Colruyt SA

11/24/2022 | Press release | Archived content

Le projet alliant pêche passive et aquaculture en mer se rapproche de la rentabilité

Ces trois derniers mois, la combinaison d'une ferme marine, propice à l'élevage de moules, d'huîtres et d'algues marines, et de la pêche passive à l'aide de techniques d'appât innovantes a fait l'objet d'un test au large de nos côtes. La réussite de ce test constitue une excellente nouvelle, car ces deux activités sont autorisées dans les zones réservées aux parcs éoliens, contrairement à la pêche (active) au chalut classique. La lumière, le bruit et les odeurs se révèlent être des moyens efficaces pour attraper davantage de céphalopodes (seiche), de crevettes et de poissons sur le fond de mer d'une ferme marine dédiée à de multiples espèces. En outre, des scientifiques ont développé certains outils permettant aux exploitants des fermes marines de mieux planifier les trajets en mer. Les résultats du projet VLAIO SYMAPA ont été présentés ce jeudi par les partenaires de projet, à savoir Colruyt Group, Brevisco, AtSeaNova, le marché à la criée Vlaamse Visveiling, l'institut flamand de recherche pour l'agriculture, la pêche et l'alimentation (ILVO) et l'institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB).

Vincent Van Quickenborne, ministre de la Mer du Nord, était présent :

« L'objectif est de développer la partie belge de la mer du Nord pour en faire la centrale énergétique de notre pays et un des moteurs de l'innovation et de l'autosuffisance. C'est la raison pour laquelle, outre les parcs éoliens et les panneaux solaires flottants, nous voulons cultiver des algues en mer du Nord afin de créer du carburant biologique. Pour ce faire, nous avons alloué un budget de 250 000 euros à la recherche. Les parcs éoliens fourniront donc de l'énergie, mais également des produits alimentaires. Quand on sait que l'Europe importe 70 % de ses aliments d'origine marine, il est clair que notre pays renferme encore un grand potentiel pour la mariculture et la pêche passive. Les protéines provenant des algues et des mollusques ne devront ainsi plus être obtenues par le biais de l'élevage ou de la pêche. Les résultats du projet SYMAPA indiquent que nous avons franchi les premières étapes importantes afin de rendre possible, tant au niveau technique et biologique qu'économique, la combinaison de deux, voire trois activités dans la même zone de la mer du Nord. »

10 fois plus de seiches dans les cages fluorescentes

Au sein des zones de pêche passive « au casier », les poissons et autres animaux marins sont attirés puis capturés à l'intérieur de casiers sur le fond marin, attachés à des bouées. Cette forme sélective de pêche ne génère que peu de prises accidentelles, peu ou pas d'impact sur le fond marin et peu de consommation de carburant. Les casiers sont posés chaque jour, ce qui assure la qualité des prises.

De plus, la capacité de pêche peut être optimisée à l'aide de la lumière, du bruit et potentiellement des odeurs. C'est ce qui ressort des tests effectués par l'ILVO dans la zone Westdiep, au large de la côte de Nieuport.

  • Les résultats obtenus sur les seiches sont remarquables : en installant des câbles fluorescents sur les casiers à seiche standards, les scientifiques ont attrapé 10 fois plus de seiches.
  • Parmi les autres techniques qui ont fait augmenter le taux de pêche : l'utilisation de lampes LED dans les casiers à crevettes grises et roses, de bruits de repas dans les casiers à poissons ronds et de l'odeur de banane dans les casiers à poissons plats.

Mattias Van Opstal et Jasper Van Vlasselaer (ILVO) : « Les recherches ont permis la compilation de plusieurs techniques innovantes permettant aux pêcheurs d'améliorer la récolte dans les casiers. En fonction de la zone en mer et des espèces animales présentes, l'une ou l'autre technique sera certainement intéressante. »

Une qualité et un goût à la hauteur pour la pêche passive

Le Vlaamse Visveiling, marché à la criée et partenaire du projet SYMAPA, manifeste déjà sa satisfaction quant à la qualité des récoltes issues de la pêche passive. Sylvie Becaus (Vlaamse Visveiling) : « Nous recevons non seulement plus de seiches, une espèce appréciée sur le marché, mais la qualité des produits est elle aussi excellente : frais du jour et en bon état. »

Aquaculture intelligente

L'écosystème de la mer du Nord est étroitement surveillé. L'institut royal des Sciences naturelles de Belgique, mais également l'ILVO et plusieurs partenaires européens, collectent des données afin de contrôler la santé des ressources et du large écosystème marin. L'IRSNB a également développé plusieurs outils pratiques pour la planification des trajets maritimes, comme la plateforme de prévisions marines qui affiche notamment les données des cinq jours à venir concernant les marées, la vitesse du vent, la hauteur des vagues, etc. Désormais, grâce à SYMAPA et au projet EU-H2020 FORCOAST, il existe également un outil de modélisation permettant de prédire la période la plus propice à l'installation de collecteurs de naissains. À l'aide de ces outils, les éleveurs récoltent les embryons de moules et d'huîtres pour ensuite les faire se développer. Une installation précoce peut provoquer l'encrassement de l'appareil, tandis qu'une installation tardive peut faire échouer la récolte.

Léo Barbut et Geneviève Lacroix (IRSNB) : « Grâce à ces outils de modélisation, nous nous rapprochons encore un peu d'une aquaculture intelligente. Sur la base des données, les exploitants de fermes marines peuvent planifier leurs sorties en mer en vue de l'entretien de leurs installations, de la collecte des naissains et, à terme, de la récolte. » ​

Optimisation des installations pour l'élevage de moules

Lors d'un précédent projet, nommé Edulis, des moules avaient déjà été élevées avec succès à proximité des parcs éoliens, entre 30 et 50 kilomètres au large de la côte belge. Dans le cadre du projet Nearshore Mossel, financé de manière privée, Brevisco a également pu démontrer la faisabilité sur les plans technique et économique d'un élevage de moules à grande échelle dans la mer du Nord. La « moule commune » belge, plus grosse et plus charnue que la moule de Zélande (40 à 45 % de chair contre 30 à 35 %), se développe aussi plus rapidement et présente de belles saveurs. Dans le cadre du projet SYMAPA, la technique d'élevage a été optimisée pour atteindre le résultat remarquable de 16 kg de moules par mètre. D'autre part, grâce à de légers ajustements apportés aux installations, les dégâts potentiels en cas de tempête peuvent également être évités. Ces installations sont stables et adaptées à la mer du Nord.

Des huîtres de qualité dans notre mer du Nord

Un projet précédent, Value@Sea, a également démontré que l'huître plate, espèce menacée, est adaptée à la culture dans la mer du Nord. Le projet SYMAPA a donc été l'occasion d'optimiser les techniques de culture dans le Westdiep, avec plus ou moins de succès. Il est en effet possible d'élever des huîtres plates de qualité près des côtes, mais l'apparition rapide d'organismes indésirables (fouling) sur les casiers constitue un obstacle technique qu'il faudra franchir afin d'obtenir une récolte commercialisable. Le phénomène entrave la bonne circulation de l'eau de mer à travers les casiers, ce qui empêche les huîtres de recevoir assez de nutriments pour se développer.

Colruyt Group continue d'investir dans la recherche afin d'élever à son tour des huîtres plates dans la zone de Westdiep. Aujourd'hui, le groupe construit l'une des premières fermes marines commerciales du pays, au sein de laquelle 50 lignes à moules de la phase 1 ont été installées. La première récolte réduite est attendue à l'été 2023.

Wannes Voorend (Colruyt Group) : « En élevant plusieurs espèces au sein de la même ferme marine, nous serions en mesure de proposer une gamme plus large de produits de la mer. En outre, la combinaison de différentes activités présente certains avantages opérationnels. Les applications dans la Ferme marine Westdiep promettent déjà de bons résultats, mais nous continuons à travailler pas à pas en vue d'une culture commercialisable. »

Des cultures d'algues résistantes au courant

En ce qui concerne la culture d'algues, les conditions naturelles en mer du Nord restent un défi technique. Dans le cadre du projet, le partenaire AtSeaNova a effectué des tests de structures horizontales et verticales. Les structures horizontales sont adaptées aux vagues de petite taille, mais la force de traction en mer du Nord est trop élevée. D'où la transition vers des installations verticales équipées de lignes indépendantes. Ces mêmes installations sont en cours de test dans le cadre du projet EU-H2020 UNITED.

Des données de recherche pour le Plan d'aménagement des espaces maritimes

La partie belge de la mer du Nord s'étend seulement sur 3 500 km2, mais constitue un écosystème intéressant pour de nombreuses activités. Mariculture, pêche, production d'énergie, mais aussi navigation, extraction de sable, loisirs, protection de la côte et de la nature. La planification de toutes ces activités au sein du Plan d'aménagement représente un casse-tête délicat, mais très important. Dans le cadre du plan actuel (2020-2026), l'aquaculture en mer n'est autorisée que dans la zone Westdiep et près des parcs éoliens. La pêche passive est également autorisée dans les deux zones, contrairement à la pêche au chalut classique qui n'est pas permise à proximité des éoliennes.

Bert Groenendaal (Brevisco), coordinateur SYMAPA : « Le fait que des synergies soient possibles entre la mariculture et la pêche passive constitue une perspective importante au sein de ce projet. Il existe maintenant une compilation de techniques innovantes de récolte, l'élevage de moules a été optimisé et les modèles de prévision permettent de rendre la combinaison d'activités en mer plus accessible sur les plans logistique et économique. »

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