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06/29/2022 | Press release | Distributed by Public on 06/29/2022 07:15

Conférence sur les océans: débat général

(Le résumé complet de la réunion sera disponible plus tard dans la journée.)

CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES DE 2022 VISANT À APPUYER LA RÉALISATION DE L'OBJECTIF DE DÉVELOPPEMENT DURABLE NO 14: CONSERVER ET EXPLOITER DE MANIÈRE DURABLE LES OCÉANS, LES MERS ET LES RESSOURCES MARINES AUX FINS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Suite du débat général

M. GEORGIOS AMYRAS, Ministre adjoint de l'environnement et de l'énergie de laGrèce, a constaté que les pressions environnementales en Méditerranée sont déjà à un niveau alarmant en raison des changements climatiques et de l'augmentation des activités économiques dans des secteurs tels que le tourisme, la pêche, la navigation et l'agriculture, entre autres. Le pays a déjà pris des mesures audacieuses et concrètes à cet égard, notamment en proposant la création d'un centre de recherche européen sur les carburants marins alternatifs et les technologies de décarbonisation du secteur du transport maritime. La Grèce s'est également engagée à établir des zones marines protégées sur 30% de son territoire maritime, alors que la superficie actuelle est d'environ 19%. Le Gouvernement vise aussi à réduire de moitié les déchets plastiques marins et de 30% les microplastiques d'ici à 2030. De même, les autorités entendent réduire l'empreinte environnementale du tourisme, en misant sur un tourisme durable qui mettra davantage l'accent sur les questions de biodiversité, en particulier dans les communautés locales vulnérables, comme les petites îles.

M. LEE JAMES TAYLOR, Ministre des forêts du Gabon, a rappelé que son pays est surtout connu pour ses forêts qui couvrent 88% de sa masse terrestre et font du Gabon le pays au bilan carbone le plus positif au monde. Mais le Gabon compte aussi 850 kilomètres de côtes et 200 000 kilomètres carrés de zone économique exclusive (ZEE), sans oublier les mangroves les plus hautes de la planète, a-t-il ajouté, précisant que 26% de la ZEE ont été transformés en aire marine protégée. Au niveau mondial, nous devons agir face aux changements climatiques qui réchauffent et acidifient les océans et qui rendent les tempêtes plus intenses, a plaidé le Ministre. À ses yeux, la solution viendra de la reconnaissance par la communauté internationale de l'importance cruciale du stockage du carbone dans les océans. Il importe aussi de mettre fin au plus vite au pillage des ressources naturelles des océans, a-t-il ajouté, avant de plaider pour une gestion durable de la pêche, ce qui passe selon lui par l'établissement de 30% de zones protégées d'ici à 2040 et par l'arrêt de la pollution marine. Les pertes et dommages dus à ces fléaux pèsent particulièrement sur les PEID et les États côtiers, a-t-il souligné, appelant les États Membres à travailler ensemble et à réaliser ce qui a été décidé à Paris. Le Gabon y est prêt, a-t-il assuré.

M. RAN AMIR, Directeur de la Division de la protection de l'environnement marin d'Israël, a affirmé que près de 70% de la population de son pays, et une grande partie de ses activités économiques et commerciales, ainsi qu'une partie de ses richesses naturelles, environnementales et culturelles sont concentrées le long des bandes côtières qui s'étendent sur 205 kilomètres, de la Méditerranée à la mer Rouge. Parmi les mesures prises récemment par son gouvernement, il a relevé qu'il y a deux semaines, le Ministre de la protection de l'environnement a débuté le processus de déclaration de la zone maritime de « Palmachim Disturbance », située dans la Zone économique exclusive israélienne, comme une aire marine protégée. Ce domaine unique d'une superficie de 450 kilomètres carrés doublera la zone protégée sous la juridiction d'Israël, a précisé le représentant. Il a ensuite salué le succès des initiatives israéliennes de lutte contre la pollution marine et côtière, qui a conduit à la réduction des sacs plastiques polluants de 65%.

M. HOUMED M'SAIDIE, Ministre de l'agriculture, de la pêche, de l'environnement, du tourisme et de l'artisanat des Comores, a averti que son pays, à l'instar de nombreux autres PEID, est « virtuellement en sursis » du fait de la montée du niveau de la mer et des bouleversements induits par des changements climatique pour lesquels il ne porte aucune responsabilité. Pour cette raison, il a formé l'espoir que les engagements pris en février dernier lors du Sommet de Brest sur la préservation des océans seront suivis d'effets concrets et qu'ils rassembleront la communauté internationale autour de cette cause prioritaire. Il a d'autre part attiré l'attention des délégations sur la précarité de la situation des PEID. Outre l'apparition de migrants climatiques, victimes de la montée du niveau de la mer, un nombre croissant d'habitants côtiers et de pêcheurs ne peuvent plus tirer dignement un revenu de leur activité et constatent la réduction des stocks halieutiques ainsi que la croissance exponentielle du plastique dans les océans, a-t-il alerté, souhaitant que ces problématiques apparaissent dans les conclusions de la Conférence de Lisbonne. S'agissant des déchets et de la pollution plastique, le représentant a indiqué que son pays a activement soutenu le principe d'un traité juridiquement contraignant sur ces questions lors de la cinquième Assemblée des Nations Unies pour l'environnement, qui s'est tenue en mars dernier à Nairobi. De même, il a réitéré l'engagement des Comores à adhérer à l'Accord relatif aux mesures du ressort de l'État de port pour mieux lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Il a toutefois prévenu que cet accord est difficilement applicable par les pays en développement compte tenu de leurs moyens techniques et financiers limités pour mener des inspections.

M. FIDEL SATANA NUNEZ, Ministre adjoint des sciences, de la technologie et de l'environnement de Cuba, a estimé que la gestion des océans devrait constituer une priorité pour la communauté internationale. À titre national, il a indiqué que son pays insulaire est favorable aux modèles de développement durable fondés sur la science. Dans ce cadre, a-t-il précisé, Cuba lutte contre toutes les formes de pollution marine et s'emploie à développer une économie circulaire afin de permettre un meilleur traitement des déchets. Soucieux d'une modulation des obligations conventionnelles des États en fonction des besoins de leur développement, il a d'autre part considéré que la protection de l'environnement doit être alignée sur le principe de responsabilités communes mais différenciées. Il a ajouté qu'en tant que priorité stratégique, les océans sont inscrits dans la Constitution cubaine, laquelle reconnaît une coexistence saine avec l'environnement. Le pays a par ailleurs adopté une loi qui préserve ses eaux intérieures et s'est fixé pour objectif de réduire de 15% l'utilisation des emballages plastiques. Il défend en outre un plan ambitieux destiné à atténuer les effets des changements climatiques, au-delà de ses contributions déterminées au niveau national en 2020. « Il en va de la survie de nos mangroves », a souligné le Ministre, avant de rappeler que son pays, grand partisan de la coopération et du multilatéralisme, mène ses programmes de protection de l'environnement et de transition énergétique en dépit du blocus commerciale et financier que lui imposent les États-Unis.

Le Prince ALBERT II de Monaco a indiqué que sa principauté s'est engagée dans la High Ambition Coalition, visant notamment à atteindre 30% de zones terrestres et marines sous statut protégé d'ici à la fin de la décennie. Il y a tant à faire que l'inaction n'est plus une option, a-t-il souligné. Il a mentionné d'autres initiatives concrètes, dont le Medfund, fonds fiduciaire innovant dont l'objectif est de financer la gestion, le développement et la mise en réseau des aires marines protégées de Méditerranée. Notre ambition est d'allouer, dès 2025, 2,7 millions d'euros à 20 aires marines protégées représentant 7 000 kilomètres carrés, en particulier des aires à protection forte, a-t-il fait savoir. Il a parlé de l'initiative BeMed, ou Beyond Plastic Med, lancée en 2015 par Monaco avec la Fondation Tara Océan, Surfrider Foundation Europe et la Fondation MAVA, pour soutenir des projets de lutte contre la pollution plastique en Méditerranée. Nous soutenons ainsi d'ores et déjà 69 projets dans 14 pays et avons programmé d'allouer 1,3 million d'euros à plus de 70 projets d'ici à 2024, a-t-il indiqué.

Au nom du G77 et la Chine, M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a jugé regrettable que la communauté internationale n'ait pas pris la mesure de l'urgence mondiale des océans. Les niveaux de la mer sont en hausse, l'érosion côtière s'aggrave, la pollution marine augmente, la biodiversité marine décline rapidement et les océans sont plus chauds et plus acides, a-t-il déploré, avant de former le vœu que la Conférence de Lisbonne aboutira à renouveler l'engagement pris d'atteindre toutes les cibles de l'ODD 14 dès que possible. Pour y parvenir, a-t-il énoncé, il importe tout d'abord que des mesures soient prises pour assurer la conservation et l'utilisation durable des océans. Il convient également, selon lui, de faire en sorte que ces actions respectent les principes de la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, en particulier les principes de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives. De plus, a ajouté M. Akram, compte tenu de leur contribution historique à la dégradation des écosystèmes océaniques, les pays développés doivent prendre l'initiative de relever les défis auxquels sont confrontés les océans, et cela passe par la mobilisation de moyens de mise en œuvre, tels que le financement, le transfert de technologies et le renforcement des capacités, ainsi que l'amélioration des connaissances scientifiques dans les pays en développement. Enfin, le représentant a appelé les pays développés à honorer les engagements pris dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et l'Accord de Paris, et à verser 100 milliards de dollars par an pour financer l'action climatique, tout en veillant à atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici à 2050.

Mme NINO SHEKRILADZE, Directrice de la Division des Nations Unies au Ministère des affaires étrangères de la Géorgie, s'est inquiétée de l'augmentation exponentielle de la pollution plastique et a salué l'adoption, par l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement d'une résolution historique qui vise à établir un accord juridiquement contraignant d'ici à 2024. Elle a indiqué que son pays lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, en expliquant que des critères ont été mis en place pour encadrer les bateaux opérant sous pavillon géorgien dans les eaux internationales. Les organismes compétents procèdent à des évaluations des stocks de poissons et autres ressources biologiques dans les zones côtières de la mer Noire. Elle s'est dite vivement préoccupée par le blocus par la Russie des ports ukrainiens et ses conséquences pour la sécurité alimentaire mondiale. Elle a condamné l'agression russe contre l'Ukraine et a appuyé la souveraineté de l'Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues, y compris en Crimée et dans le Donbass.

M. OLIVIERO MONTANAR, Directeur général du Directorat pour le patrimoine naturel et la mer du Ministère de la transition écologique de l'Italie, a déclaré que son pays a toujours été engagé dans la protection et la conservation des mers et des océans, et joue un rôle clef dans le contexte méditerranéen, notamment dans le cadre de sa participation active au Plan d'action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE/PAM).

En effet, l'Italie est convaincue que la dimension régionale est l'échelle la plus appropriée pour coopérer à la réalisation de l'ODD 14 et de ses cibles. Dans cette perspective, au cours des trois dernières années, l'Italie a mené, avec ses voisins français, espagnols et monégasques, une importante initiative pour la protection internationale des cétacés par la désignation d'une zone maritime particulièrement sensible dans le nord-ouest de la Méditerranée, qui sera soumise à l'Organisation maritime internationale (OMI). Cette initiative intègre la zone marine protégée la plus étendue de la Méditerranée, le sanctuaire Pelagos, et témoigne de l'engagement de longue date de l'Italie en faveur de la protection de l'environnement marin et de sa biodiversité au niveau international.

M. MILCIADES CONCEPCIÓN, Ministre de l'environnement du Panama, a rappelé que, grâce à son ingénierie, son pays a réuni les océans Atlantique et Pacifique par le biais d'un canal, contribuant ainsi à la connexion des activités mondiales. Il a ajouté qu'en tant qu'État maritime, le Panama se sent responsable de la protection des océans et s'emploie à lutter contre la pollution, les changements climatiques et la perte de biodiversité. Il a également été parmi les premiers pays à atteindre l'objectif de 30% de protection de sa surface marine et figure aujourd'hui parmi les trois seuls pays à avoir un taux de carbone négatif. Pour atteindre les cibles fixées dans l'ODD 14, a-t-il indiqué, le Panama a souscrit à la Déclaration conjointe des Amériques pour la protection de l'océan ainsi qu'à la Déclaration de Glasgow, en vertu de laquelle les pays du couloir maritime du Pacifique tropical oriental (Équateur, Colombie, Costa Rica et Panama) s'engagent à créer une réserve biologique transfrontalière sur plus de 500 000 kilomètres carrés. Le Ministre a par ailleurs fait état d'actions telles que la planification de l'espace marin pour gérer l'utilisation durable de ses côtes et du canal de Panama, via des avantages économiques pour les flottes qui améliorent leur empreinte carbone. Il a par ailleurs indiqué que son pays à renforcé sa législation visant à réduire l'utilisation du plastique et est devenu, en mars, le deuxième pays d'Amérique latine à se doter d'une politique nationale sur les océans. Enfin, il a invité les délégations à participer à la conférence « Nos océans » qui se tiendra les 2 et 3 mars 2023 à Panama City.

Mme TANYA PLIBERSEK, Ministre de l'environnement et de l'eau de l'Australie,a indiqué que l'impact des changement climatiques est déjà visible dans son pays, notamment sur les sites patrimoniaux comme la Grande Barrière de Corail. Elle a assuré que son gouvernement comprend l'urgence du défi auquel la planète est confrontée, et fait savoir que l'un de ses premiers actes sera de légiférer un objectif plus ambitieux de réduction des émissions pour 2030, soit 43% en dessous des niveaux de 2005, avec une voie claire pour atteindre zéro émission nette d'ici à 2050. Il n'y a pas d'océan sain sans climat sain, a rappelé la Ministre, pour laquelle l'ambition est notre seule option. Elle a fait savoir que le Gouvernement australien s'est engagé à consacrer près de 1,2 milliard de dollars à la préservation et à la restauration de la Grande Barrière de Corail au cours de la prochaine décennie, un budget qui peut être partagé avec d'autres pays rencontrant les mêmes problèmes. De même, le nouveau Gouvernement australien tient à établir un partenariat profond et mutuellement respectueux avec les pays amis de la région. La Ministre a ainsi promis à tous ceux du Pacifique que l'Australie écoute attentivement ce qu'ils disent et qu'elle est prête à agir, notamment en ce qui concerne la gestion de la pollution plastique en milieu marin. L'Australie prend d'ailleurs des mesures sans précédent pour gérer ce problème chez elle, avec des interdictions d'exportation et des investissements parmi les meilleurs au monde dans les infrastructures de recyclage, a indiqué la Ministre. Le pays collabore également directement avec les pays du Pacifique pour trouver des alternatives aux plastiques à usage unique, partant du constat que ce problème ne peut être réglé qu'en travaillant ensemble et en combinant les connaissances et l'expérience.

M. SONG SANG KEUN, Vice-Ministre des océans et des pêches de la République de Corée, a constaté que l'océan, source de vie de l'humanité, souffre au point de devoir se poser des questions sur sa viabilité. Les déchets dans l'océan représentent quasiment un nouveau continent alors que les réserves halieutiques baissent. On ne peut plus se permettre de progresser aussi lentement vers l'ODD 14, a-t-il lancé. Il a indiqué que la République de Corée s'est fixée une feuille de route ambitieuse pour parvenir non seulement à la neutralité carbone d'ici à 2050 mais à un bilan carbone négatif en mettant à l'échelle ses investissements et en misant davantage sur les énergies renouvelables d'origine marine. De même, elle déploie des mesures pour rendre sa flotte plus verte alors que les nouvelles technologies bleues sont d'ores et déjà appliquées à l'aquaculture.

Le Gouvernement coréen lutte aussi contre la pollution marine et s'est fixé des objectifs ambitieux grâce au suivi du cycle de vie de ses déchets plastiques, a expliqué le Vice-Ministre qui a soutenu l'adoption d'un instrument juridiquement contraignant sur cette question d'ici à 2024 avant de rappeler que la septième Conférence sur les déchets marins aura lieu en République de Corée l'année prochaine. Il a par ailleurs appelé à aider davantage les PEID du Pacifique. C'est ce que fait la République de Corée en les dotant de capacités de traçabilité et d'analyse, a fait savoir le Vice-Ministre qui a souligné que la solidarité et la coopération sont les éléments fondamentaux du succès des efforts pour sauver les océans.

M. MERVIN ENRIQUE MALDONADO URDANETA, Vice-Président sectoriel pour la socialisme social et territorial et Ministre du Pouvoir du peuple pour la jeunesse et les sports du Venezuela, a indiqué que pour son pays, les océans constituent des éléments stratégiques qui pèsent, entre autres, sur les questions démographiques, industrielles et touristiques. À l'échelle du pays, le plan national de développement est complété par une loi qui permet le déploiement de programmes visant à protéger et gérer les ressources hydrobiologiques, a indiqué le Vice-Ministre. De plus, une autre loi interdit la pêche au chalut de fond et prévoit des mesures de contrôle de navires battant pavillon national et se livrant à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Ce type de pêche nuisible menace la vie marine et la réalisation de l'ODD 14, a-t-il mis en garde. Il a par ailleurs relevé que son pays est sous le coup de mesures coercitives unilatérales, qui prennent la forme d'un embargo commercial et financier « contraire au droit international » et dont il a exigé la levée.

Mme MAISA ROJAS, Ministre de l'environnement du Chili, a noté que les océans fournissent chaque année des services d'une valeur ajoutée de 2 500 milliards de dollars et assurent la subsistance de milliards de personnes dans le monde. Mais ces mêmes océans pourraient nous apporter plus encore si nous les gérions de manière durable, a estimé la Ministre, précisant que son pays œuvre à une transition permettant de protéger les zones océaniques tout en créant des emplois, en assurant la sécurité alimentaire et en contribuant à la réduction du carbone. Pour cela, le Chili s'est doté d'une politique de conservation et gestion durable des océans, par le biais de laquelle il a fait de 43% de ses eaux nationales des zones marines protégées. Dans le même esprit, il a lancé cette année une campagne scientifique destinée à améliorer la gestion des ressources dans les îles chiliennes et compte déclarer prochainement de nouvelles zones marines protégées. La Ministre a d'autre part indiqué que, dans le cadre du dernier Sommet des Amériques, une coalition régionale a été mise sur pied pour garantir la protection des océans. Il s'agit de collaborer entre pays voisins pour la gestion des zones marines protégées et des routes migratoires, a-t-elle expliqué. Enfin, après avoir évoqué un programme d'économie bleue durable en phase de mise en œuvre, elle a appelé de ses vœux des négociations couronnées de succès dans l'élaboration d'un instrument international juridiquement contraignant sur la préservation de la diversité marine des zones ne relevant pas des juridictions nationales, estimant qu'un tel traité aurait des retombées positives pour la protection de la haute mer.

M. MOHAMMEDALI QURBAN, Directeur du Centre national pour la nature de l'Arabie saoudite, a dit que son pays a créé en 2016 un Ministère de l'eau et de l'environnement, ainsi que cinq centres pour la gestion des déchets et la lutte contre la désertification. Il a mentionné l'initiative « Moyen-Orient vert » visant à augmenter la superficie des zones protégées dans la région, ainsi que le programme pour la protection des coraux. En conclusion, le délégué a souligné la détermination de son pays à réaliser l'ODD 14, insistant sur l'importance d'actions de protection fondées sur la science.

M. ABDULLAH ALI ABDULLAH AL AMRI, Président de l'autorité environnementale d'Oman, a indiqué que les catastrophes croissantes sont l'instinct manifesté par la nature pour recouvrer sa stabilité. Il a détaillé le plan de protection environnementale « Oman 2040 », avec la création de 12 aires marines protégées, la conduite de projets d'aquaculture et de pisciculture, l'interdiction de sacs plastiques à usage unique et la préservation de ressources halieutiques. Il a indiqué que la situation est satisfaisante s'agissant des mers d'Oman, comme le montrent la présence de tortues et de dauphins et l'augmentation des stocks halieutiques. Enfin, il a souligné le grave danger que représente la pollution par hydrocarbure, souhaitant l'inclusion de nouveaux critères relatifs à ce phénomène au sein de l'ODD 14.

M. RAKOTOSOA RADO AIMÉ, Directeur général de l'économie bleue de Madagascar, a souligné l'importance des questions relatives aux océans pour son gouvernement, comme en témoigne la mise en place d'un ministère en charge de l'économie bleue et de la gouvernance de l'océan en août 2021. Son pays est convaincu que l'océan, grâce à une exploitation économique durable et socialement acceptable, peut fournir des emplois décents et contribuer à l'autosuffisance alimentaire, a-t-il dit. Madagascar est prêt à développer une planification spatiale marine acceptée par les communautés de base et les autorités locales, afin d'en faire un outil essentiel et indispensable pour garantir la préservation de la santé de l'océan et promouvoir l'économie bleue, a-t-il expliqué. Le représentant a donc sollicité l'appui de tous les pays, partenaires et donateurs qui seraient prêts à soutenir la mise en œuvre du programme de développement de l'économie bleue nationale, a-t-il plaidé.

M. TAPUGAO FALEFOU, Secrétaire du Gouvernement des Tuvalu, a expliqué que son peuple croit aux concepts de kaitasi, ou propriété partagée, et de fale-pili, ou de bon voisinage, ce qui signifie qu'il assume la responsabilité de partager et de prendre soin de l'océan. Tous les pays du monde doivent partager la bonne gestion de l'océan, mais malheureusement, l'océan est confronté à de terribles dommages causés par l'homme. L'élévation du niveau de la mer due au réchauffement climatique, en particulier, signifie désormais que l'océan qui nous a toujours soutenus menace désormais la survie de nos communautés et même l'existence de notre île natale, a déploré M. Falefou soulignant l'urgence qu'il y a à ralentir les changements climatiques et sauver les océans.

Actuellement, les changements climatiques menacent déjà les lignes de base de la zone économique exclusive (ZEE) des Tuvalu et provoquent un déplacement vers l'Est des stocks de poissons les plus importants, ce qui devrait déplacer le centre de la pêche hors des ZEE des îles du Pacifique vers la haute mer, a-t-il expliqué ajoutant qu'il serait incroyablement injuste qu'un problème, « auquel nous avons si peu contribué, nous fasse perdre nos atouts nationaux les plus précieux ». Il a appelé la communauté internationale à convenir avec le Forum des îles du Pacifique que les limites de leur ZEE ne doivent pas être affectées ou modifiées par l'élévation du niveau de la mer, et que leurs droits sur les stocks de thons dans leurs ZEE existantes doivent être préservés. Il a souligné que les Tuvalu entendent assurer la gestion durable de l'ensemble de leurs eaux, toutefois il ne voit aucun intérêt à fixer un pourcentage arbitraire de ZEE en haute mer pour la pêche commerciale, les stocks de poissons et les flottes qui les pêchent étant de grands migrateurs.

M. EYYÜP KAHRAMAN, Directeur général de la gestion environnementale de la Türkiye, a fait valoir que son pays a placé sous protection 1,5 million d'hectares de zones marines afin d'assurer la durabilité de la biodiversité marine et côtière en Turquie. Nous avons également terminé les études sur la biodiversité marine et côtière de 16 zones de protection environnementale spéciale. Dans le cadre de notre programme national de surveillance maritime, nous surveillons les caractéristiques physico-chimiques de la mer et des eaux côtières, les niveaux de pollution, les herbiers marins, la biodiversité des fonds marins et la pêche économique grâce à notre réseau de surveillance qui compte 423 stations, a indiqué le représentant. À cet égard, il a salué la décision d'entamer des négociations sur un accord mondial visant à mettre fin à la pollution plastique, prise lors de la réunion de l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement qui s'est tenue en mars. Selon lui, le langage utilisé concernant la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer dans la déclaration politique et l'objectif de développement durable no 14 reflète un équilibre délicat. « Nous pensons que cette convention constitue une base solide pour que tous les États et les parties prenantes travaillent ensemble afin d'atteindre l'ODD 14. Je tiens cependant à préciser que les références aux instruments internationaux figurant dans la déclaration politique et auxquels notre pays n'est pas partie ne doivent pas être interprétées comme un changement de la position juridique de la Türkiye », a ajouté le représentant.

M. LUIS VAYAS, Vice-Ministre de la mobilité humaine de l'Équateur, a dénoncé la surpêche, la pollution marine, y compris plastique, « au point d'en arriver quasiment à un point de non-retour ». Cette crise mondiale qui frappe les océans s'inscrit dans une crise environnementale plus large, qui exige des réponses urgentes, a-t-il souligné. Préserver l'écosystème marin fait partie des politiques publiques de l'Équateur, et la réserve marine des Galapagos figure pami les 10 plus grandes au monde et est reconnue comme patrimoine de l'humanité, a-t-il rappelé. Lors de la COP26, le Président équatorien a annoncé la création d'une réserve marine supplémentaire aux Galapagos afin de lutter pour la préservation de la biodiversité marine. En outre, il a signé un accord de coopération et d'assistance technique avec l'UE et d'autres acteurs pertinents à cet effet. La déclaration des Amériques pour les océans, dont l'Équateur fait partie, a pour objectif de parvenir à une plus grande connectivité écologique pour l'océan Pacifique, a indiqué le délégué. Fort de sa volonté de déployer plus de mesures concrètes pour la mise en œuvre de l'objectif de développement durable no 14, son pays soutient un instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique et un futur traité sur l'exploitation en haute mer. Il a ajouté que son gouvernement souhaite faire de la question des océans une thématique transversale de nature à être abordée dans toutes les enceintes appropriées.

Mme SEWA LAMSAL, Représentante du Ministère des affaires étrangères du Népal, a fait observer que, grâce à l'Himalaya, son pays montagneux est relié aux océans à travers l'hydrographie et le cycle hydrologique. Bien que le Népal soit un pays enclavé, les océans et les mers sont vitales pour notre commerce international et notre développement économique, a-t-elle souligné. Elle a cependant averti que le réchauffement climatique entraîne la fonte rapide des glaciers de l'Himalaya et l'explosion des lacs glaciaires, libérant de grands volumes d'eau qui conduisent à des inondations et à des glissements de terrain, mais aussi à l'élévation du niveau de la mer. Dans ce contexte, elle a souligné la nécessité du renforcement des capacités, du transfert de technologie marine et du partage équitable des avantages tirés des ressources marines entre les États Membres, en particulier les PEID, les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral (PDSL). Elle a appelé les pays développés à prendre l'initiative de s'attaquer aux défis climatiques en aidant le monde en développement à mettre en œuvre les ODD, notamment l'ODD 14. Elle a souhaité que cette conférence donne lieu à des engagements renouvelés, accompagnés de ressources prévisibles, pour la conservation des océans et leur utilisation durable.

M. ZACHARIE SOHOU, Directeur de l'Institut de recherches halieutiques et océanologiques du Bénin, a rappelé que son pays, situé dans le golfe de Guinée, compte 125 kilomètres de côtes et est partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Nous ne pouvons donc rester en marge de l'initiative mondiale qui vise à préserver les océans et les écosystèmes marins et côtiers, a-t-il dit, avant de détailler les efforts menés à cette fin par son gouvernement. Il a ainsi précisé que le Ministère du cadre de vie et du développement durable s'occupe de la gestion de l'environnement marin et côtier et que le Ministère de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche se charge des ressources marines vivantes. Parallèlement, le Ministère des infrastructures et des transports traite de la navigation et de l'économie maritimes, tandis que celui de la défense supervise la sécurité et la sûreté maritimes et que le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique suit les recherches en sciences marines et de la formation de spécialistes. Il s'agit notamment de gérer les stocks de poissons marins, d'évaluer l'érosion côtière et de créer deux aires marines protégées, a précisé le responsable. Dans ce cadre, a-t-il poursuivi, le Bénin élabore actuellement sa stratégie nationale de développement de l'économie bleue, laquelle est prise en compte dans le plan national de développement 2018-2025. Il a enfin indiqué que son gouvernement accorde une attention particulière à l'écotourisme balnéaire, tout en luttant contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée afin de préserver les ressources marines béninoises et ainsi garantir la sécurité alimentaire de la population.

M. TALIB ALSAAD, Vice-Ministre des transports de l'Iraq, a mis l'accent sur les fléaux dont souffrent les océans, en particulier la pollution plastique. Si nous n'agissons pas collectivement face aux déchets déversés dans les océans, le poids du plastique sera supérieur d'ici à 2050 à celui des poissons, a-t-il averti, avant de réitérer son appui à la résolution adoptée en mars dernier, lors de la cinquième session de l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement, qui vise à mettre fin à la pollution plastique et à rédiger un traité sur cette question d'ici à 2024. Il faut que nous agissions à l'unisson pour protéger les océans et déployer une vision environnementale soutenue, a plaidé le Ministre, ajoutant que son pays y contribue au travers de différentes mesures et législations, dont une loi qui sera prochainement promulguée sur la sûreté de la navigation. Souhaitant que la Conférence de Lisbonne permette de conforter les engagements pris lors du sommet organisé en février à Brest sur la préservation des océans, il a assuré que l'Iraq soutient les initiatives destinées à renforcer les 17 ODD à l'horizon 2030.

M. LUIS PLANAS PUCHADES, Ministre des pêcheries, de l'agriculture, de l'alimentation et des affaires environnementales de l'Espagne, a rappelé que son pays dispose de 10 000 kilomètres de côtes et entretient un lien fondamental avec l'océan. La pêche durable est cruciale pour réaliser le Programme 2030, a-t-il souligné, en appelant à lutter contre la surpêche et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Il a appelé à mieux comprendre les conséquences des changements climatiques sur les océans. Il a insisté sur le rôle pionnier joué par son pays dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, avant de saluer l'accord récent conclu sur la pêche au sein de l'OMC. Il a enfin souligné l'importance des négociations en cours sur la pollution plastique.

Après avoir condamné l'agression de la Russie contre l'Ukraine, M. ANTTI TOOMING, Secrétaire général adjoint au Ministère de l'environnement de l'Estonie, a indiqué que les mers sont au cœur de l'identité nationale estonienne, en soulignant la volonté de son pays pour étendre la superficie des aires marines protégées. Il a mentionné le programme de recherches marines conduit par son pays, avant d'insister sur l'acuité de la menace posée par la pollution marine. Il a demandé qu'une attention accrue soit portée aux polluants pharmaceutiques. Un petit pays comme le mien peut faire beaucoup, même si cela ne suffira pas, a-t-il déclaré. Enfin, il a appelé à s'interroger sur ce que sont les besoins des océans et sur la manière dont il est possible de préserver leur santé.

(à suivre)