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05/17/2022 | Press release | Distributed by Public on 05/17/2022 11:08

ECOSOC: débat consacré aux activités opérationnelles de développement

(Le résumé complet de la réunion sera disponible plus tard dans la journée.)

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Suite donnée aux recommandations de politique générale de l'Assemblée générale et du Conseil E/2022/47, E/2022/47/Add.1, E/2022/54

Ouverture du débat

Dans son allocution d'ouverture, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. COLLEN VIXEN KELAPILE, intervenant par visioconférence du Botswana, s'est réjoui de voir qu'après deux ans de réunions virtuelles, ce segment des travaux peut être tenu en personne cette année dans la salle de l'ECOSOC. Il n'en demeure pas moins que le monde reste frappé par les inégalités qui continuent de caractériser la manière dont la communauté mondiale se remet de la pandémie de COVID-19, a-t-il noté en rappelant que les vaccins ne sont toujours pas disponibles dans de nombreuses régions du monde et en s'inquiétant de l'impact socioéconomique de la crise sur les pays et les populations les plus vulnérables. Il a souligné que les vies et les moyens de subsistance continuent d'être perturbés par de nouvelles flambées de virus, que les inégalités, y compris les inégalités entre les sexes, restent importantes et que la pauvreté augmente. La pandémie, associée à des défis supplémentaires tels que la crise climatique ainsi que des conflits prolongés générant des besoins humanitaires sans précédent, retarde de nombreuses années les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD), a-t-il rappelé avant de parler aussi du conflit en cours en Ukraine qui menace de déclencher des crises majeures dans la sécurité alimentaire, l'accès à l'énergie et le système financier avec des effets négatifs dans le monde entier, en particulier pour les pays les plus pauvres. Cette guerre et les tensions géopolitiques qu'elle a engendrées sont un test supplémentaire au système multilatéral, a-t-il estimé ajoutant que pour surmonter avec succès les types de problèmes transnationaux actuels, il n'y a d'autre choix que de travailler ensemble pour réaliser les aspirations énoncées dans la Charte des Nations Unies et le Programme de développement durable à l'horizon 2030. « Il faut aller de l'avant et accélérer l'action pour parvenir à une reprise post-COVID-19 transformatrice ainsi qu'à la réalisation des ODD pour un avenir meilleur pour tous, et pour cela, la solidarité mondiale est la seule voie à suivre. »

Le système des Nations Unies pour le développement démontre sa véritable valeur en unissant ses efforts pour soutenir ceux des pays qui cherchent à se remettre de la pandémie et parvenir à un développement durable, a fait valoir le Président de l'ECOSOC en soulignant aussi son utilité pour favoriser le retour de la paix sur tous les continents. Comme indiqué dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l'examen quadriennal complet qui alimente ce segment, le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement fournit un appui plus intégré, efficace et de meilleure qualité aux besoins et aux priorités des pays en matière de développement durable. Des coordonnateurs résidents habilités et une nouvelle génération d'équipes de pays des Nations Unies sont désormais mieux placés pour fournir un soutien sur mesure, en tirant parti des ressources de l'ensemble du système des Nations Unies, en bénéficiant de cadres de coopération améliorés et d'autres instruments de planification. Les conclusions du rapport du Secrétaire général sont encourageantes, a estimé le Président, car elles démontrent l'engagement du système des Nations Unies pour le développement à mettre en œuvre les réformes nécessaires pour soutenir la réalisation des ODD.

M. Kelapile a rappelé que ce débat de l'ECOSOC est une plateforme de responsabilisation sur le système des Nations Unies pour le développement et ses résultats, qui permet de réfléchir à la manière dont ce système s'acquitte de son travail conformément aux mandats de l'examen quadriennal complet de 2020 et à la résolution 72/279 de l'Assemblée générale sur le repositionnement du système. Il a invité à saisir cette occasion pour réfléchir également aux défis à venir identifiés dans le rapport du Secrétaire général et aux moyens de renforcer davantage le système afin qu'il puisse mener une action encore plus vigoureuse en matière d'éradication de la pauvreté, de protection sociale, d'éducation de qualité, de couverture sanitaire universelle, d'action climatique, de transition énergétique et de transformation numérique, sur la base de l'engagement de « ne laisser personne de côté ».

M. ABDULLA SHAHIB, Président de la soixante-seizième session de l'Assemblée générale, a estimé que le relèvement post-COVID-19 ne doit pas conduire à reconstruire le monde tel qu'il était avant 2020. Nous devons profiter de la reprise pour adopter les réformes structurelles et les politiques transformatrices qui nous permettront d'atteindre les ODD et nos objectifs climatiques, a-t-il plaidé, reconnaissant que ce ne sera pas chose aisée. Pour de nombreux pays, cette voie nécessite le soutien du système des Nations Unies pour le développement, a-t-il reconnu, raison pour laquelle l'Assemblée générale a entériné, fin 2020, en pleine pandémie, l'examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. M. Shahib a rappelé que la résolution adoptée à cette occasion contient pour la première fois des appels explicites au système des Nations Unies pour le développement pour qu'il soutienne les efforts en matière de protection sociale, de couverture sanitaire universelle et d'éducation. L'examen quadriennal complet est donc allé au-delà de la focalisation habituelle sur le fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement en fournissant des orientations sur ce que le système devrait faire pour aider les pays à mettre en œuvre le Programme 2030, s'est-il félicité.

L'Assemblée générale a également appelé à aider les pays à mobiliser des ressources et des partenariats, a fait observer son Président. Elle a également demandé au système des Nations Unies pour le développement de soutenir la mise en œuvre de l'Accord de Paris et d'assurer la pérennité de ses opérations. L'examen quadriennal complet de 2020 a, lui, appelé à adapter le soutien aux besoins des pays en situation particulière -les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID)- et des pays à revenu intermédiaire. De plus, a-t-il ajouté, l'Assemblée générale a affirmé le rôle de l'ECOSOC pour superviser et guider le système. C'est ainsi que le débat consacré aux activités opérationnelles de l'ECOSOC se voit échoir la difficile tâche d'examiner comment le système des Nations Unies pour le développement met en œuvre les orientations politiques de l'Assemblée générale.

Ces trois prochains jours, vous examinerez comment ce système soutient les politiques intégrées de protection sociale et adapte ses activités aux besoins des pays en situation particulière, a indiqué le Président de l'Assemblée générale aux délégations. Vous découvrirez comment le système aide à traiter les causes profondes des conflits et des crises humanitaires. Vous ferez le point sur le repositionnement régional et l'avancement de la mise en œuvre du pacte de financement. Selon lui, l'ampleur, la complexité et la nature interdépendante du Programme 2030 nécessitent des approches intégrées qui rassemblent les esprits, les capacités et les ressources de différentes entités du système des Nations Unies pour le développement, ainsi qu'entre les différents piliers de l'Organisation. Les décisions que vous prenez à l'Assemblée générale et ici à l'ECOSOC ont un impact réel sur la vie des gens et la réalisation des ODD, a conclu M. Shahib.

Mme MIIA RAINNE (Finlande), Vice-Présidente de l'ECOSOC et responsable du débat consacré aux activités opérationnelles de développement, a rappelé qu'il s'agit d'examiner les progrès réalisés par le système des Nations Unies pour le développement dans la réalisation du Programme 2030 et la mise en œuvre de l'examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (QCPRselon l'acronyme anglais). Il s'agit aussi de déterminer dans quelle mesure le système répond à la demande de mieux reconstruire après la COVID-19 et de se placer sur la bonne voie pour atteindre le développement durable. Au cours des trois prochains jours, les États Membres examineront le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du QCPR et le rapport annuel de la Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable sur le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Ils examineront non seulement la façon dont les entités individuelles alignent leurs politiques et leurs pratiques sur les mandats du QCPR mais aussi comment le système des Nations Unies pour le développement dans son ensemble adopte une approche globale dans son appui aux pays. La façon dont le système adapte son soutien aux pays en situation particulière, y compris les pays en transition après des conflits et des crises, sera également examiné. En dernier lieu, il s'agira d'évaluer les progrès enregistrés par le système en utilisant la prospective stratégique, les données et la transformation numérique pour accélérer la transition vers des économies inclusives et résilientes. Enfin, ce segment se penchera sur les résultats du repositionnement régional et du pacte de financement.

Alors que de nombreux pays et économies en développement sont toujours confrontés à d'immenses défis pour se remettre d'une pandémie qui a plongé des millions de personnes dans l'extrême pauvreté et la faim et que les systèmes alimentaires et les systèmes financiers sont confrontés à de nouvelles crises, que les personnes et les pays les plus vulnérables sont au bord de l'effondrement et qu'il y a une « alerte rouge » en matière de changements climatiques, le rapport du Secrétaire général indique que le système des Nations Unies pour le développement s'est réuni comme jamais auparavant pour soutenir la réponse des pays à la pandémie et formuler des plans de réponse économique. Mme Rainne a souligné que la nouvelle génération d'équipes pays des Nations Unies se renforce et se mobilise autour des nouveaux cadres de coopération et qu'au niveau régional, les plateformes collaboratives offrent une base solide pour un meilleur soutien aux pays. Nous avons besoin de solutions mondiales à des problèmes mondiaux, a-t-elle ensuite déclaré en rappelant que la pandémie a été un signal d'alarme sans précédent qui a souligné l'importance cruciale du multilatéralisme et des biens publics mondiaux, tels qu'ils ressortent du Programme 2030 et de l'Accord de Paris sur les changements climatiques, a poursuivi la Vice-Présidente de l'ECOSOC en plaidant en faveur de mesures audacieuses pour orienter le monde sur une voie plus durable et une reprise qui mène à des économies plus vertes et plus inclusives et à des sociétés plus fortes et plus résilientes. Le système des Nations Unies pour le développement a un rôle encore plus important à jouer à cet égard, a fait valoir Mme Rainne, et pour cela, il faut aller au-delà des changements progressifs vers des actions véritablement transformationnelles, soutenues par un financement adéquat, pour répondre aux urgences de notre temps.

Première session: Dialogue de haut niveau entre le Secrétaire général et les États Membres des Nations Unies

« Dans un monde en crise, sauver les objectifs de développement durable est plus important que jamais », a souligné M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l'ONU, en présentant son rapport sur l'examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies. Alors que la pandémie a entraîné la perte de 15 millions de vies, plongé 100 millions de personnes dans la pauvreté rien qu'en 2020 et retardé le développement humain d'une génération entière, la réponse unie, basée sur la solidarité entre pays développés et pays en développement, « ne s'est pas produite », a-t-il constaté. En effet, les pays développés ont investi des milliers de milliards dans leur propre redressement, tandis que les pays en développement étaient livrés à eux-mêmes. Ainsi, 72% des habitants des pays à revenu élevé ont reçu au moins une dose d'un vaccin contre la COVID-19, tandis que seulement 17% des habitants des pays à faible revenu ont été vaccinés. Dans ce contexte, de nombreux pays en développement sont désormais confrontés à l'impact sanitaire et socioéconomique de la pandémie, à un relèvement inégal, aux effets de la crise climatique et au choc économique sur les marchés alimentaires, pétroliers et financiers causé par la guerre en Ukraine. « Nous sommes confrontés à une urgence de développement aux proportions mondiales », a résumé le chef de l'ONU, pour qui il reste néanmoins des raisons d'espérer, le Programme 2030 restant « notre voie la plus claire pour progresser ».

Au cours des trois dernières années, a poursuivi M. Guterres, le système des Nations Unies pour le développement s'est transformé et est mieux préparé pour répondre aux besoins et aux priorités des pays, notamment en les aidant à surmonter ces crises multiples. Comme le note le rapport, la nouvelle génération d'équipes de pays des Nations Unies est déjà « plus importante que la somme de ses parties », a-t-il relevé, observant que près de 90% des gouvernements reconnaissent le leadership des coordonnateurs résidents dans la fourniture d'un soutien stratégique aux plans et priorités nationaux. De surcroît, plus de 92% des gouvernements ont confirmé que l'ONU avait réagi efficacement à la pandémie de COVID-19 et plus de 80% des gouvernements ont déclaré avoir bénéficié de conseils politiques sur l'action climatique. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a ainsi aidé 120 pays à formuler et à réviser leurs contributions déterminées au niveau national et leurs plans d'adaptation nationaux avant la COP26 à Glasgow. De même, les efforts de soutien adapté aux PEID ont donné des résultats encourageants, s'est-il félicité, avant de préciser que près de 85% des gouvernements de ces pays considèrent que les équipes de pays des Nations Unies sont alignées sur leurs besoins nationaux. Par ailleurs, plus de 195 millions de dollars de gains d'efficacité ont été générés en 2021, soit une augmentation de 53% depuis 2020.

Pourtant, malgré ces progrès tangibles, la coopération internationale n'a pas été à la hauteur de ceux qui en ont le plus besoin, a jugé le Secrétaire général, pour qui il n'y a pas d'autre alternative que de repousser nos limites et d'intensifier nos efforts. À ses yeux, il ne sera possible de mobiliser le niveau requis d'investissements que si nous combinons les atouts des Nations Unies pour soutenir les transitions nécessaires dans les systèmes alimentaires, l'énergie et la connectivité numérique. Dans ce cadre, les coordonnateurs résidents joueront un rôle clef en permettant au système des Nations Unies pour le développement de contribuer à ces transitions, tout en élargissant l'accès à la protection sociale et à des emplois décents pour tous. Mais sauver les ODD signifie aussi sauver les économies en développement du monde entier, a-t-il fait valoir, estimant que les institutions financières internationales et les banques multilatérales de développement devraient accroître l'apport de liquidités immédiates à ces pays et élargir l'espace budgétaire, en allouant davantage de financements sous forme de subventions et de prêts concessionnels. « À long terme, nous avons besoin d'une refonte complète de notre système financier mondial », a plaidé le chef de l'ONU, rappelant que les recommandations de son rapport sur « Notre Programme commun » incluent un « New Deal mondial » pour garantir que le pouvoir, la richesse et les opportunités soient partagés plus largement, afin que les pays puissent investir dans leur population.

Pour M. Guterres, cinq domaines relevant de l'action des équipes de pays de Nations Unies nécessitent une attention urgente. Il importe tout d'abord de s'assurer qu'elles disposent des compétences, de l'expertise et de la configuration spécifiques pour accompagner les transitions des pays dans les domaines de l'énergie, des systèmes alimentaires, de la connectivité numérique et d'autres domaines stratégiques. Deuxièmement, nous devons tirer le meilleur parti du rôle de rassembleur du coordonnateur résident en aidant les gouvernements à élargir et à améliorer les partenariats, le savoir-faire, le financement et les solutions de développement. En troisième lieu, nous devons changer notre approche de la collaboration là où les défis humanitaires, de développement et de sécurité interagissent. Dans le même temps, il faut continuer à améliorer l'efficacité et l'efficience de nos opérations commerciales, pour que chaque dollar compte, a souligné le chef de l'ONU. Enfin, il convient selon lui de renforcer la collaboration au niveau régional pour soutenir les coordonnateurs résidents et les équipes de pays. Rien de tout cela ne peut être réalisé sans un financement adéquat, prévisible et durable du système de développement des Nations Unies, a-t-il averti, appelant à la concrétisation des engagements en faveur du pacte de financement.

Pour y parvenir, nous avons besoin que tous les partenaires alignent leur financement, afin que nous puissions fournir un soutien intégré pour faire progresser les ODD, a expliqué M. Guterres. Cela comprend la mise en commun des fonds humanitaires et de développement, a-t-il précisé, avant de se dire encouragé par l'engagement à financer entièrement le budget de 281 millions de dollars pour le système des coordonnateurs résidents. Cependant, à 215 millions de dollars, le financement continue d'être insuffisant, a-t-il nuancé, promettant de surveiller le modèle de financement pour l'année prochaine. Avant de conclure, il a salué la récente reconfirmation par l'Assemblée générale du débat consacré aux activités opérationnelles de l'ECOSOC en tant que « plateforme de responsabilisation » pour le système des Nations Unies pour le développement, le système des coordonnateurs résidents et la performance à l'échelle du système des Nations Unies. « Nous sommes désormais beaucoup plus proches de nos objectifs communs de réforme, mais les multiples crises auxquelles le monde est confronté placent la barre encore plus haut », a-t-il conclu.

(à suivre)