WHO - World Health Organization

05/08/2024 | Press release | Distributed by Public on 05/09/2024 18:23

Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse – 8 mai 2024

Bonjour ou bonsoir,

Parlons d'abord de Gaza. Nous sommes profondément préoccupés par l'intensification des activités militaires d'Israël à Rafah, où la plupart des habitants de Gaza ont fui pour être en sécurité.

On estime que 30 000 à 40 000 personnes ont quitté Rafah pour Khan Younis et Deir al-Balah, mais que plus de 1,4 million de personnes, dont 600 000 enfants, sont toujours en danger à Rafah.

L'un des trois hôpitaux de Rafah - l'hôpital An-Najjar - a déjà dû fermer. Ses patients ont été déplacés et le personnel retire les fournitures et certains équipements pour les protéger.

Le point de passage de Rafah entre l'Égypte et Gaza, qui est un point d'accès important pour les approvisionnements, reste fermé.

Alors que nous pensions que le carburant serait autorisé à entrer aujourd'hui, il ne l'a pas été, ce qui signifie que les réserves de carburant disponibles nous permettent de faire fonctionner les services de santé dans le sud pendant trois jours seulement.

L'OMS a prépositionné des fournitures dans des entrepôts et des hôpitaux, mais si aucune aide supplémentaire n'entre à Gaza, nous ne pouvons pas continuer à apporter un soutien vital aux hôpitaux.

L'OMS n'a pas l'intention de se retirer de Rafah et restera aux côtés de ses partenaires.

L'OMS coordonne à Gaza l'action de 20 équipes médicales d'urgence, composées de 179 membres internationaux de 30 pays, qui travaillent aux côtés de 800 locaux.

Ces équipes sont intégrées dans 10 hôpitaux et ont mis sur pied cinq hôpitaux de campagne.

Elles ont assuré près de 400 000 consultations, effectué plus de 18 000 interventions chirurgicales et ajouté plus de 500 lits d'hospitalisation.

Elles interviennent à tous les niveaux de soins, dans le nord et le sud : elles assurent la stabilisation des blessés, pratiquent des accouchements, facilitent l'alerte précoce en cas d'épidémie, et font bien plus encore.

Avec le soutien de l'OMS et du personnel hospitalier, les équipes médicales d'urgence ont nettoyé le complexe médical Nasser à Khan Younis, après une attaque et un siège cette année.

Elles ont recruté des soignantes et des soignants et l'hôpital est prêt à commencer à recevoir des patients dialysés dès aujourd'hui.

Un cessez-le-feu doit être instauré de toute urgence pour le bien de l'humanité.

L'OMS appelle à la levée de tous les obstacles à l'acheminement de l'aide humanitaire d'urgence à Gaza, à l'échelle requise.

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Passons maintenant au Soudan, confronté à une catastrophe humanitaire après plus d'un an de combats.

Plus de 15 000 morts et 33 000 blessés ont été recensés depuis le début du conflit en avril de l'année dernière.

15 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence pour la santé.

Près de 9 millions de personnes ont été déplacées, dont la moitié sont des enfants, et ont un accès extrêmement limité aux services de santé.

Plus de 70 % des hôpitaux des États touchés par le conflit et près de la moitié des établissements de santé dans le reste du pays ne fonctionnent pas.

Ceux qui fonctionnent sont submergés par les personnes qui ont besoin de soins, dont beaucoup sont déplacées à l'intérieur du pays.

Les établissements de santé, les ambulances, les soignants et les patients continuent d'être attaqués, ce qui prive des communautés entières de services de santé essentiels.

La semaine dernière, deux de nos collègues du Comité international de la Croix-Rouge ont été tués au Darfour du Sud.

Le conflit a terriblement dégradé la sécurité alimentaire. Plus d'un tiers de la population est confrontée à une faim aiguë et il existe un risque de famine au Darfour et à Khartoum.

Les partenaires humanitaires ont publié un plan de prévention de la famine.

La priorité pour l'OMS est d'assurer la continuité des services de santé pour prévenir les flambées épidémiques et y répondre, et de prodiguer des soins aux personnes qui en ont le plus besoin, notamment les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de moins de cinq ans.

L'accès aux plus vulnérables reste très limité. Toutes les parties au conflit doivent absolument assurer un accès humanitaire sans entrave aux personnes qui en ont besoin, y compris par des voies transfrontalières.

Au Tchad voisin, une épidémie d'hépatite E a été déclarée et a provoqué plus de 2000 cas, dont 7 mortels, principalement parmi les réfugiés soudanais. L'OMS a dépêché une équipe pour soutenir la riposte.

Nous appelons avant tout à un cessez-le-feu et à un processus de paix global pour le Soudan.

Il est temps de faire taire les armes et de faire triompher la paix. La paix est le meilleur remède.

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Abordons maintenant la question de l'épidémie de grippe aviaire H5N1 qui touche les vaches laitières aux États-Unis d'Amérique.

À ce jour, 36 troupeaux de vaches laitières ont été infectés dans neuf États. Un seul cas humain a été signalé, au moins 220 personnes sont surveillées et au moins 30 ont été testées.

Cependant, le nombre de personnes exposées à des animaux infectés est beaucoup plus élevé, et il est important que toutes les personnes exposées soient testées ou surveillées, et reçoivent des soins si nécessaire.

Jusqu'à présent, aucun signe d'adaptation du virus ne fait craindre une transmission interhumaine, mais il faut renforcer la surveillance.

Le virus a été détecté dans le lait cru aux États-Unis d'Amérique, mais des tests préliminaires montrent que la pasteurisation élimine le virus.

L'OMS préconise la consommation de lait pasteurisé dans tous les pays.

D'après les informations dont elle dispose, l'OMS considère toujours le risque pour la santé publique que représente la grippe aviaire H5N1 comme faible, et comme faible à modéré pour les personnes exposées à des animaux infectés.

Ces dernières années, le virus H5N1 s'est largement propagé parmi les oiseaux sauvages, les volailles, les mammifères terrestres et marins, et il est maintenant présent chez les vaches laitières.

Depuis 2021, 28 cas ont été signalés chez l'être humain, bien qu'aucune transmission interhumaine n'ait été attestée au cours de cette période.

L'OMS dispose d'un système fiable de surveillance mondiale de la grippe grâce à un réseau de centres de lutte contre la grippe présent dans 130 pays, à 7 centres collaborateurs et à 12 laboratoires de référence dotés des capacités et conformes aux exigences en matière de biosécurité nécessaires pour lutter contre les virus H5.

Nous disposons également du Cadre de préparation en cas de grippe pandémique, pour soutenir la mise au point rapide et la distribution équitable de vaccins en cas de pandémie de grippe.

Cependant, il n'existe pas de système similaire pour d'autres agents pathogènes - une lacune que les États Membres de l'OMS cherchent maintenant à combler par le biais de l'Accord sur les pandémies.

L'épidémie de grippe H5N1 chez les vaches laitières montre également l'importance d'une approche « Une seule santé » qui tient compte des liens étroits entre la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale.

Ces deux systèmes - l'un destiné à prévenir les flambées épidémiques et les pandémies grâce à une approche « Une seule santé », et l'autre destiné à y riposter en partageant les vaccins - sont deux éléments essentiels de l'Accord sur les pandémies que les États Membres de l'OMS négocient en ce moment même.

Je suis satisfait que les 194 États Membres soient fermement résolus à finaliser l'accord avant l'Assemblée mondiale de la Santé. Ils travaillent sans relâche pour trouver un terrain d'entente, de bonne foi, pour les peuples du monde.

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Enfin, nous avons présenté hier le rapport sur les résultats de l'OMS en 2023, qui fait la synthèse de notre ation au cours des deux dernières années.

Ce rapport interactif et complet, disponible sur le site Web de l'OMS, montre la profondeur et l'ampleur de nos activités. Il comprend 174 pages consacrées aux pays, 100 témoignages sur l'impact dans les pays et d'autres informations encore.

Il présente également de façon transparente la provenance, la destination et l'utilisation de notre financement.

Le rapport dresse un tableau mitigé de la situation sanitaire mondiale.

Nous avons de nombreuses raisons de nous réjouir. Par exemple, depuis le début du siècle, la mortalité de l'enfant a été réduite de moitié, en grande partie grâce aux vaccins.

Mais en raison des perturbations dues à la pandémie de COVID-19, les taux de vaccination ont chuté et nous assistons à une résurgence de maladies comme la rougeole.

Il reste sept ans jusqu'à 2030, l'échéance fixée pour la réalisation des objectifs de développement durable. Certains sont en voie d'être atteints ; beaucoup ne le sont pas.

L'OMS continuera d'aider tous les pays à renforcer leurs systèmes de santé pour réaliser son projet fondateur : la possession du meilleur état de santé qu'il est capable d'atteindre constitue l'un des droits fondamentaux de tout être humain.

Fadéla, c'est à vous.