03/22/2024 | Press release | Distributed by Public on 03/22/2024 10:41
"Le diesel tue", écrivait FNEsur les murs du périphérique de Paris en 2012. Si la vente des véhicules diesel, qui a longtemps dominé le marché français, connait une chute spectaculaire ces derniers années, la part de ces véhicules dans le parc roulant sur les routes françaises reste majoritaire. Les émissions de ce carburant n'ont pas fini de noircir nos poumons. 12 ans plus tard, le diesel tue toujours : zoom sur un scandale sanitaire qui traîne en longueur…
En France le diesel reste le premier émetteur de NO2, un polluant responsable de 7000 morts par an d'après une étude de Santé Publique France publiée en 2021… c'est 2 fois plus que les accidents de la route ! Dans des agglomérations comme Grenoble ou Nancy ce gaz polluant est à l'origine de 4% de la mortalité annuelle totale.
Même pour les Diesel les plus récents, classés Crit'Air 2, les systèmes de dépollution du NO2à l'AdBlue ne sont pas efficaces sur les 20 premiers kilomètres, lors de leur montée en chauffe. Ces dispositifs sont donc inefficaces en ville où les trajets sont relativement courts. Or c'est justement en zone urbaine que le plus grand nombre de personnes sont exposées et victimes potentielles de la pollution de ces véhicules.
Le diesel n'émet pas seulement du gaz polluant, mais aussi des particules ultrafines. Ces particules sont toxiques et si petites qu'elles peuvent pénétrer au plus profond du corps humain, traverser la barrière sanguine et toucher l'ensemble des organes.
Si ces particules ultrafines sont les plus dangereuses pour la santé à cause de leur taille, elles le sont aussi pour le diesel en raison de leur composition. A leur surface, se trouvent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dont le benzo[a]pyrène (BaP), ainsi que du carbone suie (BC), des polluants nocifs pour la santé.
Les émissions du diesel sont classées comme cancérigène certain par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
En savoir plus sur la pollution de l'air
Le diesel est un tueur qui coute cher à la société : une étude de 2018 démontre qu'il est responsable de 75% des coûts totaux du trafic routier sur la santé en Europe (EPHA).
Toutes les étapes du cycle de vie du diesel émettent des gaz à effets de serre contribuant au réchauffement climatique. La production du gazole nécessite le raffinage du pétrole brut, un combustible fossile. Son utilisation émet du CO2en forte quantité, bien que légèrement inférieur aux véhicules essence. Ce léger avantage est largement compensé par ses émissions de carbone suie, dont le pouvoir réchauffant est puissant. En effet, ce polluant capte les rayons du soleil et réchauffe l'atmosphère, se dépose sur tous les glaciers du monde, même les plus éloignés, et en accélère la fonte.
Les émissions du diesel sont règlementées par le biais des normes "Euro" s'appliquant aux véhicules. Or, le Dieselgate ou l'Affaire Volkswagen, a révélé une vaste fraude de la part des constructeurs automobiles mise au jour en 2015 par le Conseil international sur les transports propres (ICTT).
Presque tous les constructeurs automobiles ont eu recours pendant des années à différentes techniques pour réduire artificiellement les émissions de NO2durant les tests d'homologation des véhicules. Sur la route en conditions réelles de conduite, la Commission indépendante dite "Royal" mise en place en France a observé des dépassements jusqu'à 17 fois supérieurs à la norme. Les émissions de CO2et la consommation de ces véhicules étaient par ailleurs plus élevées que prévu.
FNEet le RAC étaient les seules associations membres de cette commission Royal, autrement composée d'experts scientifiques et techniques, de différents ministères et de décideurs politiques. Les travaux de la commission ont été très médiatisés et ont conduit à la refonte des conditions des tests d'homologation pour les véhicules au niveau européen. Des rappels des véhicules concernés étaient préconisés par les experts, mais les travaux de cette commission ont pris fin suite aux élections de 2017 et n'ont pas été reconduits par aucun gouvernement ensuite.
En parallèle, FNEa travaillé avec succès pour que la pastille Crit'Air 1 ne soit pas accordée aux véhicules diesel, dans le cadre notamment de nos travaux au sein du Conseil National de l'Air.
Sur nos routes 3 millions de véhicules Diesel sont suspectés de polluer beaucoup plus que la norme. C'est ce que révèle une étude du Conseil International pour les transports propres (ICCT) publiée en mars 2023 qui analyse les tests de véhicules effectués en Europe par des organismes publics ou indépendants. Cette analyse montre qu'au moins 77% des modèles présentent des émissions «suspectes» et 40% des modèles des niveaux d'émissions «extrêmes», laissant à penser qu'ils sont équipés de dispositifs interdits d'invalidation des systèmes de réduction des émissions. Il s'agit de voitures diesel vendues jusqu'en septembre 2019 que l'on retrouve dans la gamme de presque toutes les marques.
Alors qu'aux Etats-Unis, les autorités ont agi rapidement suite aux révélations du dieselgate et imposé aux constructeurs la mise en conformité ou le remboursement des véhicules aux moteurs truqués, une action équivalente dans les pays européens se fait toujours attendre. Pourtant, une loi européenne entrée en vigueur en septembre 2020 oblige les Etats-membres à tester la conformité des véhicules en circulation et à contraindre les fabricants à prendre des mesures correctives si besoin.
Face à l'inaction de la France, FNE, avec ClientEarth et Consommation Logement Cadre de Vie, tente d'obtenir des informations sur les actions engagées par le gouvernement et envisage une action auprès de la justice si les actions engagées ne sont pas à la hauteur de l'enjeu sanitaire.
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