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09/22/2021 | Press release | Distributed by Public on 09/22/2021 13:31

Suite du débat général de l'Assemblée générale

(Le résumé complet du communiqué sera disponible plus tard dans la journée.)

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

M. ŽELJKO KOMŠIĆ, Président de la présidence de la Bosnie-Herzégovine, a estimé que la pandémie de COVID-19 a été une leçon cruciale sur la facilité avec laquelle le système international peut être secoué mais aussi sur l'importance, pour répondre aux crises, de l'endurance et de la résilience des institutions internationales fondées sur le multilatéralisme. Soudainement, les relations internationales se sont vues menacées alors que les droits de l'homme étaient érodés. Le fossé entre les pays riches et tous les autres s'est révélé plus large encore qu'on ne le croyait comme en témoignent les inégalités d'accès aux produits et équipements médicaux, y compris aux vaccins. Le seul espoir, c'est la santé des économies et des systèmes sanitaires ainsi que celle de l'ONU pour combattre la pandémie et accéder aux vaccins.

Le Président a tout de même insisté sur l'importance de la coopération que son pays a reçue des voisins et amis. Cette solidarité, en a-t-il conclu, justifie les investissements dans la coopération régionale. Mais compte tenu des circonstances, il faut aussi, a estimé le Président, regarder les objectifs de développement durable sous un nouvel angle, en sachant qu'une des questions les plus importantes est celle des besoins de la planète. Rechercher des réponses aux changements climatiques coûte cher mais il serait encore plus onéreux de ne pas prendre au sérieux les efforts d'atténuation. En la matière, la facture risque d'être élevée pour les pays les moins avancés et les pays en développement qui dépendent encore de l'énergie fossile et qui n'ont pas les moyens de procéder à une transition rapide vers l'énergie verte. Le Président a donc plaidé pour un soutien financier. Il a expliqué que son pays a une capacité d'énergie verte d'environ 40% mais que la fermeture graduelle des centrales thermiques et donc des mines, prévue dans les 25 à 30 prochaines années, provoquera une pénurie d'électricité difficile à combler.

Le Président a soulevé un autre problème, celui de la fuite des cerveaux. Près de 10% de la population active bosnienne a émigré à la recherche d'opportunités. Pour stopper cette saignée, il a mis l'accent sur la promotion des droits de l'homme, droits, a-t-il regretté, marqués par la sélectivité et les deux poids, deux mesures. Il s'est dit inquiet de « la politique ethnique » dans les Balkans occidentaux, fondée sur l'exclusivité et le chauvinisme auxquels s'ajoutent l'intolérance religieuse et l'érosion du sécularisme. Ces dernières années, s'est-il alarmé, notre société est confrontée à des tentatives de dégrader les droits de l'homme et d'éliminer l'individu et le citoyen, comme détenteur de droits. Le système complexe des institutions du pays fondé sur les Accords de Dayton rend difficile tout consensus politique sur le fonctionnement de l'État et la perspective de son entrée à l'Union européenne et à l'OTAN.

Le système de valeurs, fondé sur l'égalité des droits, n'existe tout simplement pas en Bosnie-Herzégovine, a tranché le Président. Les citoyens n'ont pas les mêmes droits devant le système électoral ou l'accès à l'emploi. Le système politique privilégie au contraire l'ethnicité qui donne plus ou moins de droits. Le Président a rejeté les pressions, notamment celles de ses pays voisins, pour que son pays fasse de cette ethnicité un facteur fondamental. Ce qui veut dire, s'est-il indigné, que les droits collectifs auraient la primauté sur les droits individuels. « C'est tout simplement inacceptable. » Certains acteurs, a-t-il encore accusé, militent pour créer une atmosphère favorable à l'autodétermination des communautés ethniques, avec pour objectif ultime de démembrer la Bosnie-Herzégovine et d'annexer des parties de son territoire. Des prix sont attribués à des criminels de guerre glorifiés, sans scrupule ni remords, en violation du droit international et de la Charte de l'ONU.

Dans le même temps, a poursuivi le Président, les principes de la compétence universelle sont manipulés à des fins politiques, au risque de compromettre le droit pénal, la sécurité juridique et donc les droits de l'homme, sans oublier la confiance dans les mécanismes judiciaires. En plus, certains politiciens essayent « d'envahir » le système constitutionnel et juridique de la Bosnie-Herzégovine pour obtenir la clef du pouvoir, dans ce qui est une autre stratégie pour s'approprier des parties du territoire. Toutes ces tendances, a martelé le Président, se fondent sur un mépris certain des droits de l'homme. C'est non seulement complètement inacceptable, mais aussi extrêmement dangereux.

Le Président a dit espéré que le Haut Représentant de la communauté internationale dans son pays reconnaîtra la nécessité de protéger le droit international, les droits de l'homme et l'égalité des droits de tous les citoyens.

Le Roi Abdallah II de Jordanie a insisté sur l'ampleur des défis à relever: une pandémie meurtrière, les changements climatiques, des conflits violents exploités par les extrémistes au niveau mondial, une crise des migrations continue. « Nos pays ont un intérêt commun à y répondre de manière efficace », a-t-il dit, en appelant de ses vœux une action collective.

Le Roi a estimé qu'un partenariat mondial est essentiel pour résoudre l'un des plus longs conflits de l'histoire moderne, le conflit israélo-palestinien, ajoutant que la guerre à Gaza cette année a montré combien la situation actuelle n'est pas durable. Il a souligné la nécessité de continuer de financer l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui apporte un soutien vital à 5,7 millions de réfugiés palestiniens. « Combien d'enfants devront encore mourir avant que le monde ne se réveille? » Le Roi a estimé qu'une sécurité véritable pour les deux parties, et partant pour le monde entier, ne pourra résulter que de la solution des deux États. « Jérusalem est au cœur de cette paix. » Il a assuré que son pays continuera de préserver le statu quo juridique et historique de Jérusalem et des Lieux saints musulmans et chrétiens. « J'ai la conviction que la sainteté de Jérusalem pour les chrétiens, les musulmans et les juifs peut et doit nous réunir. » Avec un appui international, la Ville sainte peut être, non une cause pour la division, mais un symbole d'unité pour tous, a-t-il poursuivi.

Évoquant la situation humanitaire et économique critique traversée par le Liban, le Roi jordanien a demandé à la communauté internationale d'apporter son plein soutien au peuple libanais afin de l'aider à surmonter la crise. « Cela demande une réponse internationale bien planifiée et coordonnée, qui nous engage tous », a-t-il dit, ajoutant que le monde ne doit pas oublier les millions de réfugiés accueillis par le Liban. Le Roi Abdallah a jugé vital de continuer de soutenir le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et le Programme alimentaire mondial. Il a ensuite affirmé que la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme est loin d'être achevée, « même si nous avons remporté quelques batailles ». Il a plaidé pour une action collective et mondiale, avant d'évoquer le Processus d'Aqaba qui est une approche holistique permettant de réunir les dirigeants concernés afin d'échanger les bonnes pratiques et de développer de nouvelles stratégies.

Le Roi a ensuite abordé le défi le « plus existentiel » des temps actuels, à savoir la crise climatique. Très pauvre en eau, la Jordanie connaît douloureusement l'acuité de cette menace, a-t-il dit, avant de mentionner le plan d'action national pour une croissance verte élaboré par son pays pour y répondre. « Aucun pays ne peut combattre seul les changements climatiques. » Cette crise nous rappelle la nécessité de développer de nouvelles façons de répondre aux défis que nous connaissons, a insisté le Roi. « Nous sommes prêts à nous appuyer sur notre localisation stratégique -au carrefour de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe- pour faciliter la réponse internationale la plus large. » Le Roi a estimé que chaque pays et région a des forces et capacités pour faciliter une telle réponse. Ensemble, nous pouvons repenser le monde et le protéger du danger, a-t-il conclu. « Maintenant, ensemble, prenons les décisions dont nous avons besoin. »

Notant que face à « cette guerre contre le virus, nous n'étions pas tous égaux », M. ANDRY NIRINA RAJOELINA, Président de Madagascar, a expliqué que son pays a dû miser sur des solutions endogènes: l'intelligence de ses scientifiques et de sa pharmacopée traditionnelle. Il s'est enorgueilli du fait que l'Afrique et les pays « dit » vulnérables ont réussi à mieux encaisser l'impact de la COVID-19 et « à en tirer du positif », contrairement aux prévisions. Madagascar, a-t-il dit, est même en train d'écrire l'histoire d'une transformation profonde. La COVID-19 ne l'a pas empêchée de poursuivre les efforts engagés pour rattraper son retard de développement. Dans le domaine des infrastructures de santé, l'objectif est d'instaurer une santé pour tous en construisant des hôpitaux et des centres de santé de base dans toutes les régions et districts.

Le plus grand stade de football de l'Océan Indien vient d'être inauguré et d'autres infrastructures sportives sont en construction. Nous investissons dans le sport, car le sport fédère et unit le peuple, a expliqué M. Rajoelina. Il a également parlé de la nouvelle ville de Tana-Masoandro qui est en construction et qui sera la vitrine de l'océan Indien, ainsi que de la modernisation des réseaux de transport en commun de la capitale et de la construction de logements sociaux. Madagascar est en pleine construction, s'est-il enorgueilli. Le pays entre dans une nouvelle ère. On le constate, on le ressent, s'est réjoui le Président, parlant d'une nouvelle génération de leaders animés d'un sentiment patriotique et d'une vision pragmatique qui impulse le changement.

Il n'en reste pas moins, a-t-il rappelé, que Madagascar est touchée par les changements climatiques, notamment des vagues de sècheresse dans le sud où les sources d'eaux se tarissent et toutes les activités de subsistances deviennent quasi-impossibles. Pour y remédier, le Président a dit miser sur des actions stratégiques pour apporter un changement radical et durable, notamment par la construction d'un grand pipeline pour alimenter cette région en eau. Ce grand projet de pipeline reste à réaliser et représente un défi historique, a-t-il concédé. En matière de lutte climatique, il a appelé chaque État à agir de façon équitable et à hauteur de ses actions polluantes, parce qu'à défaut, « tous les efforts seront vains ».

Mettant l'accent sur l'importance de la souveraineté et de l'unité nationale, le Président a expliqué que parmi les principaux enjeux de Madagascar sur ces sujets, il y a la question des Îles Éparses ou Nosy Malagasy, une question toujours sans solution malgré deux résolutions de l'Assemblée générale demandant à la France d'initier sans tarder des négociations avec Madagascar pour la réintégration de ces Ileś séparées de façon arbitraire. Des discussions étant actuellement en cours avec le Président Emmanuelle Macron, dans le cadre d'une Commission mixte, M. Rajoelina a espéré une issue positive, juste et apaisée. Il a invité l'ONU à endosser son rôle pour veiller à cela de façon bienveillante et cohérente.

M. NANA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, a souligné sa volonté, en tant que Président nouvellement élu, de construire une économie qui ne dépende pas de la charité et de l'assistance, parce que celles-ci ne durent pas. « Nous voulons construire un pays solide », a -t-il dit, avant de souligner les conséquences de la pandémie pour les économies africaines: 103 millions d'emplois ont ainsi été détruits. Il a appelé à vacciner 70% de la population africaine et à promouvoir la production de vaccins sur le continent, en précisant que le Ghana a reçu 5 millions de doses. « Cela ne suffit pas », a-t-il toutefois prévenu. Nous espérons vacciner 20 millions de nos citoyens d'ici à la fin de l'année, a poursuivi le Président. Il s'est étonné des difficultés de déplacement en Europe des Africains ayant reçu le vaccin AstraZeneca, ce vaccin étant devenu à son avis un « instrument de contrôle de l'immigration ».

Pointant du doigt les lacunes dans le financement du développement, il a estimé que la pandémie est une « occasion en or » pour y remédier. Si la conférence de San Francisco avait lieu aujourd'hui, la Charte de l'ONU serait bien différente, a-t-il dit, en rappelant que nombre de pays africains et des Caraïbes n'étaient pas présents à l'époque. Il a ensuite dénoncé les Cassandre qui prédisaient que les cadavres joncheraient les rues africaines en raison de la COVID-19, avant de se féliciter que le taux d'infection soit demeuré relativement bas. « Dieu merci. »

Le Président du Ghana a appelé à reconstruire en mieux, en précisant que les recettes fiscales ont diminué de 150 milliards de dollars en Afrique en raison de la pandémie. Plaidant pour un financement du développement novateur, il a indiqué que les 650 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI sont une autre « occasion en or » pour lutter contre les inégalités mises à nu par la pandémie. Il a souhaité que 35% de ces droits soient octroyés aux pays africains, avant de souligner la nécessité d'un repositionnement des institutions de Bretton- Woods et du G20 afin qu'elles soient véritablement inclusives. Il a ainsi proposé que l'Union africaine ait un siège au G20.

Le Président a redit la détermination de son pays à lutter contre les changements climatiques, ajoutant qu'il ferait des propositions en prévision de la réunion de Glasgow. Le Président a appelé à défendre la démocratie dans le monde, celle-ci ayant été attaquée de toutes parts pendant la pandémie. Il a dénoncé les atteintes contre la démocratie au Mali et en Guinée, ajoutant que la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a suspendu ces deux pays de ses instances en attendant un retour de la démocratie. Six mois ont été accordés à la Guinée à cette fin, a-t-il dit. Concernant le Mali, le Président du Ghana a déclaré que la CEDEAO a indiqué aux dirigeants militaires maliens qu'elle n'a pas l'intention de reporter la date des élections prévues dans ce pays. Un gouvernement démocratique doit être mis en place dès que possible, a conclu le Président.

Pour M. GOTABAYA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, faire en sorte que tout le monde, partout, soit vacciné est le meilleur moyen de sortir de la pandémie de COVID-19. Le Sri Lanka, s'est enorgueilli le Président, a multiplié les succès dans son programme de vaccination. Toutes les personnes de plus de 30 ans sont presque complètement vaccinées, celles de plus de 20 ans le seront d'ici la fin du mois d'octobre et la campagne de vaccination des plus de 15 ans commencera dans un proche avenir. La pandémie ayant eu des conséquences graves sur la réalisation des objectifs de développement, le Président a plaidé pour le financement du développement et l'allégement de la dette.

S'agissant des changements climatiques et de la perte de la biodiversité, il a appelé à des actions multilatérales « décisives », arguant de l'héritage philosophique du Sri Lanka, profondément enraciné dans les enseignements du Bouddha, qui souligne l'importance de la préservation de l'environnement. C'est dans ce contexte, a souligné le Président, que le Sri Lanka est devenu le champion de la Charte bleue du Commonwealth et qu'il dirige le Groupe d'action sur la restauration des mangroves. En adoptant la Déclaration de Colombo sur la gestion durable de l'azote, qui vise à réduire de moitié les déchets d'azote d'ici 2030, le Sri Lanka contribue également aux efforts mondiaux visant à réduire la pollution.

M. Rajapaksa a aussi rappelé que son pays a subi les destructions causées par les terroristes religieux extrémistes, après avoir souffert pendant 30 ans, une guerre terroriste séparatiste. Le terrorisme, a insisté le Président, est un défi mondial qui nécessite une coopération internationale, en particulier sur des questions telles que le partage de renseignements. Mon gouvernement, a-t-il affirmé, a la ferme intention de bâtir un avenir prospère, stable et sûr pour tous les Sri-Lankais, quelle que soit leur origine ethnique, leur religion ou leur sexe. Il a conclu en priant l'ONU et la communauté internationale de protéger le patrimoine bouddhiste de l'Afghanistan.