United Nations General Assembly

01/21/2022 | Press release | Distributed by Public on 01/21/2022 16:35

Assemblée générale

« L'intégralité du communiqué sera publiée ultérieurement »

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L'ACTIVITÉ DE L'ORGANISATION (A/76/1)

Exposé du Secrétaire général sur ses priorités pour 2022

M. ABDALLAH SHAHID, Président de la soixante-seizième session de l'Assemblée générale, a rappelé que l'année 2021 a été marquée non seulement par des crises sanitaires et climatiques mais aussi par l'invincibilité de l'esprit humain et par des actes de gentillesse incroyables. Le Président a également noté l'esprit de collaboration sur de nombreux fronts dans lequel nous envisageons l'année 2022. M. Shahid a dit que, dans son rapport, le Secrétaire général expose des résultats concrets réalisés par notre Organisation dans les domaines du développement durable, de la sécurité, du développement de l'Afrique, des droits de la personne, de l'aide humanitaire, de la justice, du droit international, du désarmement, de la lutte contre la toxicomanie, de la criminalité, du terrorisme. J'attends vos idées et vos réflexions sur ce rapport, a lancé le Président à l'Assemblée.

Il a estimé pour sa part que le rapport va dans le droit fil des « cinq lueurs d'espoir » de sa présidence pour ce qui est du relèvement post-COVID-19. Les États Membres, a-t-il salué, ont contribué à fabriquer et distribuer les vaccins, plus de 989 millions de doses ayant été envoyées à 149 pays participants au Mécanisme COVAX à la date 12 janvier. Il a aussi noté que l'ONU a permis à cinq millions de personnes de trouver un emploi ou de mieux gagner leur vie dans des pays affectés par des crises, notant aussi que les Nations Unies ont travaillé avec les gouvernements pour améliorer l'inclusion sociale et lutter contre la pauvreté. L'ONU a assuré l'accès à une énergie propre abordable et fiable à 800 ménages dirigés par des femmes dans 16 pays, a ajouté le Président qui s'est également félicité de voir rétablir 344 millions d'hectares de terre et d'habitation maritime. S'agissant des droits des personnes, il a fait valoir que l'ONU a aidé plus de 8 000 personnes victimes des formes contemporaines d'esclavage, dans 23 pays.

En ce qui concerne la revitalisation des Nations Unies, les nouvelles structures de réformes dans le domaine du développement, de la paix, de la sécurité et de la gestion ont facilité une réponse souple et cohérente face à la pandémie, a poursuivi M. Shadid en se félicitant du gain de temps et d'argent. Il a aussi mentionné la signature de la première déclaration de contrôle interne, qui a donné des garanties aux États Membres que les activités du Secrétariat prévues par les mandats sont réalisées d'une façon efficace et efficiente.

Pour le Président de l'Assemblée générale, ces résultats montrent que, malgré la pandémie, l'espoir existe; les communautés se développent et les sociétés continuent d'aspirer à un monde meilleur. À ses yeux, le progrès et les résultats sont possibles étant donné la volonté politique des États Membres et le leadership du Secrétaire général, qui construit des ponts et met constamment l'accent sur la nécessité de placer « la dignité humaine au centre de notre travail et de notre bien commun ». M. Shahid a promis à cet égard la coopération entre son bureau et le Secrétariat de l'ONU. Il a terminé en annonçant la tenue du premier débat thématique informel pour le 10 et le 11 février.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l'ONU, a déclaré que nous n'avons aucune certitude actuellement, avec cette pandémie de COVID-19 qui continue de bouleverser nos vies et nos projets et de frustrer nos espoirs. « Les inégalités se creusent, l'inflation augmente, la crise climatique, la pollution et la perte de biodiversité se déchaînent, des troubles politiques et des conflits féroces agitent le monde, et la méfiance entre les puissances mondiales atteint son paroxysme », a expliqué M. Guterres avant d'appeler à agir au lieu de se lamenter.

Il a estimé que tous ces problèmes traduisent les échecs de la gouvernance mondiale, parce que de nombreux cadres multilatéraux actuels sont dépassés et ne sont plus adaptés, dans les domaines allant de la santé mondiale au numérique. Le Secrétaire général a dit vouloir commencer l'année en tirant la sonnette d'alarme dans cinq domaines: COVID-19, finance mondiale, action climatique, anarchie dans le cyberespace, et paix et sécurité. « Les cinq foyers d'incendie qui brûlent dans le monde exigent que tous les pays se mobilisent pleinement », a-t-il lancé à l'Assemblée générale.

« Premièrement, nous devons passer en mode d'urgence dans la bataille contre le COVID-19 », a-t-il dit en insistant sur la priorité absolue qui est d'arrêter la propagation du virus partout. Mais il a prévenu que le virus ne doit pas servir de prétexte pour bafouer les droits humains, réduire l'espace civique et réprimer la liberté de la presse, avant de noter que les gouvernements ont imposé des restrictions disproportionnées qui pénalisent les pays en développement, parlant d'« apartheid du voyage ».

Appelant à des actions fondées sur la science, le Secrétaire général a martelé que la science est claire et que les vaccins sauvent des vies. Tout en saluant la stratégie de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour vacciner 70% de la population mondiale avant mi-2022, le Secrétaire général a regretté que nous soyons loin du compte puisque les taux de vaccination dans les pays à revenu élevé sont sept fois plus élevés que dans les pays d'Afrique et qu'à ce rythme, l'Afrique n'atteindra pas les 70% avant août 2024.

Bien que 1,5 milliard de doses soient produites chaque par mois, le Secrétaire général a fustigé une répartition scandaleusement inégale. Il a exhorté tous les pays et tous les fabricants à fournir en priorité des vaccins au Mécanisme COVAX, et les sociétés pharmaceutiques à partager plus rapidement les licences, le savoir-faire et la technologie. Après avoir appelé à lutter contre le fléau de la désinformation sur les vaccins, M. Guterres a appelé à faire beaucoup plus pour préparer notre monde à la prochaine épidémie, en renforçant l'autorité de l'OMS.

« Deuxièmement, nous devons passer en mode d'urgence pour réformer la finance mondiale », a dit le Secrétaire général en estimant que le système financier mondial est en faillite morale parce qu'il favorise les riches et pénalise les pauvres. Il a souligné l'échec de ce système à garantir la stabilité, parce que les investissements déséquilibrés conduisent à une reprise déséquilibrée. Illustrant son propos, M. Guterres a expliqué que les pays à faible revenu ont la croissance la plus lente qu'ils aient connue depuis une génération, sachant qu'en Afrique subsaharienne la croissance économique cumulée pour les cinq prochaines années pourrait être inférieure de 75% à celle du reste du monde. Si nous n'agissons pas maintenant, a prévenu le Secrétaire général, une inflation record, une flambée des prix de l'énergie et des taux d'intérêt exorbitants pourraient entraîner de fréquents défauts de paiement de la dette en 2022, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour les plus pauvres.

Aux agences de notation, le Secrétaire général a demandé de rendre des comptes et d'agir en toute transparence. Et il a fustigé le décalage entre l'économie réelle et l'économie financière. « Depuis le début de la pandémie, je demande que le système financier mondial soit réformé, dans le cadre d'un processus inclusif et transparent, en vue de mieux répondre aux besoins des pays en développement », a-t-il insisté avant d'exhorter les gouvernements à adopter des budgets et des plans nationaux fondés sur les objectifs de développement durable (ODD).

Il est nécessaire de revoir en profondeur les mécanismes chargés de la gouvernance financière mondiale, qui sont dominés par les économies les plus riches du monde, a-t-il recommandé en conseillant notamment de recourir à des indicateurs financiers autres que le Produit intérieur brut, comme la vulnérabilité, le climat et les risques d'investissement. Pour réformer l'architecture financière mondiale, le Secrétaire général a jugé nécessaire d'établir un cadre opérationnel d'allègement et de restructuration de la dette, ce qui implique de réaffecter les Droits de tirage spéciaux aux pays qui ont un besoin urgent d'assistance.

Cela implique de mettre en place un système fiscal mondial plus équitable, pour partager une partie des milliers de milliards amassés par les milliardaires pendant la pandémie, et de s'attaquer aux flux financiers illicites, qui dérobent plus de 88 milliards de dollars par an rien qu'à l'Afrique. M. Guterres a annoncé qu'il continuera d'insister en 2022 pour que ces réformes fondamentales voient le jour, et qu'il fera appel au pouvoir de mobilisation de l'ONU afin de stimuler l'investissement en faveur des ODD.

« Troisièmement, nous devons passer en mode "urgence" pour faire face à la crise climatique », a dit le Secrétaire général en expliquant que la bataille pour l'objectif de 1,5 degré sera gagnée ou perdue au cours de cette décennie. Il a indiqué que la planète s'est déjà réchauffée d'environ 1,2 degré avec des conséquences dévastatrices, et que les chocs climatiques ont contraint 30 millions de personnes à fuir leur foyer en 2020. « C'est trois fois plus que les personnes déplacées par la guerre et la violence. »

« Si nous voulons atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle, nous devons réduire les émissions mondiales de 45% d'ici à 2030 », a-t-il prévenu, regrettant que ces émissions soient au contraire prévues à la hausse -de près de 14%- au cours de cette décennie, au regard des engagements actuels. « Plus aucune nouvelle centrale à charbon, plus aucune expansion de l'exploration pétrolière et gazière »! a scandé le Secrétaire général en estimant que l'heure est venue pour une augmentation sans précédent des investissements dans les infrastructures d'énergies renouvelables, qui doivent tripler et atteindre 5 000 milliards de dollars par an d'ici à 2030. Il a aussi exhorté les pays riches à honorer leur engagement de financer l'action climatique dans les pays en développement à hauteur de 100 milliards de dollars par an, et ceci dès 2022.

L'engagement pris à Glasgow de doubler le financement de l'adaptation -par rapport à son niveau de départ de 20 milliards de dollars- est une priorité urgente et constitue un premier pas important, mais même dans ce cadre nous serons loin derrière, a-t-il mis en garde. Il a misé sur la COP 27 en Égypte ainsi que les conférences à venir sur la biodiversité et les océans, d'autres occasions importantes de protéger notre planète.

Il a insisté sur l'urgence d'une meilleure gouvernance mondiale pour rétablir l'équité, sauver les ODD et respecter l'engagement que nous avons pris de défendre les droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine.

En quatrième point, le Secrétaire général a appelé à passer en mode d'urgence pour mettre l'humain au cœur de la technologie, un enjeu qui échappe presque totalement à la gouvernance mondiale. « Nous devrions être les maîtres de la technologie et non ses esclaves », a-t-il dit avant de s'inquiéter d'un chaos qui envahit l'espace numérique et profite aux forces les plus destructrices en privant les gens ordinaires d'opportunités. « Dans les pays où l'accès à une connexion haut débit est limité, le simple fait de raccorder les écoles à Internet peut faire augmenter le PIB de 20% », a alerté le Secrétaire général avant d'appeler à connecter en toute sécurité les 2,9 milliards de personnes qui sont encore privées d'accès à Internet. Il a dit que le Sommet 2022 sur la transformation de l'éducation sera l'occasion de réduire la fracture numérique et de garantir des services Internet abordables, sûrs et sécurisés pour toutes et tous.

M. Guterres s'est aussi inquiété des risques liés à l'exploitation de nos informations personnelles pour nous contrôler ou nous manipuler, pour nous priver de notre liberté de choix sans même que nous le sachions. Pour remédier à ces problèmes, il a proposé l'établissement d'un Pacte numérique mondial dans le cadre du Sommet sur l'avenir qui se tiendra en 2023 et proposé l'élaboration d'un code de conduite mondial visant à mettre fin à l'infodémie et à la guerre menée contre la science, et à promouvoir l'intégrité de l'information publique, notamment en ligne. Il a exhorté les États Membres à accélérer leurs efforts en vue d'interdire les armes létales autonomes et à commencer à réfléchir à l'établissement de cadres de gouvernance applicables aux biotechnologies et aux neurotechnologies.

En cinquième point, le Secrétaire général a appelé à passer en mode « urgence » pour apporter la paix à un monde où elle se fait rare en notant que le nombre de conflits violents qui ont cours dans le monde est sans précédent depuis 1945 et que le recul des droits humains se poursuit. Alors que la crise climatique alimente les conflits et exacerbe les crises humanitaires et que le terrorisme reste une menace constante, déstabilisant les pays les plus fragiles du monde, le Secrétaire général a assuré que la prévention des conflits est au centre de son projet de Nouvel agenda pour la paix. Nous persévérerons dans nos efforts afin de prévenir les conflits, protéger les civils et consolider la paix, des Balkans occidentaux au Caucase, de la République centrafricaine à Chypre et à la République démocratique du Congo, de l'Iraq à la péninsule coréenne et au Liban, du Mozambique à la Somalie, du Soudan du Sud au Venezuela et au Sahara occidental, et partout ailleurs.

« Ce monde est trop petit pour autant de points chauds », a-t-il prévenu avant d'appeler de ses vœux un Conseil de sécurité uni, pleinement engagé dans la résolution de ces problèmes. Il a aussi demandé de renforcer les investissements dans la prévention et la consolidation de la paix.

En conclusion, le Secrétaire général a indiqué que son rapport sur Notre Programme commun -qui renforce le Programme 2030 et les ODD- propose une feuille de route pour rassembler le monde, dans la solidarité, afin de relever ces défis de gouvernance et relancer le multilatéralisme pour le XXIe siècle. « Ensemble, faisons de 2022 l'année qui verra l'avènement d'une nouvelle voie, plus porteuse d'espoir, plus équitable. »