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05/19/2022 | Press release | Distributed by Public on 05/19/2022 13:27

ECOSOC: débat consacré aux activités opérationnelles

(Le résumé complet de la réunion sera disponible plus tard dans la journée.)

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Suite donnée aux recommandations de politique générale de l'Assemblée générale et du Conseil E/2022/47, E/2022/47/Add.1, E/2022/54

Septième session: Pacte de financement: s'engager à apporter les changements nécessaires dans les modèles de financement et les comportements pour atteindre les objectifs de développement durable

M. ROBERT PIPER, Sous-Secrétaire général et Directeur du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD), a présenté l'approbation du pacte de financement entre les États Membres et les entités du système des Nations Unies pour le développement en 2019 comme un pilier essentiel des efforts globaux visant à transformer ce système. À la base, les engagements mutuels du pacte de financement reconnaissent qu'un changement fondamental est nécessaire dans la façon dont le système des Nations Unies est doté de ressources, ce qui signifie que les États Membres doivent examiner en profondeur les décisions de financement, les mécanismes, les modalités et les attentes qu'ils ont, s'ils veulent voir les réformes demandées devenir réalité. En retour, le système des Nations Unies pour le développement s'engage à travailler en commun pour améliorer les résultats à l'échelle du système, renforcer la responsabilité et la transparence envers les États Membres et réaliser des gains d'efficacité afin que davantage de fonds puissent être consacrés à la programmation, a rappelé M. Piper. Le tout dans le but de renforcer la confiance et d'améliorer l'analyse de rentabilité pour un financement plus stratégique, plus flexible et plus prévisible à l'échelle du système pour les activités de développement durable soutenues par l'ONU.

Malgré certains progrès, notamment en termes d'engagements du système des Nations Unies, M. Piper a signalé à regret une tendance à la baisse en 2020 sur certains indicateurs cruciaux du pacte de financement, qui n'a fait que s'accélérer en 2021 et 2022. Les États Membres s'étaient engagés à atteindre un objectif d'ici à 2023 de 30% de financement volontaire pour les activités de développement en tant que financement de base. Au lieu de cela, cette part a diminué de 2017 à 2020, passant de 19,4% à 17,2%. Les récentes annonces de nouvelles réductions des ressources de base des entités des Nations Unies par certains de nos principaux donateurs et partenaires de longue date ne font qu'aggraver cette situation, s'est alarmé le Sous-Secrétaire général. Parallèlement, les efforts visant à élargir la base des donateurs n'ont pas porté leurs fruits jusqu'à présent, avec seulement 36% des entités faisant état d'une augmentation du nombre de contributeurs principaux, tandis que le nombre de contributeurs aux fonds communs a également diminué, passant de 59 en 2017 à 48 en 2020. Bien que le financement volontaire du système des coordonnateurs résidents ait légèrement augmenté en 2021, il reste bien en deçà de l'objectif de 144 millions de dollars du pacte de financement. Et tandis que le prélèvement de 1% a généré 40 millions de dollars par an en 2020 et 2021, c'est au moins 20% de moins que les projections, a indiqué M. Piper en constatant ainsi qu'il existe encore des lacunes dans la mise en œuvre du prélèvement par un certain nombre de donateurs clefs.

Bien que ces tendances soient globalement inquiétantes, les nouvelles ne sont pas toutes sombres, a-t-il poursuivi. M. Piper a fait état de progrès réalisés dans la part des ressources autres que les ressources de base acheminées par le biais de fonds communs interinstitutions, qui sont passées de 5% en 2017 à 11,7% en 2020. Il a espéré pouvoir tirer parti de cette tendance pour que le financement groupé et thématique devienne un catalyseur du changement pour le système dans son ensemble.

Décrivant le pacte comme « une rue à double sens », M. Piper a parlé des efforts faits au niveau de l'ONU pour améliorer notamment les rapports annuels des équipes de pays des Nations Unies, ce qui a clairement conduit à des perceptions positives de la part des gouvernements nationaux dont 89% ont déclaré qu'ils reçoivent désormais des informations à jour structurées autour des résultats du cadre de coopération, tandis que 83% ont dit que ces rapports sont bien liés aux résultats du développement national. De plus, 95% des équipes de pays des Nations Unies ont rendu leurs rapports 2021 accessibles au public, contre 64% en 2017. Le Sous-Secrétaire général a également fait état des progrès dans le renforcement de la transparence des données financières pour le système: toutes les entités soumettent désormais des données financières au Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS), avec 92% de ventilation de ces données par pays (contre 46% en 2018) et 83% par ODD (contre 20% en 2018). Ces données sont accessibles au public via le portail de données financières du CCS.

Une autre percée mentionnée par M. Piper a été le déploiement en 2021 de stratégies d'opérations commerciales améliorées pour chaque équipe de pays des Nations Unies. Il a par ailleurs reconnu que la consolidation des locaux communs a progressé plus lentement que prévu, notamment en raison de l'impact de la COVID-19, « mais nous redoublons d'efforts maintenant en nous concentrant sur les pays ayant les taux les plus élevés de potentiel d'économies d'échelle grâce à la relocalisation dans des locaux communs », a-t-il expliqué. M. Piper a également concédé qu'il y a encore du chemin à parcourir pour renforcer les données de financement au niveau des pays, parce qu'un tiers des nouveaux cadres de coopération n'ont pas de cadres de financement. De plus, seuls 58% des gouvernements nationaux sont satisfaits des données financières incluses dans les rapports annuels, a-t-il noté en en déduisant que « nous devons faire beaucoup mieux ». Il a aussi reconnu qu'il n'y a toujours pas assez d'organes directeurs dans l'ensemble du système -en particulier ceux en dehors de New York- qui détiennent un financement structuré ou des rapports sur leurs gains d'efficacité individuels. Le Sous-Secrétaire général a donc encouragé les États Membres à assurer le suivi de cette question au sein de chaque organe directeur.

Après avoir fait cet état des lieux, M. Piper a soulevé la question de savoir ce que cela signifie pour les Nations Unies et les États Membres dans la pratique et pourquoi c'est important. Tout d'abord, la poursuite d'un financement fragmenté présente un obstacle majeur à la pleine mise en œuvre de la réforme. Sans un changement significatif dans le mode de financement du système des Nations Unies pour le développement, les progrès vers un travail intégré et axé sur les politiques au niveau des pays est en jeu, a-t-il prévenu.

Deuxièmement, le Sous-Secrétaire général a regretté que n'aient pas eu lieu les augmentations nécessaires au soutien au Fonds commun pour les ODD et aux fonds communs complémentaires au niveau des pays à l'appui des cadres de coopération. Ces instruments de financement sont pourtant essentiels pour compenser le manque de financement de base et soutenir le travail intégré. Ces préoccupations ont également été signalées dans des rapports indépendants successifs. Le Bureau des services de contrôle interne des Nations Unies a entrepris une évaluation du système des coordonnateurs résidents à la fin de 2021, concluant que « la concurrence pour le financement, le manque de financement commun, l'affectation par les donateurs et les accords de financement bilatéraux entre les ministères du gouvernement hôte et les agences des Nations Unies ont sapé la réalisation d'activités opérationnelles cohérentes et l'offre de conseils politiques ». L'une des principales conclusions du Réseau d'évaluation des performances des organisations multilatérales (MOPAN) dans son rapport de juin 2021 était que « les réformes sont confrontées à un certain nombre de forces compensatoires qui menacent de bloquer ou de faire régresser le processus de changement, la principale d'entre elles étant un environnement de financement qui ne s'est pas transformé ».

Le Sous-Secrétaire général a également constaté que « l'urgent prend le pas sur l'important »: les besoins humanitaires passent devant les financements disponibles pour le développement. Nous l'avons vu avec la COVID-19, le fonds d'affectation spéciale pour la réponse socioéconomique à plus long terme ne démarrant pas vraiment, et nous le voyons à nouveau maintenant avec la guerre en Ukraine et les premières indications que certains donateurs de longue date envisagent de nouvelles coupes dans l'aide publique au développement (APD), y compris le financement de base de l'ONU, a-t-il regretté. Le défi qui consiste à faire le lien entre le financement de l'aide humanitaire et celui du développement se poursuit. Si nous voulons parvenir à renforcer ce lien, le financement doit être intégré et flexible, a recommandé M. Piper.

Cette année marque la première année où l'ONU fournit des résultats à l'échelle du système sur les ODD, a-t-il rappelé en regrettant que cela n'ait été remarqué dans aucune des interventions des États Membres au cours de ce débat de l'ECOSOC. Conscient qu'il reste encore du travail à faire, il a invité à renforcer la culture des résultats à l'échelle du système dans toutes les entités et toutes les équipes de pays des Nations Unies, afin d'instaurer la confiance et de démontrer les résultats aux États Membres. Il a aussi plaidé en faveur d'un financement de meilleurequalité ». Conscient également du besoin d'atteindre les objectifs d'efficacité, le Sous-Secrétaire général a rappelé que l'ONU réoriente son approche vers les centres de services partagés et les locaux communs pour faire en sorte de parvenir à l'objectif de 310 millions de dollars de gains d'efficacité d'ici à 2025. Pour y parvenir, il faut l'adhésion, l'innovation et le soutien de toutes les entités du système des Nations Unies pour le développement, a-t-il lancé.

(à suivre)