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09/23/2021 | Press release | Distributed by Public on 09/23/2021 12:14

Assemblée générale: Suite du débat général

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

La pandémie de COVID-19 a changé pour toujours la nature de notre engagement multilatéral, a affirmé M. CYRIL RAMAPHOSA, Président de la République sud-africaine, dans son message préenregistré, à l'entame de son discours. Citant les ravages causés par l'épidémie, le chef de l'État a souligné que les liens forts de solidarité entre les États avaient permis de surmonter les plus grands défis. Mais si les vaccins sont considérés comme la meilleure manière de se défendre, il est très inquiétant que la communauté internationale n'ait pas respecté les principes de solidarité et de coopération pour en assurer un accès équitable, a dénoncé M. Ramaphosa. Il a rappelé que 82% des doses de vaccin mondiales ont été obtenues par des pays riches alors que moins d'1% ont été attribuées aux pays à faible revenu. Dans ce contexte, il a lancé un appel à une distribution juste et équitable. Le président a ensuite plaidé en faveur d'une levée temporaire de certaines clauses de l'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, afin de permettre à davantage de pays de produire des vaccins contre la COVID-19.

M. Ramaphosa a ensuite appelé à augmenter les investissements pour donner aux pays à faible revenu les moyens de mettre en place les objectifs de développement durable (ODD), dans un contexte de pandémie. Il en a profité pour saluer l'initiative du gel de la dette du G20. Quant à l'allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) d'un montant de 650 milliards de dollars, elle est significative mais non suffisante, a tranché le Président. « L'Afrique du Sud renouvelle son appel pour que 25% de la somme soit mise à la disposition du continent africain. »

Sur le sujet des changements climatiques, le Président a souligné que « les pays africains sont parmi ceux qui en paient les plus grands frais alors qu'ils en sont le moins responsables ». Il a donc appelé à plus d'ambition et de progrès pour le sommet de la COP26 prévu à Glasgow. La COP26 doit lancer un programme formel de travail pour mettre en œuvre l'objectif mondial sur l'adaptation, a-t-il réclamé.

Expliquant que la pandémie avait rappelé notre dépendance mutuelle, M. Ramaphosa a plaidé en faveur d'un approfondissement des relations entre l'ONU et l'Union Africaine (UA). L'Afrique du Sud va continuer ses efforts pour contribuer à la paix mondiale et à la sécurité, a-t-il promis. Il a ensuite évoqué la question de la Palestine: « Nous croyons profondément qu'il n'y aura ni paix ni justice tant que le peuple palestinien ne sera pas libéré de l'occupation et capable d'exercer ses droits ». Le Sahara occidental a le droit à l'autodétermination, a ensuite déclaré le Président d'Afrique du Sud. Il a enfin affirmé sa solidarité avec le peuple cubain et a appelé à la levée de l'embargo économique.

Le Président sud-africain a aussi regretté que, 16 ans après le Sommet mondial de 2005, où les leaders du monde entier se sont mis d'accord sur une réforme du Conseil de Sécurité, « nous n'avons pas respecté cet engagement ». L'Afrique du Sud renouvelle son appel pour une réforme urgente et des négociations directes sur un texte, a-t-il lancé, espérant ainsi qu'un accord puisse finalement être conclu. « Nous devons remédier au problème de la sous-représentation du continent africain dans le système de l'ONU et s'assurer que la voix du continent soit renforcée au sein du système multilatéral. » Le Président a également attiré l'attention sur l'importance de la question de la parité entre les genres au sein de l'ONU.

Hier, nous avons célébré le vingtième anniversaire de l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, a rappelé M. Ramaphosa. « Nous avons une responsabilité commune pour combattre à la fois l'héritage du racisme passé et sa manifestation de nos jours. » Citant les défis de la reprise économique, de l'égalité des genres, des changements climatiques, de la paix, de la sécurité, et de la pauvreté, M. Ramaphosa a fait valoir que ces questions pourront être réglées seulement grâce à un système multilatéral réformé, avec en son centre l'ONU.

M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président de la République du Guyana, a relevé que les peuples du monde vivent sous « un nuage d'incertitude » du fait des ravages de la COVID-19 et des changements climatiques, dont les capacités de destruction augmentent chaque jour. La pandémie a joué un rôle de révélateur, mettant en évidence les faiblesses du système international et encourageant les nationalismes et « les intérêts nationaux égoïstes », a-t-il noté avec pessimisme. La pandémie a aussi saccagé le Programme de développement durable à l'horizon 2030: « les acquis en termes de développement ont été annulés, la pauvreté s'est étendue et les inégalités se sont creusées ». Il a rappelé l'appel du gouvernement guyanais à augmenter les ressources à disposition des États en fonction de leurs vulnérabilités et pas seulement sur la base du niveau de revenu par habitant, qualifié d'« instrument de mesure trompeur ». Faute de quoi, la croissance des pays en développement ne sera pas rétablie et les politiques économiques et sociales ne seront pas réalignées sur le Programme 2030, a prévenu M Ali.

Ces répercussions seront également ressenties par les pays riches, le virus ne connaissant pas de frontières, et « ceux qui, au début de la pandémie, se sont concentrés sur leur sécurité, comprennent maintenant qu'ils ne seront pas en sécurité tant que nous ne le serons pas tous », a noté le Président. À cet égard, il a salué la tenue d'un sommet sur la COVID-19 organisé par le Président des États-Unis, sommet ayant abouti à des engagements en faveur d'une action mondiale conjointe ainsi qu'à l'allocation de ressources supplémentaires. M. Ali s'est aussi félicité qu'en début de mois, les dirigeants du FMI, de la Banque mondiale, de l'OMS et de l'OMC aient rencontré les dirigeants de grands laboratoires privés pour discuter des stratégies visant à améliorer l'accès aux vaccins dans les pays à faible revenu et en Afrique.

Concernant la lutte contre les changements climatiques, le dirigeant guyanais a émis l'espoir que « les pires émetteurs de gaz à effet de serre », menaçant le bien-être de l'humanité, se rendent compte qu'au bout du compte, il ne leur servirait pas à grand-chose d'être « les rois d'un monde de poussière ». Arguant qu'il y reste « moins de 5% de chances de maintenir les températures bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, et moins de 1% de chances d'atteindre l'objectif de 1,5°C fixé par l'Accord de Paris », il a déploré que les pays pollueurs n'aient pas encore tenu parole et que « la méfiance règne dans l'air désormais ». Les petits États insulaires et les pays côtiers de faible élévation, comme le Guyana, seraient les premiers à en subir de plein fouet les effets, a-t-il craint.

Le Président a fait valoir que le Guyana est un pays absorbeur de carbone: ses forêts en absorbent bien plus que n'en produit l'activité humaine. « Dans ces circonstances, nous estimons avoir le droit d'insister sur un système équitable de partage des charges », a pointé M. Ali.

Le Président du Guyana a enfin porté l'attention de l'Assemblée sur « un contentieux territorial l'opposant à la République bolivarienne du Venezuela » et sur « les menaces manifestes et continues que le Venezuela fait peser sur l'intégrité territoriale et la souveraineté du Guyana ». Récemment, a-t-il indiqué, un accord a été conclu à Mexico entre les factions en conflit au Venezuela: « elles y ont renouvelé une revendication sans fondement sur les deux tiers du territoire du Guyana. » « Le Guyana ne sera pas sacrifié pour régler les différends politiques internes du Venezuela », a fermement prévenu son président. Il a rappelé que dans un accord signé à Genève en 1966, le Venezuela avait consenti à laisser le Secrétaire général de l'ONU décider des moyens de régler la controverse. Le Secrétaire général avait choisi la Cour internationale de Justice (CIJ), a-t-il souligné, appelant dès lors les deux parties à s'en tenir à la décision finale de la Cour.

Dans son message préenregistré, M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORE, Président du Burkina Faso, a d'entrée plaidé pour « un multilatéralisme encore plus renforcé et plus engagé ». En effet, a fait observer M. Kabore, outre le défi de la pandémie de COVID-19, de nombreux pays dans le monde font face aujourd'hui à d'autres fléaux tels que le terrorisme, le dérèglement climatique, la pauvreté́. Tout indique que si la tendance se maintient, les objectifs de développement durable, à l'horizon 2030, ne seront malheureusement pas atteints, a averti le Président burkinabé.

S'agissant particulièrement de la maladie à du coronavirus, il a fait valoir que, grâce au Mécanisme Covax et grâce à des gouvernements de pays amis, le Burkina Faso a reçu des doses de vaccins. Le programme de vaccination est donc en cours. Le Président a saisi cette occasion pour lancer un appel pressant à une plus grande solidarité́ internationale afin de nous permettre d'être véritablement à l'abri des effets dévastateurs de cette pandémie. En outre, la lutte contre la COVID-19 ne doit pas nous faire oublier la lutte contre le VIH-Sida, considérée aussi comme une pandémie, a-t-il demandé.

Le terrorisme demeure un autre grand défi auquel nous devons faire face au regard des nombreuses victimes à travers le monde, a poursuivi M. Kabore. Il a fait savoir que la situation sécuritaire au Burkina Faso continue de se dégrader, surtout dans la zone des trois frontières (Burkina Faso, Mali, Niger), mais aussi dans d'autres régions du pays. Il a promis que tout sera mis en œuvre pour garantir la sécurité́ dans toutes les régions menacées du pays, voulant rassurer la communauté́ internationale sur le fait que les opérations militaires, à l'instar de celles déjà̀ réalisées, seront menées dans le strict respect des droits humains.

Le Président a tenu à dire que la stabilité́, la sécurité́ et la paix au Sahel ne sont pas seulement l'affaire des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), « surtout que la situation résulte de l'effondrement de la Libye en 2011 ». Il s'agit de paix et de sécurité́ internationales, a-t-il martelé, jugeant dès lors nécessaire, voire même urgent pour la communauté́ internationale et particulièrement le Conseil de sécurité́, de soutenir les pays du G5 Sahel. La meilleure façon de le faire, selon lui, serait de placer le mandat de la Force Conjointe du G5 Sahel sous le chapitre VII de la Charte des Nations-unies. Pour l'heure, il a salué les efforts de coordination et de coopération des États membres de la Communauté́ économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) dans la lutte commune contre le terrorisme.

Sur le volet économique, il a évoqué le Plan national de développement économique et social (PNDES II) 2021-2025, un nouveau référentiel de développement dans son pays qui va nécessiter 19.000 milliards de FCFA, soit environ 34 milliards de dollars américains, dont 63% seront assurés par le budget national. Il a saisi cette tribune pour remercier tous les partenaires techniques et financiers, bilatéraux, multilatéraux et privés, qui « nous ont accompagnes ».

En ce qui concerne la question des changements climatiques, il a dit que la fréquence des événements extrêmes avec leurs terribles conséquences « nous interpelle sur l'urgence d'une action forte et concertée ». D'autant plus, a-t-il souligné, qu'au Burkina Faso, on estime à 34% du territoire la superficie totale des terres de production dégradées du fait non seulement de l'action de l'Homme, mais aussi et surtout de la sécheresse et des inondations endémiques.

Face aux différents défis ardus auxquels le monde fait face, le Président burkinabé a appelé, pour finir, à une Organisation des Nations-unies encore plus forte, à un multilatéralisme plus renforcé et à une communauté́ internationale plus que jamais engagée.

- Son Excellence Miguel Díaz Canel Bermúdez, Président, République de Cuba (déclaration préenregistrée)

« Nous vivons une époque incertaine », a constaté M. MIGUEL MARIO DÍAZ-CANEL BERMÚDEZ, Président de Cuba, observant que, sous l'effet d'une pandémie qui exacerbe les inégalités structurelles, le rôle du multilatéralisme et des Nations Unies est devenu de plus en plus important. Pourtant, a-t-il regretté, la coopération internationale reste insuffisante et l'application de « recettes néolibérales » a réduit les capacités des États à répondre aux besoins de leurs populations. De fait, les plus vulnérables sont laissés sans protection, tandis que les nations riches, les élites et les sociétés pharmaceutiques transnationales augmentent leurs profits. Il est donc « moralement urgent », selon lui, de conjuguer les efforts pour le bien de l'humanité, a fortiori quand des centaines de millions de personnes dans les pays à faible revenu attendent toujours leur première dose de vaccin contre la COVID-19. Pendant ce temps, a-t-il dénoncé, les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2020 près de 2 000 milliards de dollars. Combien de vies auraient pu être sauvées si ces ressources avaient été utilisées pour la santé ou la production et la distribution de vaccins? À ses yeux, la réponse à cette question passe par la transformation d'un ordre international « profondément inégal ». Une ONU « revitalisée, démocratisée et renforcée » est appelée à jouer un rôle central dans cet effort, a plaidé le Président cubain.

M. Díaz-Canel Bermúdez s'est ensuite élevé contre « l'abus pernicieux » des mesures de coercition économique, qui sont devenues un instrument central de la politique étrangère des États-Unis. Par ce biais, le Gouvernement de ce pays fait pression sur des États souverains pour qu'ils agissent contre ceux qu'il identifie comme des adversaires. Il exige de ses alliés qu'ils forment des coalitions pour renverser les gouvernements légitimes, enfreindre les engagements commerciaux, interdire certaines technologies et appliquer des mesures judiciaires injustifiées contre les citoyens des pays qui ne s'y soumettent pas. Bref, a-t-il pointé, nous assistons aujourd'hui à des pratiques politiques inacceptables dans le contexte international, qui vont à l'encontre de l'engagement universel de respecter la Charte des Nations Unies, y compris le droit souverain à l'autodétermination.

Depuis plus de 60 ans, le Gouvernement des États-Unis n'a cessé d'attaquer Cuba, a poursuivi M. Diaz-Canel Bermúdez, estimant qu'en ces temps de pandémie, une telle agressivité « dépasse les limites ». Alors que le blocus le plus long jamais appliqué contre une nation est exacerbé par cette crise, l'administration démocrate actuelle maintient en vigueur les 243 mesures de coercition adoptées par le Gouvernement de Donald Trump, y compris l'incorporation de Cuba à la liste « fallacieuse et immorale » des pays qui parrainent le terrorisme, a-t-il souligné, fustigeant les campagnes de manipulation et de mensonges menées par les États-Unis pour renvoyer une image fausse de la réalité cubaine, déstabiliser le pays et justifier un changement de régime. « Nos ennemis doivent savoir que nous ne renoncerons jamais à la patrie et à la Révolution que plusieurs générations de patriotes nous ont léguées », a averti le Président cubain. Dans ce contexte, les défis colossaux ne nous intimident pas, a-t-il assuré, rappelant que son pays, fidèle à sa tradition de solidarité, a envoyé plus de 4 900 collaborateurs, organisés en 57 brigades médicales, dans 40 pays et territoires touchés par la COVID-19. Ces mêmes personnes se sont portées au secours du peuple haïtien après le récent tremblement de terre, s'est-il enorgueilli, se disant également fier de la communauté scientifique cubaine qui, malgré d'énormes lacunes, a créé trois vaccins et deux candidats vaccins contre la COVID-19. Nous aspirons à immuniser totalement la population d'ici fin 2021, a-t-il précisé.

Affirmant par ailleurs soutenir l'aspiration à l'indépendance totale de la région d'Amérique latine et des Caraïbes et son engagement à être une zone de paix, le Chef d'État a dit s'opposer aux tentatives de déstabilisation et de subversion de l'ordre constitutionnel au Venezuela. De même, a-t-il ajouté, nous réitérons notre ferme soutien au « peuple frère nicaraguayen » et à son gouvernement de réconciliation et d'unité nationale, tout comme nous accompagnons les nations des Caraïbes dans leurs demandes de justes réparations pour les horreurs de l'esclavage et de la traite négrière. Le Président cubain s'est d'autre part prononcé pour l'indépendance de Porto Rico, tout en appuyant les revendications de l'Argentine sur les « îles Malvinas ». Il a aussi exigé la cessation des ingérences extérieures en Syrie, appelé à la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens et condamné les mesures coercitives unilatérales imposées à la République islamique d'Iran et à la République populaire démocratique de Corée. Enfin, il a jugé que les Nations Unies « ne peuvent ignorer la leçon de l'Afghanistan », laquelle a démontré que « là où les États-Unis interviennent, l'instabilité, les décès et les souffrances augmentent, et il y a des cicatrices durables ».

à suivre...