essenscia - Belgian Federation for Chemistry and Life Sciences Industries

04/17/2024 | Press release | Distributed by Public on 04/17/2024 04:58

Le secteur de la chimie et de la pharma voit sa création d’emplois ralentir, ses exportations diminuer et son chiffres d’affaires reculer

La fédération sectorielle essenscia appelle à une action urgente et à une politique industrielle stratégique à tous les niveaux politiques

Un taux d'utilisation des capacités historiquement bas, une baisse du chiffre d'affaires de 14% et une forte baisse des exportations de 18%. Les chiffres économiques annuels pour la chimie et les sciences de la vie en Belgique pour l'année 2023 montrent clairement que la position concurrentielle du secteur s'est considérablement affaiblie. Cela se traduit par des pertes d'emplois dans les secteurs de la chimie et des matières plastiques, et par une croissance modérée des emplois dans les secteurs de la pharma et de la biotech. La fédération sectorielle essenscia tire la sonnette d'alarme et demande d'urgence une politique industrielle stratégique à tous les niveaux politiques. La présidence belge de l'UE et le sommet européen de cette semaine offrent l'opportunité de faire d'un pacte industriel une priorité absolue pour la prochaine Commission européenne.

Sur le plan économique, 2023 a été une année particulièrement difficile pour le secteur chimique et pharmaceutique belge, avec des coûts énergétiques et salariaux élevés, une grande incertitude dans la politique d'octroi de licences, des tensions géopolitiques, une économie mondiale en perte de vitesse et une concurrence internationale accrue. Cette situation se reflète également dans les chiffres économiques clés. L'utilisation des capacités de production est tombée à 65 %, son niveau le plus bas jamais atteint. Le chiffre d'affaires a chuté de 14 % pour atteindre 75 milliards d'euros, soit une perte de près de 12,5 milliards d'euros. Cette baisse du chiffre d'affaires est presque entièrement liée au secteur de la chimie et reste nettement supérieure à la moyenne de l'industrie (5,5 %).

Les exportations ont diminué de 18 %, soit une baisse de 38 milliards d'euros. La chimie et les sciences de la vie restent pourtant de loin le premier secteur d'exportation du pays - représentant un tiers des exportations belges totales - et est même le deuxième pays exportateur de l'Union européenne pour les produits chimiques et pharmaceutiques, après l'Allemagne. Les exportations vers ses trois principaux partenaires commerciaux - l'Allemagne, les États-Unis et la France - ont fortement diminué l'année dernière. Avec 25 milliards d'euros, la contribution positive du secteur à la balance commerciale reste toutefois une fois et demie supérieure à la balance commerciale totale de la Belgique, ce qui représente un solide apport de richesse.

Croissance modérée de l'emploi

Le moteur de l'emploi s'essouffle également. Si le secteur comptabilise 360 nouveaux emplois en 2023, cette augmentation est entièrement due à l'industrie pharmaceutique et biotechnologique (+1 101 emplois), puisque les secteurs de la chimie (-160 emplois) et des plastiques (-581 emplois) ont perdu des emplois.

Avec une création d'emplois constante au cours des dix dernières années (11 500 emplois supplémentaires), le secteur contraste fortement avec le statu quo observé dans le reste de l'industrie manufacturière au cours de la même période. Avec 99 658 emplois au compteur, l'emploi sectoriel est aujourd'hui à son plus haut niveau depuis plus de 30 ans, et la chimie et la pharmacie représentent 1 emploi manufacturier sur 5 en Belgique.

Hans Casier, président essenscia: « Ces chiffres ne sont guère réjouissants. Ils indiquent que les emplois et les investissements sont menacés à long terme, et que les entreprises ne disposent pas actuellement de business case pour réaliser les investissements nécessaires dans notre pays en vue de la transition énergétique et climatique et du passage à une économie circulaire. Il est plus qu'urgent de définir une politique industrielle forte qui crée à nouveau un climat d'investissement attractif en Wallonie, à Bruxelles, en Belgique et en Europe. Les campagnes électorales portent aujourd'hui principalement sur le pouvoir d'achat,, alors qu'elles devraient être bien plus axées sur la compétitivité de notre industrie. Car c'est de là que viennent la prospérité et le pouvoir d'achat. Depuis peu, la confiance des entreprises a tout doucement repris, mais la demande mondiale reste faible et on est encore loin d'une croissance économique. »

Yves Verschueren, administrateur délégué essenscia: « Ces chiffres économiques doivent être un signal d'alarme pour tous ceux qui se préoccupent de la croissance de notre pays et de l'avenir de l'industrie. La chimie et les sciences de la vie restent la première force industrielle de l'économie belge : un moteur d'innovation, de valeur ajoutée, d'emplois de qualité. Il est grand temps de faire des choix politiques stratégiques pour ancrer ce secteur hautement stratégique dans notre pays. Pour réaliser le Green Deal, nous avons besoin d'un Industrial Deal fort à tous les niveaux politiques, qui s'attaque les coûts de l'énergie et de la main-d'œuvre, rationalise les réglementations et apporte une réponse efficace aux vastes plans de soutien économique dans d'autres pays. C'est l'unique manière de pouvoir conserver des emplois ici en Belgique et éviter de devenir trop dépendants d'autres régions pour de nombreux matériaux et produits essentiels. »

Malgré un contexte économique difficile, les entreprises chimiques et pharmaceutiques de notre pays continuent d'investir et d'innover. L'année dernière, les investissements ont augmenté de 29% pour atteindre un niveau record de 3,9 milliards d'euros, principalement en raison de la hausse des montants investis dans le secteur chimique. Les dépenses en recherche et développement (R&D) ont également augmenté de 10 % pour atteindre le chiffre record de 6,3 milliards d'euros, principalement grâce à la recherche innovante dans les secteurs de la pharmacie et de la biotechnologie. Il est important de noter qu'il s'agit de décisions d'investissement prises au cours des années précédentes et qui sont aujourd'hui mises en œuvre. Dans une certaine mesure, l'effet inflationniste de l'augmentation des salaires et des prix joue également un rôle.