est dite favorable, sur la base des ajustements suggérés par le Secrétariat. Enfin, la délégation a salué les efforts du Gouvernement dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.