Un pas de plus vers l’accessibilité des nouveaux médicaments

« Comme la plupart des défenseurs des intérêts des patients, je n'ai pas grandi avec l'intention de jouer ce rôle. La raison pour laquelle je me suis justement retrouvée à défendre les intérêts des patients est qu'en 2011, mon mari a été diagnostiqué avec un mélanome métastatique, et qu'il en est mort en moins d'un an. »

Ce sont les propos de Bettina Ryll, fondatrice du Melanoma Patient Network Europe et vice-présidente du Groupe de travail n° 3 (GT3) de la Plateforme pour l'accès aux nouveaux médicaments sur la durabilité.

« Il est décédé juste avant l'arrivée des nouvelles thérapies. Il a participé à plusieurs essais cliniques avec ces nouvelles thérapies qui ont transformé la maladie, passant d'un taux de survie à 5 ans inférieur à 5 % dans le cadre métastatique à un taux de survie plus élevé pour un plus grand nombre de patients », explique Bettina.

S'il existe aujourd'hui un certain nombre de nouvelles thérapies pour traiter le mélanome, elles ne sont malheureusement pas accessibles à tous.

« Les nouveaux médicaments sont extrêmement prometteurs, mais leur prix est souvent élevé, ce qui rend difficile leur adoption par les systèmes de santé. Personnellement, je trouve inacceptable que nous possédions des traitements qui sauvent des vies mais que nous ayons du mal à les rendre accessibles », ajoute Bettina.

« L'enseignement que j'en ai tiré est que nous sommes en présence d'une incohérence systémique. Nous avons besoin d'un espace neutre où les parties prenantes peuvent collaborer sans craindre d'être blâmées, en se concentrant plutôt sur la recherche de solutions qui profitent à toutes les personnes concernées. »

Comment garantir un accès durable ?

Pour parvenir à la couverture sanitaire universelle, il faut garantir un accès durable aux médicaments nouveaux et à prix élevé. L'OMS/Europe collabore avec différents acteurs par l'intermédiaire de la Plateforme pour l'accès aux nouveaux médicaments, un espace neutre pour les patients et les représentants de l'industrie, de la société civile, des pouvoirs publics et d'autres parties prenantes qui leur permet de se rassembler et d'examiner des solutions en vue d'atteindre cet objectif.

En mars 2024, ces différents acteurs ont participé à la première réunion en présentiel du GT3 organisée dans le cadre de la plateforme au National Institute for Health and Care Excellence (NICE) à Manchester (Royaume-Uni).

« Le Département britannique des soins de santé et de l'aide sociale est reconnaissant à l'OMS pour son travail sur la plateforme, et au NICE pour avoir présidé l'un des principaux groupes de travail. La nouvelle plateforme adhère aux objectifs énoncés dans notre cadre de santé mondiale de 2023, notamment en ce qui concerne les sciences et les technologies », a expliqué Matt Harpur, directeur adjoint chargé de la collaboration multilatérale et du G7/G20 au Département des soins de santé et de l'aide sociale.

« Nous devons savoir dès le départ quel est notre objectif », a expliqué Meindert Boysen, président du GT3 et responsable des affaires internationales chez NICE. « Les patients cherchent à avoir accès, dans la Région européenne, à des médicaments nouveaux et à prix élevé, et ils ne pourront y parvenir que si toutes les parties prenantes travaillent ensemble, sur la base de la transparence, de la solidarité et de la durabilité. »

Les membres du GT3 ont examiné la manière d'améliorer la durabilité des systèmes de santé pour toutes les parties prenantes, et ont émis des propositions concrètes pour un travail commun sur des études de cas et des projets de démonstration - des éléments constitutifs distincts alignés au sein d'un système dynamique.

Prochaines étapes

Natasha Azzopardi-Muscat, directrice de la division Politiques et systèmes de santé des pays à l'OMS/Europe, souligne que « si le fait de réunir toutes les parties prenantes constitue en soi une contribution importante, nous tenons à ce que la plateforme ne serve pas simplement de forum de discussion. Nous espérons au contraire qu'elle débouchera sur des propositions réalisables reflétant les domaines de collaboration potentielle entre les parties prenantes. »

Les 2 et 3 juillet 2024, la plateforme réunira les parties prenantes de l'ensemble de la Région européenne de l'OMS afin de dégager un consensus. Tous les groupes de travail pourront à cette occasion partager leurs projets de propositions entre eux et avec la plateforme au sens large afin que les parties prenantes puissent procéder à une consultation à ce sujet et établir un ordre de priorité. L'ensemble des propositions et des résultats prioritaires axés sur des projets de démonstration serviront alors de preuves de concept en vue d'une application à grande échelle et d'une mise en œuvre futures dans la Région.

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