African Development Bank Group

06/22/2022 | Press release | Distributed by Public on 06/23/2022 12:25

« Nous devons agir — maintenant », le forum d’Assouan s’ouvre au Caire sur un appel urgent à l’action, avec en ligne de mire la « COP africaine »

Le troisième Forum d'Assouan pour la paix et le développement durables s'est achevé mercredi par des appels à faire face aux multiples crises, nouvelles et anciennes, auxquelles le continent africain est confronté.

Le président égyptien Abdelfattah El-Sisi a lancé les travaux mardi, appelant à une réponse unifiée pour lutter contre les maux du continent. Il a rappelé à l'auditoire, composé de ministres, de représentants du secteur du développement, de la société civile et d'autres participants, que l'Afrique était toujours en proie aux conséquences de la pandémie de Covid-19.

« Le Forum se tient à un moment critique, où la communauté mondiale est confrontée à plusieurs défis politiques et économiques qui affectent la sécurité alimentaire et énergétique. Cela met en lumière la crise alimentaire à laquelle l'Afrique est confrontée, qui nécessite la mise en place de mesures et de procédures pour faire face à ces risques croissants », a déclaré le dirigeant égyptien.

Ce Forum intervient dans un contexte international de plus en plus volatile. Les perturbations sur les marchés de l'énergie et des matières premières ont entraîné des flambées de prix qui ont des répercussions négatives sur de nombreux pays africains tributaires des importations de denrées alimentaires et de carburant. En outre, le conflit entre la Russie et l'Ukraine a aggravé les pénuries alimentaires. Parmi les participants à cet événement de deux jours figuraient des chefs d'État et des représentants des Nations unies, de l'Union africaine et de la Banque africaine de développement, partenaire stratégique du forum.

Mardi, l'accent a été mis sur la conférence mondiale sur le climat, la COP 27, qui se tiendra également en Égypte, en novembre prochain. De nombreux intervenants ont souligné l'inadéquation entre les besoins de l'Afrique et les ressources disponibles, notamment en matière de finance climatique. Le continent ne génère que 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Pourtant, il supporte le poids des événements climatiques extrêmes et souffre d'un grave déficit de financement.

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a rappelé à l'auditoire le large éventail de problèmes auxquels l'Afrique est confrontée : « Nous devons agir - maintenant… Nous devons faire taire les armes à travers l'Afrique et nous attaquer aux nombreuses racines des conflits - en luttant contre les inégalités et la discrimination, et en renforçant la gouvernance, les institutions, les services publics et les systèmes judiciaires. Et nous devons prendre des mesures audacieuses en faveur du climat. »

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a rappelé les mesures prises par l'organisation panafricaine pour faire face à la pandémie de Covid-19, notamment une stratégie et un plan d'action pour le changement climatique et la résilience, adoptés plus tôt cette année. Il a énuméré des propositions d'actions qui permettraient d'aider l'Afrique à faire face à la crise climatique. Il s'agit notamment d'assurer le versement des 100 milliards de dollars de financement annuel que les pays développés ont promis en 2015 pour la mise en œuvre de mesures en faveur du climat dans les pays en développement.

Il a déclaré que cette question devrait être au cœur des négociations de la COP 27. Il a également exhorté les pays africains à persévérer dans leur modèle de transition juste, qui prévoit un passage plus progressif à des formes d'énergie à faible teneur en carbone afin d'accélérer le développement.

Au cours d'une table ronde, Pr Kevin Urama, économiste en chef par intérim et vice-président à la Banque africaine de développement, a déclaré qu'il était temps d'envisager une approche alternative du financement du continent. « Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les financements climatiques ne bénéficient pas aux pays les plus vulnérables au climat en Afrique. La structure du financement climatique reflète l'architecture financière mondiale, qui est structurée de manière à ce que les fonds aillent aux pays qui ont la capacité de préparer des projets bancables et qui présentent un faible profil de risque », a déclaré M. Urama, qui est à la tête du Complexe de gouvernance économique et de gestion des connaissances de la Banque.

« À l'approche de la COP 27, il est nécessaire que les pays développés respectent leurs engagements de mettre 100 milliards de dollars à la disposition des pays en développement pour l'adaptation au changement climatique et l'atténuation de ses effets, a déclaré M. Urama. Dans la mesure où le financement climatique ne va pas aux pays les plus vulnérables au climat, il est nécessaire qu'une partie de ces 100 milliards de dollars soit réservée aux pays africains les plus vulnérables au climat, que nous désignons sous le nom de pays du Fonds africain de développement ».

La Banque africaine de développement estime que l'Afrique aura besoin de 50 milliards de dollars par an d'ici 2050 pour faire face de manière adéquate à la seule adaptation au climat. La mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national, les objectifs climatiques requis par l'accord historique de Paris, coûtera à l'Afrique environ 1,6 billion de dollars entre aujourd'hui et 2030. Cela représente environ 128 milliards de dollars par an.

Pourtant, les flux de financement climatique en faveur du continent entre 2016 et 2019 étaient d'environ 18,3 milliards de dollars par an. Il en résulte un déficit annuel de financement climatique de 118 milliards de dollars. « Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de financement innovants pour combler ce déficit afin d'éviter une catastrophe climatique pour le monde. Cela devrait être un objectif commun de la communauté internationale. Car lorsqu'il y a des émissions de gaz à effet de serre quelque part, il y a des risques climatiques partout », a déclaré M. Urama.

La participation de la Banque africaine de développement au Forum d'Assouan s'inscrit dans le cadre de son leadership dans le renforcement de la résilience. Ses autres efforts incluent sa collaboration avec l'Alliance pour le Sahel. La Banque a également produit des recherches révolutionnaires sur le renforcement de la résilience dans les situations fragiles.