Canadian Navy

01/25/2022 | Press release | Distributed by Public on 01/25/2022 14:13

Un vétéran centenaire a survécu à la bataille de l’Atlantique, au jour J et à la guerre de Corée

Le jour de ses 101 ans, le capitaine de frégate (capf) retraité Peter Chance a vu son nom attribué à une exposition permanente dans un musée.

« J'ai été absolument ébahi et touché d'apprendre que j'allais être honoré, a déclaré le Capf Chance. La nouvelle du musée a été une surprise totale pour moi, je ne m'y attendais pas du tout. »

À la fin de l'année dernière, le Musée naval et militaire de la Base des Forces canadiennes Esquimalt, en Colombie‑Britannique, a consacré son exposition permanente sur la bataille de l'Atlantique au Capf Chance, en hommage à une carrière de toute une vie au sein de la Marine royale canadienne (MRC).

En fait, la carrière militaire du Capf Chance restera dans les annales. Le Capf Chance a servi pendant les périodes les plus difficiles qu'ait connues la MRC, à savoir la bataille de l'Atlantique et le jour J au cours de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que la guerre de Corée. Né à Ottawa en 1920, il s'est joint à la Réserve de volontaires de la Marine royale du Canada en 1939. Sa carrière navale, à bord de divers bâtiments de guerre et à terre, a duré plus de 30 ans.

« L'histoire n'était pas déterminée à l'avance, a-t-il déclaré à propos de la Seconde Guerre mondiale et de la bataille de l'Atlantique. Les Alliés étaient en train de perdre la guerre parce que les Allemands coulaient nos navires marchands et nos bateaux à une vitesse plus rapide que celle à laquelle nous pouvions les réapprovisionner. »

« C'était purement une question de survie. La machine de guerre nazie était remarquablement efficace. La Grande-Bretagne était livrée à elle-même, et si nous ne pouvions pas tenir, la partie serait terminée et les nazis auraient le pouvoir suprême. »

La bataille de l'Atlantique a été la plus longue campagne militaire sans interruption de la Seconde Guerre mondiale et le capitaine de frégate Chance était en plein dedans.

Entre 1939 et 1945, 3 500 navires marchands des Alliés et 175 bâtiments de guerre ont été coulés, et plus de 72 000 marins alliés et marins marchands ont perdu la vie.

Pendant cette période difficile, le Capf Chance a servi à bord de plusieurs bâtiments de guerre canadiens, dont les Navires canadiens de Sa Majesté (NCSM) Skeena, Seacliffe et Gatineau. Ces navires faisaient partie des groupes anti‑sous-marins avec porte‑avions, également connus sous le nom de groupes de soutien aux convois. Il s'agissait de navires de guerre anti-sous-marins activement déployés pour attaquer les sous-marins allemands.

La navigation était dangereuse : sous la surface, les sous-marins allemands étaient prêts à déployer leurs torpilles et Dame Nature était sans pitié, malmenant les navires avec des vents violents qui soulevaient les vagues et les faisaient s'écraser sur les étraves, laissant une épaisse couche de glace sur les ponts.

Une tempête particulièrement violente dans l'Atlantique a fait échouer le Skeena, le navire du Capf Chance, sur l'île Videy, près de l'Islande.

Le Skeena et trois autres bâtiments de guerre, chargés de patrouiller dans le passage entre le Royaume-Uni et l'Islande à la recherche de sous-marins allemands, avaient affronté une tempête effroyable pendant quatre jours lorsqu'ils ont décidé de se réfugier dans le port de Reykjavik, près de l'île.

Les rafales frôlaient les 100 nœuds, les vagues atteignaient 15 mètres, la hauteur d'un immeuble de cinq étages, et la neige aveuglait les membres de l'équipage. Ces derniers pensaient être suffisamment loin de la terre lorsqu'ils ont jeté l'ancre, mais ils ne se sont pas rendu compte que le navire s'échouait lentement.

« C'était comme si l'on passait une cuillère dans du sucre, le navire tanguait, se remplissait d'eau et glissait vers le rivage, a déclaré le Capf retraité Peter Chance. Le navire a fini par se fissurer sous la force des vagues et le pont supérieur était recouvert d'huile mélangée à de la neige. »

Quinze de ses camarades ont été tués après être montés à bord d'un radeau de sauvetage appelé Carley dans une tentative ratée de quitter le navire. Le Capf Chance et le reste de l'équipage sont restés à bord et ont « tenu bon ».

« Il n'y a rien de plus désarmant; la nuit, tout nous semble exagéré, car nous nous sentons impuissants, ce qui était vraiment le cas, a-t-il ajouté. Il ne nous restait plus qu'à prier Dieu de nous épargner. »

À l'aube du jour suivant, une équipe de sauveteurs a bravé les intempéries pour faire passer un câble du navire à la terre ferme. Un par un, les membres de l'équipage ont été évacués du bâtiment de guerre brisé dans une nacelle.

Après cet incident tragique, le Capf Chance s'est joint au NCSM Gatineau où il est resté jusqu'à la fin de la guerre en Europe, le 7 mai 1945.

Il n'a toutefois pas eu le temps de célébrer, car il s'est enrôlé de nouveau pour servir à bord du NCSM Ottawa dans la campagne menée dans le Pacifique contre le Japon, laquelle a pris fin quelques mois plus tard.

Il est retourné au combat dans le cadre de l'appui que le Canada a apporté aux opérations de l'ONU pendant la guerre de Corée. D'avril 1951 à juillet 1952, il a servi à bord du destroyer NCSM Cayuga, où il devait superviser la navigation et la direction aérienne pendant les bombardements le long de la côte.

Après avoir pris sa retraite de la Marine en 1970, le Capf Chance a servi pendant des décennies au sein des associations des officiers de marine du Canada, du programme du Prix du Duc d'Édimbourg et de la Légion royale canadienne.

En 1986, il a reçu la Médaille des amiraux puis, en 2002, la Médaille du jubilé d'or de la Reine. En 2014, il s'est vu décerner le titre de chevalier de la Légion d'honneur de France, ainsi que la Mention élogieuse du ministre des Anciens Combattants.

Aujourd'hui, le Capf Chance se réjouit toujours de pouvoir décrire de manière frappante ses expériences en mer. Son autobiographie, intitulée A Sailor's Life 1920 to 2001, a été publiée en 2011.

Il vit de façon indépendante à Sidney, en Colombie-Britannique, et est en bonne santé, ou, comme il le dit d'un ton badin, « en bonne santé, c'est carrément indécent ». Il a deux garçons et deux filles.

D'après les dossiers de Peter Mallet