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06/11/2021 | Press release | Distributed by Public on 06/11/2021 11:39

Assemblée générale: l’Albanie, le Brésil, le Gabon, le Ghana et les Émirats arabes unis entrent au Conseil de sécurité.

Le resumé complet du communiqué de presse sera disponible plus tard dans la journée

ÉLECTION DE MEMBRES NON PERMANENTS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

Déclarations

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l'Assemblée générale, a souligné l'importance du débat d'aujourd'hui, le Conseil de sécurité étant chargé d'agir au nom de tous les États Membres des Nations Unies. Il a indiqué que l'examen du rapport du Conseil est une responsabilité prévue par la Charte et l'occasion de tenir les Quinze responsables « de qu'ils ont fait ou pas fait ». Le Président de l'Assemblée a félicité ces derniers pour avoir présenté leur rapport annuel dans des délais satisfaisants, « pour la première fois de l'histoire récente ». C'est un premier pas positif pour renforcer la transparence et la responsabilité du Conseil vis-à-vis de tous les États Membres des Nations Unies.

Le Président a salué l'activité soutenue du Conseil en 2020 malgré les effets négatifs de la pandémie. Il a aussitôt noté avec regret les cas où le Conseil a affiché ses divisions et échoué à s'acquitter de son mandat, engendrant de graves conséquences et d'indicibles souffrances humaines. Les succès ou les échecs du Conseil sont vus comme les succès et les échecs des Nations Unies, a-t-il dit, en rappelant que le Conseil est le « visage » de l'ONU. Le Président a exprimé sa détermination à assurer, avec la présidence du Conseil, un processus de sélection du Secrétaire général « transparent et inclusif ». « J'espère que ce processus s'achèvera avec succès la semaine prochaine lorsque tous les membres de l'ONU se réuniront pour la décision finale. »

Le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin et Représentant permanent de l'Estonie a présenté le rapport annuel (A/75/2), couvrant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2020. M. SVEN JÜRGENSON a indiqué que malgré l'impact de la pandémie de COVID-19, le Conseil a tenu 81 réunions en personne et 269 par visioconférence. Il a approuvé des méthodes de travail « exceptionnelles » pour permettre la poursuite de ses travaux dont la plupart ont été maintenues au cours de chaque présidence, de mars à décembre.

Au cours de la période considérée, le Conseil a adopté 57 résolutions en personne et par procédure écrite, 13 déclarations présidentielles et publié 46 déclarations à la presse, mais il n'a pas été en mesure d'effectuer des missions sur le terrain. Le Conseil a continué de se concentrer sur les situations qui affectent la paix et la sécurité en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique latine, dans les Caraïbes et au Moyen-Orient. Il a également continué d'examiner des questions thématiques, générales et transversales, notamment la non-prolifération, les menaces à la paix et à la sécurité internationales causées par les actes terroristes, la protection des civils dans les conflits armés, les enfants et les conflits armés, le maintien et la consolidation de la paix, les femmes, la paix et la sécurité et la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.

Le Conseil a aussi entendu des exposés sur les travaux de ses organes subsidiaires, y compris ses comités des sanctions. Il a organisé un débat public annuel sur ses méthodes de travail en mai 2020 pour examiner la mise en œuvre de la Note S/2010/507 et discuter des moyens d'assurer la transparence, l'efficience et l'efficacité des travaux.

Le Président du Conseil s'est dit heureux de pouvoir dire qu'en dépit des restrictions aux méthodes de travail du Conseil, imposées par la pandémie de COVID-19, le Conseil a pu terminer et adopter son rapport encore plus tôt que l'année dernière. L'examen de ce rapport par l'Assemblée est un aspect très important de la transparence, a souligné M. Jürgenson qui s'est engagé à transmettre les points de vue exprimés aujourd'hui à ses collègues du Conseil.

Au nom du Groupe Responsabilité, cohérence et transparence (Groupe ACT), M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a commencé par indiquer que l'une des priorités du Groupe est de promouvoir l'interaction significative entre le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale et plus de transparence de la part du Conseil. Il a salué le fait que ce dernier ait adopté son rapport trois jours avant la date butoir du 30 mai et que son examen par l'Assemblée générale intervienne immédiatement après. Ce rapport, a estimé le représentant, donne un aperçu « utile et factuel » des travaux du Conseil, profondément impactés en 2020 par la crise liée à la pandémie de COVID-19. Le Conseil a donc dû renoncer à plusieurs réunions en personne et aux missions sur le terrain.

Soucieux que la mémoire institutionnelle des méthodes de travail du Conseil soit préservée en cas de circonstances exceptionnelles, le représentant a encouragé des discussions régulières sur les leçons apprises de cette crise, en gardant à l'esprit les objectifs tels que la préparation aux éventualités et l'efficacité, l'efficience et la transparence des travaux.

Le représentant s'est félicité des efforts déployés pour un retour progressif dans la salle du Conseil de sécurité et aux méthodes de travail qui y sont associées, compte tenu de l'évolution de la situation à New York. Il a cependant regretté qu'en 2020, les restrictions sanitaires aient affecté l'inclusivité du Conseil à la fois pour les non-membres du Conseil et pour les autres parties prenantes. Il a par ailleurs salué l'introduction d'intitulés clairs sur les dossiers individuels et thématiques, tout en jugeant que les contributions des rapporteurs d'autres organes de l'ONU ou de la société civile, ainsi que celles des non-membres du Conseil lors des réunions pertinentes, pourraient être mieux reflétées.

Le représentant a également encouragé des évaluations mensuelles par les présidences du Conseil, notant que ces documents constituent d'importantes références pour refléter les points de vue des membres et éclairer les travaux du rédacteur du rapport annuel et des délibérations du Conseil en la matière. Selon lui, ces évaluations ne doivent pas être considérées comme le point de vue du Conseil dans son ensemble et assujetties au consensus. Le représentant a d'autre part salué les efforts visant à accroître la transparence des activités du Conseil, notamment les séances d'information organisées pour tous les membres et les sessions de synthèse, respectivement au début et à la fin des présidences successives. Il a encouragé tous les membres actuels et futurs du Conseil à poursuivre et à renforcer cette pratique.

Enfin, dans la perspective du rapport annuel 2021 et au-delà, il a prévenu que l'année en cours sera encore marquée par les effets de la pandémie, tant pour le fonctionnement du Conseil de sécurité que pour la quasi-totalité des points inscrits à son ordre du jour. De fait, a-t-il dit, le Groupe ACT réitère ses appels au Conseil pour qu'il prenne en considération, dans l'introduction du rapport 2021, l'impact de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales et sur les travaux et outils. Il a invité les membres du Conseil à discuter de cette option, y compris dans le cadre du Groupe de travail informel sur la documentation et les autres questions de procédure. Il a également espéré que le Conseil tiendra dûment compte, dans le rapport annuel 2021, de toutes les réunions qui ont eu lieu dans un format virtuel, bien qu'elles aient été qualifiées de visioconférences ou de réunions « informelles » dans le programme de travail depuis avril 2020. Le Groupe ACT, a-t-il dit en conclusion, se réjouit de collaborer avec la France qui dirigera le processus de rédaction du rapport 2021.

Mme LEU (Suisse) a d'emblée souligné la réactivité du Conseil de sécurité aux défis de la paix et de la sécurité internationales. Saluant le « potentiel d'amélioration », elle a voulu soulever trois points importants et d'abord la souplesse du Conseil dont elle s'est félicitée, pour assurer la continuité de son action au cœur de la pandémie. Le Conseil, a-t-elle estimé, est parmi les organes de l'ONU qui ont réagi le plus vite et qui sont restés opérationnels même pendant le confinement total à New York. Cependant, la représentant a regretté que l'adaptation à la nouvelle donne se soit faite au détriment de la participation des États non membres aux travaux du Conseil.

Malgré des négociations « longues et difficiles », le Conseil, s'est encore félicitée la représentante, a finalement pu envoyer « un signal fort » de responsabilité par la résolution 2532 (2020) soutenant l'appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, élément crucial pour garantir un accès humanitaire sans entrave. Poursuivant, la représentante a fait observer que 2020 a sonné les 20 ans de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, dont la mise en œuvre a connu une évolution encourageante.

Dans un troisième point, la représentante a dit saisir l'ampleur face de la tâche assignée au Conseil en 2020 et a salué l'exploitation de la large palette d'instruments à sa disposition. La représentante a donné pour exemple la Mission au Soudan qui joue un rôle essentiel dans le soutien à la transition en cours. En revanche, elle a regretté l'affaiblissement du mécanisme d'assistance humanitaire transfrontalière en Syrie, un pays qui représente le plus grand engagement humanitaire de l'histoire de la Suisse. La représentante a conclu en indiquant que son pays va présenter dans un an et pour la toute première fois, sa candidature à un siège non permanent du Conseil de sécurité, afin d'assurer sa contribution à la paix et la sécurité internationales.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur), qui a fait sienne la déclaration du Portugal au nom du Groupe ACT, a critiqué un « rapport quantitatif » et réclamé des analyses, des informations et des détails sur les réunions, qui sont importants pour les États Membres. Quels sont les points qui ont fait l'objet d'un accord? Quelles sont les difficultés auxquelles le Conseil de sécurité s'est heurté? Quelle est l'évaluation des menaces à la paix et à la sécurité internationales? Comment la pandémie de COVID-19 continue-t-elle d'influer sur le travail des missions sur le terrain? Quel impact a eu sur le terrain la résolution 2532 (2020) sur le soutien du Conseil à l'appel au cessez-le-feu mondial du Secrétaire général? Ce sont des réponses à toutes ces questions que nous aurions souhaitées, a martelé le représentant.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a déploré le manque de transparence du Conseil, ainsi que la lenteur des progrès s'agissant de la réforme de ses méthodes de travail. Il a vu une « tendance préoccupante » dans le fait que le rapport demeure incomplet sur les activités du Conseil mais surtout sur les domaines où le Conseil échoue à agir. Le Conseil n'a pas assumé son rôle de leadership pendant la pandémie, a asséné le délégué, en lui reprochant d'avoir tardivement soutenu l'appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial. Rappelant que la sécurité humaine doit être au cœur de ses travaux, il a estimé que le Conseil n'est pas à la hauteur des responsabilités que la Charte lui confie. Il a ainsi dénoncé la décision de restreindre à un strict minimum l'assistance humanitaire transfrontalière en Syrie, une aide vitale qui est devenue « un objet de marchandage » entre des pays d'abord et avant tout soucieux de leurs intérêts nationaux, a-t-il dit. Le délégué a fustigé l'exercice à trois reprises du droit de veto en 2020.

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a critiqué « l'absence totale d'évaluation et de substance » dans le rapport du Conseil de sécurité, laquelle empêche tout débat informé sur les questions les plus urgentes de la paix et de la sécurité internationales. Le rapport n'est rien de plus qu'une compilation de résolutions, de lettres de la présidence, de dates et de symboles accompagnés du nom des questions inscrites à l'ordre du jour, s'est indigné le représentant. Sa partie prétendument substantielle et analytique se réduit peu à peu à « une peau de chagrin », passant de six lignes dans le rapport 2018, à quatre en 2019 pour n'être plus présenter que trois lignes dans le rapport 2020.

La seule partie substantielle du rapport 2020 se limite à dire qu'« en 2020 la situation internationale s'est caractérisée par différentes crises, malgré l'appel du Secrétaire général en faveur d'un cessez-le-feu mondial afin que les efforts se concentrent sur la lutte contre la pandémie ». Le rapport n'énumère même pas la liste de ces crises ni les raisons qui ont empêché la concrétisation de l'appel urgent à un cessez-le-feu mondial. Le Conseil a attendu quatre mois pour adopter une résolution en faveur de cet appel et s'exprimer sur la pandémie de COVID-19.

Le représentant a aussi noté que les évaluations mensuelles des présidences du Conseil ont été réduites à une simple liste, sans aucune évaluation ni analyse, plusieurs présidents n'ayant même pas procédé à l'exercice, dont deux membres permanents. Le représentant a dit attendre du Conseil un rapport annuel plus analytique, réflexif et prospectif, et non une simple compilation. Il a réclamé une analyse du processus de prise de décisions, en particulier des points de divergence et de convergence. Le Conseil doit expliquer pourquoi après des délibérations sur une situation donnée, il choisit d'adopter une résolution, une déclaration présentielle ou un communiqué à la presse.

Le Conseil doit aussi, a conclu le représentant, rendre ses débats plus inclusifs et plus participatifs en adaptant, en conséquence, ses méthodes de travail. Enfin, le représentant a proposé que les résolutions, quand elles portent sur des menaces à la paix internationale et à la sécurité internationale, soient ouvertes au coparrainage de tous les États Membres et pas seulement aux 15 membres du Conseil.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a estimé que les rapports annuels du Conseil devraient démontrer ce que dernier a apporté comme changements dans le monde et ne pas se contenter de donner un aperçu du nombre de réunions qu'il a eues ou des déclarations qui ont été prononcées. Bien qu'il puisse être difficile de lier directement un résultat du Conseil à un effet sur un conflit ou une menace à la paix et à la sécurité, « le monde attend quand même du Conseil qu'il produise des résultats ». Le Conseil pourrait, par exemple, mesurer l'effet de son actions sur le programme « femmes, paix et sécurité » en déterminant si plus de femmes ont été impliquées dans les processus de médiation. De même, il pourrait évaluer son soutien à l'appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial et voir les conséquences, avec de véritables données.

Les résolutions du Conseil et les déclarations présidentielles sont appelées « résultats », mais nous devrions ne pas perdre de vue que les résultats réels consistent à savoir si ces résolutions ou déclarations font une différence. Le Conseil devrait donc veiller à assurer le suivi de ses décisions et ne pas penser que le travail est fait lorsqu'une résolution est adoptée. « En fait, c'est à ce moment-là que le travail commence », a-t-elle relevé, ajoutant qu'en tant que membre potentiel du Conseil pour 2022-2023, son pays s'efforcera de renforcer autant que possible la nature axée sur les résultats du Conseil.

Deuxièmement, a poursuivi la représentante, « le Conseil est plus efficace lorsqu'il est uni ». Alors que les défis de sécurité sont de plus en plus complexes et qu'il devient difficile d'atteindre l'unanimité, nous devons créer les conditions qui permettent le compromis et le consensus, a-t-elle plaidé. Bien que la pandémie ait rendu les négociations impossibles, le retour aux réunions en présentiel devrait permettre au Conseil de créer un espace pour des échanges privés et francs qui aident à surmonter les obstacles politiques et à rapprocher les positions sur des questions épineuses afin que chacun se sent à l'aise pour partager ses points de vue.

Toutefois, a nuancé la représentante, nous ne devons pas fonder nos espoirs sur un Conseil plus uni uniquement grâce à des réunions en présentiel. Nous devons également nous efforcer de parvenir à un consensus sur la prorogation des mandats, en particulier lorsque les soldats de la paix sont en danger. En 2019, a-t-elle noté, 84% des renouvellements de mandat ont été effectués à l'unanimité mais ce chiffre est tombé à 77% l'an dernier. « Nous ne pouvons pas laisser la politique éroder le soutien aux missions de maintien de la paix et saper les mandats que le Conseil de sécurité leur a confiés », a-t-elle martelé.

Enfin, observant que la pandémie de COVID-19 a été un défi pour tous, la représentante s'est félicitée que le Conseil ait pu adapter ses méthodes de travail relativement rapidement, prouvant ainsi qu'il peut se montrer résilient et innovant si besoin. Le partage des bonnes pratiques de gestion des réunions virtuelles par les présidences successives a joué un rôle clef en permettant au Conseil de faire face aux premiers défis liés au changement soudain de ses méthodes de travail, a-t-elle constaté, avant de former le vœu que cet esprit d'innovation sera maintenu, alors que l'on s'achemine vers une « nouvelle normalité ».

(à suivre)