05/16/2024 | News release | Distributed by Public on 05/16/2024 02:08
Les entraves à une alimentation suffisante et saine sont nombreuses et complexes, allant du manque de soins nutritionnels adaptés dès la petite enfance à une alimentation déséquilibrée et à des services de santé de qualité souvent hors de portée pour bon nombre de personnes. Cependant, une lueur d'espoir émerge de l'alliance dynamique entre les secteurs public et privé, incarnée par le soutien aux entreprises locales spécialisées dans la production et la distribution « d'aliments fortifiés ».
Plutôt que de déployer des stratégies d'aide alimentaire ponctuelles qui manquent trop souvent leur cible et sans effets pérennes sur l'amélioration de la qualité de l'alimentation des populations les plus précaires, des acteurs du développement toujours plus nombreux, dont l'AFD, privilégient désormais une approche plus pragmatique et durable en apportant directement leur soutien financier et technique aux entreprises locales qui font le choix de commercialiser des aliments fortifiés. Cette approche dite de « fortification alimentaire ciblée » consiste à soutenir la commercialisation d'aliments riches en vitamines et en minéraux essentiels conçus spécifiquement pour les femmes enceintes, allaitantes et les enfants de 6 mois à 2 ans.
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Un virage judicieux, dans la mesure où le tissu économique local joue un rôle vital dans la prévention de la malnutrition pendant les fameux « mille premiers jours », ce moment de vie qui court de la grossesse aux deux ans révolus de l'enfant et qui constitue une période clef pour son développement, sa santé et celle de l'adulte qu'il deviendra, et qui n'est pas sans poser un certain nombre de défis.
« La capacité locale à produire et distribuer ces aliments reste limitée. Faute de réel modèle économique, la plupart des initiatives privées échouent, a rappelé durant la conférence Nicolas Le Guen, responsable des partenariats avec la société civile à l'AFD. C'est pourquoi il est primordial de développer un modèle économique pérenne, en tenant compte des réalités du secteur privé. Cela implique notamment de garantir la durabilité financière et opérationnelle des initiatives mises en place, mais pas seulement. Pour que cette stratégie fonctionne, une attention particulière à la qualité des produits, à leur production et distribution, ainsi qu'au respect des réglementations en vigueur, s'impose. Enfin, parallèlement, il est crucial d'investir dans la recherche et le développement pour améliorer constamment les produits et les processus, afin de mieux répondre aux besoins nutritionnels de la population sur le long terme. »
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C'est ce à quoi s'emploie le Gret qui, en partenariat avec l'IRD, favorise déjà depuis plusieurs années les partenariats public-privé avec un double objectif : développer des aliments locaux répondant aux besoins nutritionnels tout en tenant compte des attentes des populations visées en termes de goût et de prix. Le Gret propose aux entreprises cherchant à commercialiser des aliments fortifiés une assistance technique complète, allant du développement de produits à la gestion, l'acheminement de la production, le contrôle qualité, la gouvernance mais aussi… le marketing ! Un volet trop souvent oublié selon Clémence Boulle Martinaud, responsable de l'équipe programme « Santé : nutrition et protection sociale » du Gret, qui collabore avec de nombreux États et institutions locales pour mettre en œuvre des campagnes de communication sociale visant à sensibiliser aux enjeux nutritionnels et à promouvoir les entreprises qui font le choix de se focaliser sur la production d'aliments fortifiés.
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C'est dans cette optique qu'en 2013, le Gret, présent depuis plus de trente ans à Madagascar, a fondé avec le soutien financier de l'AFD et scientifique de l'IRD l'entreprise sociale Nutri'zaza. En réponse à la crise de la malnutrition touchant près de la moitié des enfants à Madagascar, l'entreprise est entièrement dédiée à la production et à la distribution d'aliments fortifiés, dont la fameuse Koba Aina, une farine infantile produite localement par l'entreprise TAF.
Pour être certaine d'atteindre sa cible, Nutri'zaza a développé un réseau aux ramifications complexes, comme le détaille Mandresy Randriamiharisoa, directeur général de Nutri'zaza : « Nous avons recours à trois types de réseaux de distribution : le premier est un réseau de distribution classique qui dessert les épiceries, les grossistes et les grandes et moyennes surfaces. Derrière cela, un autre réseau de distribution s'est ajouté, qui dessert les ONG et les institutions de Madagascar. Et enfin, un troisième système de distribution, essentiel à mon avis, qui met beaucoup l'accent sur la proximité et qui est composé d'infrastructures situées au cœur des quartiers vulnérables, que nous appelons des "restaurants pour bébés". Parallèlement à cela, nous avons également tout un réseau de personnes qui distribuent les produits littéralement de porte à porte. »
Alors que les acteurs du développement se convertissent peu à peu à une approche résolument pragmatique dont Nutri'zaza constitue l'exemple le plus abouti, la France s'engage également à lutter contre la malnutrition de manière plus globale, en priorisant la période des 1 000 premiers jours de vie. Comme l'a confirmé Brieuc Pont, secrétaire général du sommet Nutrition for Growth (N4G), lors de la conférence, cette stratégie sera mise en avant lors du prochain sommet N4G en mars 2025 : «La France demeure déterminée à mobiliser les financements et les ressources nécessaires pour continuer cette lutte cruciale contre la malnutrition à l'échelle mondiale. »
Revoir la conférence :