United Nations General Assembly

01/20/2022 | Press release | Distributed by Public on 01/20/2022 14:40

Assemblée générale

« L'intégralité du communiqué sera publiée ultérieurement »

CULTURE DE PAIX: PROJET DE RÉSOLUTION (A/76/L.30)

Décision sur le projet de résolution

M. GILAD MENASHE ERDAN (Israël) a raconté l'histoire de son grand père Chaim, de sa grand-mère Bracha et de sept de leurs enfants arrêtés, séparés et tués dans les chambres à gaz nazies à l'exception du grand-père. C'était en 1944. Plus de 160 000 Juifs de Transylvanie avaient subi le même sort, assassinés de la manière la plus horrible qui soit parmi six millions victimes de l'Holocauste. Il a indiqué qu'outre les témoignages des survivants, les nazis ont laissé des preuves irréfutables de leur machine de mort bien huilée, notamment des registres consignant tous leurs crimes, faisant de l'Holocauste le génocide le plus méticuleusement documenté de l'histoire.

Cependant, s'est inquiété le représentant, nous vivons à présent à une époque où la fiction se transforme en faits et où l'Holocauste est en train de devenir un souvenir lointain. Après le plus grand crime de l'histoire, nous faisons aujourd'hui face au plus grand effort de dissimulation de l'histoire. Et à mesure que le nombre de survivants de l'Holocauste diminue, la négation de l'Holocauste augmente à une vitesse terrifiante, s'est-il alarmé, relevant en outre que face aux preuves irréfutables de l'Holocauste, son déni s'est transformé en distorsion qui puise elle aussi sa source dans l'intolérance, la haine et un antisémitisme véhément. Il a également dénoncé le fait que certaines nations qui siègent à l'Assemblée générale nient ouvertement l'Holocauste et ont même organisé des concours de dessins humoristiques pour s'en moquer.

Le représentant a aussi condamné la « pandémie de déformations et de mensonges » qui utilise les réseaux sociaux pour se propager aux quatre coins du globe à une vitesse incroyable, s'alarmant du nombre incalculable de groupes Facebook qui s'emploient à réfuter l'Holocauste, de la circulation de #holohoax sur Twitter, et de la popularité des vidéos qui circulent sur TikTok et YouTube « vues des centaines de milliers de fois ». M. Erdan s'est également inquiété du fait que seulement 54% de la population mondiale a entendu parler de l'Holocauste et qu'un tiers de ces personnes sont sceptiques quant aux faits. Ce qui est encore plus choquant, a-t-il ajouté, c'est que seulement un tiers des jeunes européens, qui vivent sur le continent où ce mal inimaginable s'est produit, peuvent expliquer ce qu'est l'Holocauste. Si tel est l'état du monde à une époque où des survivants de l'Holocauste sont toujours parmi nous, que nous réserve l'avenir?

Le délégué israélien a appelé les géants des réseaux sociaux à ne pas rester les bras croisés face à la propagation de cette haine, affirmant que ces plateformes ignorent leurs responsabilités et n'en font pas assez pour combattre ce phénomène pervers. « Au fur et à mesure que vous esquivez votre responsabilité, le mal grandit; et quand il n'y a pas de responsabilité, le mal triomphe. » Après avoir présenté ses invités d'honneur et survivants de l'Holocauste, M. Erdan a par ailleurs rappelé que le principe même de l'ONU, créée après ce crime le plus grave de l'histoire, est d'empêcher que de telles atrocités ne se répètent contre qui que ce soit. En venant au projet de résolution, il a indiqué que s'il préserve la mémoire des six millions de victimes du passé, son objectif est de protéger les futures victimes.

Explications de position

Avant l'adoption de la résolution, la République islamique d'Iran a rejeté la tentative du « régime israélien » de distordre les concepts au cœur de la notion de « la culture de la paix ». La délégation a déploré qu'en dépit des appels de la communauté internationale, le « régime israélien » reste le seul régime d'apartheid au monde avec des politiques et des pratiques racistes et expansionnistes. Ce projet reflète cette idéologie raciste ainsi que les intentions malveillantes de promouvoir des intérêts expansionnistes par tous les moyens, a-t-elle affirmé.

La Fédération de Russie a salué l'initiative d'Israël qui a pris la peine d'associer l'Allemagne à l'élaboration du projet de résolution, rappelant que l'Holocauste est une des pages les plus tragiques de la Deuxième Guerre mondiale. La délégation a également saisi l'occasion pour souligner le rôle et le sacrifice de l'ex-Union soviétique dans la lutte contre l'Allemagne nazie.

La résolution A/76/L.30 a ensuite été adoptée dans mise aux voix.

À l'issue de l'adoption, l'Allemagne a rappelé que la Conférence de Wannsee, qui a eu lieu il y a 80 ans aujourd'hui, avait été convoquée pour planifier « le pire crime contre l'humanité » qui a coûté la vie à presque six millions de juifs. L'Assemblée générale a aujourd'hui envoyé unanimement un message fort contre toute tentative de négation ou de déformation de ces faits historiques, s'est félicitée la délégation qui a insisté sur l'importance du « devoir de mémoire » de l'Allemagne. Ignorer les faits historiques ne fait qu'augmenter les risques de les voir se répéter, a-t-elle mis en garde, saluant l'adoption d'une résolution qui envoie un message fort aux survivants de l'Holocauste et à leurs descendants.

La Conférence de Wannsee a marqué le début d'un chapitre noir pour l'Europe, a déclaré l'Union européenne qui a rappelé que l'Holocauste, le crime le plus odieux de l'histoire, s'est produit sur le sol européen, précisant que près de six millions de juifs, dont 1,5 million d'enfants, ainsi que des millions de membres d'autres nationalités, minorités et groupes vulnérables, ont été tués dans les camps de concentration et d'extermination nazis allemands. « L'Holocauste a marqué un tournant dans notre histoire et son héritage est profondément ancré dans l'ADN de l'Union européenne. » La mémoire de l'Holocauste est une pierre angulaire des valeurs européennes, et le souvenir du passé tragique de l'Europe devrait continuer à nous inciter à relever les défis d'aujourd'hui, a poursuivi la délégation qui a prôné la création de sociétés ouvertes, inclusives et tolérantes, et la promotion de la démocratie et des droits humains. Elle a par ailleurs félicité Israël et l'Allemagne pour leur coopération « exemplaire » sur cette importante résolution.

Les États-Unis ont rappelé l'attaque dont a été victime, la semaine dernière, une communauté juive du Texas, notant qu'une vague pernicieuse d'antisémitisme a entraîné des violences aux États-Unis et ailleurs dans le monde. La délégation a exhorté à lutter contre cette haine antisémite, insistant sur l'importance d'honorer la mémoire des six millions de victimes juives et de toutes les autres victimes de l'Holocauste. Cette résolution affirme notre engagement en faveur de l'éducation des prochaines générations comme moyen d'empêcher la répétition des atrocités horribles du passé et de réaffirmer les valeurs et les principes qui ont conduit à la création des Nations Unies, a poursuivi la délégation. Nous devons entendre encore une fois cette promesse de « plus jamais ça », a-t-elle insisté, appelant à se montrer très vigilant face à la négation de l'Holocauste et l'antisémitisme.

La République tchèque a souligné que ce n'est que par l'éducation et par une véritable connaissance de l'histoire que l'on peut tirer les leçons du passé, reconnaître les nouvelles menaces et lutter contre elles avant qu'elles ne nous submergent à nouveau. La délégation a appelé à élaborer des plateformes internationales consacrées à la mise au point de propositions législatives et de programmes d'éducation spécifiques pour y parvenir. Elle a également recommandé d'élaborer un cadre législatif et une stratégie mondiale de lutte contre l'antisémitisme en ligne avec la participation de la jeunesse.

La Pologne a indiqué que la lutte contre la négation de l'Holocauste revêt une importance particulière pour elle parce que trois millions des victimes étaient des Polonais. Pour lutter contre ce phénomène, il faut combattre la désinformation croissante et la déformation de la vérité sur la Deuxième Guerre mondiale, a estimé la délégation qui a rappelé que la Pologne a été la première victime de l'Allemagne nazie. Saluant l'adoption d'une résolution qui honore à la fois les victimes, les survivants et ceux qui ont lutté contre les nazis et qui ont libéré les camps de concentration nazis, elle a invité à écouter les voix des survivants.

L'humanité entière est touchée par la culpabilité de l'Holocauste, a déclaré l'Ukraine. Son représentant, qui s'est présenté en tant que petit fils d'un survivant du camp de Buchenwald, a rappelé que des millions d'Ukrainiens se sont sacrifiés et ont contribué à la victoire sur le nazisme. Il a également appelé ses homologues à l'ONU à se rendre à Yad Vashem pour réfléchir à leur mission. Il faut trois mois pour entendre l'intégralité de l'enregistrement des noms des personnes tuées durant l'Holocauste, s'est-il ému. Il a par ailleurs condamné dans les termes les plus fermes le néonazisme.

à suivre...