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01/21/2022 | News release | Distributed by Public on 01/21/2022 23:55

Afrique de l’ouest : l’extrême pauvreté augmente à cause de la pandémie de Covid-19

L'extrême pauvreté dans la région d'Afrique de l'Ouest a augmenté de près de 3% en 2021 et la proportion de personnes vivant avec moins de 1,90 dollar par jour dans la région est passée de 2,3% en 2020 à 2,9% l'an dernier, selon un rapport publié cette semaine par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

« S'il faut se féliciter de la réaction des gouvernements à travers leurs actions de mitigations prises, il faut néanmoins s'inquiéter des effets résiduels de la crise sanito-économique qui risquent de continuer à perturber, pendant longtemps, les systèmes alimentaires et de compromettre l'accès des populations à la nourriture en raison des multiples dynamiques », a déclaré le Commissaire en charge de l'agriculture, de l'environnement et des ressources en eau à la Commission de la CEDEAO, Sekou Sangare, lors de la publication.

Le rapport, qui a été élaboré en partenariat avec le bureau sous régional pour l'Afrique de l'Ouest de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) et le Programme élimentaire mondial des Nations Unies (PAM), signale que l'endettement des pays de la région a aussi augmenté dans un contexte marqué par une reprise économique lente, un rétrécissement de l'espace fiscal et une faible mobilisation des ressources.

L'impact économique des mesures barrières

Selon le rapport, l'ensemble des mesures barrières contre la pandémie - telles que la fermeture des frontières, les restrictions de mouvements, la perturbation des chaînes d'approvisionnement - a eu un impact négatif sur les activités génératrices de revenus et entrainé la hausse des prix des denrées sur les marchés.

Les personnes les plus touchées sont celles qui dépendent de sources de revenus instables comme les petits commerçants, les vendeurs de rue et les travailleurs occasionnels, y compris dans le secteur agricole.

Cette détérioration de la situation économique a eu un impact négatif sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des femmes, hommes et enfants, avise également le rapport.

« La crise sanitaire à coronavirus a particulièrement annihilé les acquis en matière de lutte contre l'insécurité alimentaire et la malnutrition engrangés par la CEDEAO et ses Etats membres », a fait valoir M. Sangare.

Plus de 25 millions de personnes en Afrique de l'Ouest ne sont pas en mesure de répondre à leurs besoins alimentaires de base dans la région, une hausse de 34% par rapport à 2020.

La situation est plus grave dans les zones touchées par les conflits comme le bassin du Lac Tchad, le Liptako-Gourma et le Sahel, poussant les ménages à vendre leurs biens et moyens d'existence pour satisfaire leurs besoins alimentaires.

Des actions immédiates

La publication du rapport intervient alors que l'économie régionale demeure toujours fragile et insuffisamment dynamique pour permettre aux familles de retrouver leur situation de bien-être social et économique d'avant la crise.

L'étude devrait permettre aux acteurs, publics et privés, d'apporter des réponses idoines et résolues aux conséquences néfastes de la pandémie de Covid-19 sur la vie des populations d'Afrique de l'Ouest.

« Les conséquences socio-économiques de la Covid-19 appellent à des actions immédiates et concertées visant à renforcer davantage la résilience des populations et leur capacité à résister aux chocs », a déclaré le Directeur régional du PAM pour l'Afrique de l'Ouest, Chris Nikoi.

Le PAM appelle ainsi à renforcer et augmenter la couverture des programmes de protection sociale.

« Ce rapport fait clairement ressortir le besoin urgent pour les gouvernements et leurs partenaires d'accroître résolument les investissements en vue de renforcer et d'augmenter la couverture des programmes de protection sociale, les filets sociaux comme les cantines scolaires et d'autres programmes d'amélioration des moyens de subsistance avec un appui particulier aux femmes et aux jeunes », a précisé M. Nikoi.

Aussi, l'étude appelle à favoriser les échanges à l'intérieur de la région, en soutenant par exemple les mouvements de travailleurs agricoles d'un pays à un autre.

Une étude plus participative et marquée par la diversité

Les auteurs de l'étude ont voulu tenir compte de la perception des ménages et ont ainsi organisé une collecte de données en ligne, qui a pu être disséminée avec l'appui de compagnies téléphoniques et des équipes terrain de divers partenaires dans la région y compris celles du PAM.

Plus de 8.000 personnes ont ainsi pu directement donner leurs impressions, dont 30% de femmes.

Pour la Directrice du bureau sous régional pour l'Afrique de l'Ouest de la CEA, Ngone Diop, le fait que les analyses de l'étude soient basées sur « des données primaires, de première main, émanant des ménages directement impactés par la crise sanitaire » permet « d'offrir aux décideurs aux niveaux régional et national des options de politique pertinentes et mieux ciblées ».

Accroître la collaboration

Depuis le début de la pandémie en 2020, la CEDEAO et ses partenaires ont mis en œuvre diverses mesures économiques et financières pour répondre à l'augmentation des besoins induits par la Covid-19 dans la région, mobilisant près de 38 millions de dollars au cours du premier semestre 2021 pour l'expansion sans précédent de programmes de protection sociale, ainsi que des distributions alimentaires, pour les communautés les plus vulnérables.

Au Mali et au Niger, par exemple, le PAM, en partenariat avec l'UNICEF et avec le financement de la coopération allemande, soutient 1,4 million de personnes et contribue au renforcement des systèmes nationaux de protection sociale en vue de les rendre plus réactifs aux chocs, et plus sensibles à la nutrition.

« Le PAM est engagé à collaborer davantage avec la CEDEAO et à renforcer la coordination et faciliter le partage d'expériences entre les pays afin que les systèmes de protection sociale soutiennent la sécurité alimentaire et la nutrition et assurent une résilience renforcée aux chocs dans la région », a conclu M. Nikoi.