Ministry of Culture of the French Republic

08/05/2022 | News release | Distributed by Public on 08/05/2022 02:39

Tapisserie, jardins, bijoux… quand l’art passe au vert

Plusieurs musées organisent des expositions sur le thème de la nature et du végétal en croisant les visions, époques et supports. Zoom sur trois d'entre eux.

La nature s'admire également à travers le prisme de l'art. Plusieurs musées ont ainsi décidé de célébrer sa beauté à travers une série d'expositions consacrées au végétal. De la joaillerie à Paris à la tapisserie à Aubusson en passant par les jardins du domaine de Chaumont-sur-Loire, les formes artistiques sont nombreuses et significatives de la richesse de la représentation des milieux naturels sur différents supports au fil des siècles.

Dialogue entre joaillerie et art aux Beaux-Arts de Paris

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Jean-Luc Perreard

Jusqu'au 4 septembre, la beauté de la nature s'invite aux Beaux-Arts de Paris. La Maison Chaumet, spécialisée dans la joaillerie, a puisé dans son vaste patrimoine, l'un des plus importants de l'histoire du bijou en Europe, pour le faire résonner avec toutes les formes artistiques sur le thème du végétal.

Au total, près de quatre cents œuvres (peintures, sculptures, textiles, photographies, mobilier…), représentant près de sept mille ans d'art et de sciences sont présentées et racontées par le dialogue avec quatre-vingts objets joailliers de Chaumet mais aussi d'autres maisons. Le tout prend la forme d'un herbier composé à partir des espèces présentes dans les bijoux et qui apparaissent dans l'exposition, dans une forêt, un étang ou un champ de blé…

Le parcours immersif s'affranchit de toute chronologie, permettant au visiteur de passer d'une fresque pariétale vieille de plus de 5 000 ans à deux toiles de Giuseppe Archimboldo puis d'une œuvre de Delacroix à une photographie de Mapplethorpe. L'exposition permet de redécouvrir de grandes figures féminines comme l'impératrice Joséphine, passionnée de sciences naturelles, ou Laurence Equilbey qui a imaginé le design sonore.

À l'occasion de l'exposition, la Maison Chaumet a restauré une trentaine d'œuvres, de la table dite « au collier de perle » offerte à Louis XIV par le cardinal Barberini au bouquet de fleurs en porcelaine du XVIIIe du Musée national de céramique de Sèvres. L'immense tapisserie aux milles fleurs du XVIe siècle qui conclut l'exposition bénéficie quant à elle d'une restauration de ses bordures.

À Aubusson, le végétal s'affiche en tapisserie

Verdure fine aux armes de Bruhl, Jean Joseph Dumon, Manufacture de Landriève Aubusson
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Cité internationale de la tapisserie

C'est un thème fédérateur qui traverse toute l'histoire de la tapisserie depuis le XVIe siècle. Le végétal fait l'objet, depuis l'an dernier, de différentes expositions au sein du réseau TRAME(s) qui réunit six institutions culturelles du Massif Central afin de faire connaître et de valoriser la tapisserie auprès de tous les publics.

Place cette fois-ci à la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson (Creuse) qui met à l'honneur jusqu'au 18 septembre certaines pièces peu exposées des collections avec notamment des « verdures », ces tapisseries dont le sujet est centré sur la représentation d'éléments des règnes animal et végétal et qui sont la production emblématique des ateliers d'Aubusson.

L'exposition s'intéresse également à la rénovation de la tapisserie, à la fin des années 1930 avec Elie Maingonnat, qui accorde dans ses œuvres une place importante à la nature et aux paysages du Limousin. En témoignent les quatre tapisseries monumentales conçues par Marcel Gromaire à la demande du Mobilier national en 1939, chacune associant une région française à une saison de l'année et se déployant sur 4m30 de long et trois de hauteur.

La thématique du jardin, à la fois sujet et source de matériaux pour les tissages aubussonnais, y est abordée. Les colorants d'origine naturelle ont été les premiers à être employés en tapisserie pour la coloration des fibres avant d'être progressivement remplacés par les teintures de synthèse. L'exposition présente des projets contemporains qui emploient à nouveau ces savoir-faire comme l'artiste Régine Graille qui réalise une tapisserie en laine et soie teintes avec des pigments naturels par l'artiste et designer Aboubakar Fofana.

Enfin une partie des tapisseries du moine et peintre Dom Robert ou les nouvelles verdures d'Aubusson de Goliath Dyèvre et Quentin Vaulot interrogent l'état de la nature et ouvrent sur un questionnement écologique.

La quête du « jardin idéal » à Chaumont-sur-Loire

The living batik, Inch Lim
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Eric Sander

C'est un écrin de verdure et d'architecture en plein cœur du Val de Loire, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Depuis 1992, le Domaine de Chaumont-sur-Loire a créé, sur près de 32 hectares, plus de 860 jardins, faisant de ce lieu une sorte d'utopie artistique et un laboratoire à ciel ouvert, vivant à chaque saison et en perpétuelle métamorphose.

Cette année coïncide avec les trente ans du Festival International des Jardins, jusqu'au 6 novembre. Comme chaque année, des artistes et plasticiens venus du monde entier et issus des univers différents du végétal, de l'architecture, du design, de la décoration, mais aussi de la biologie, de la botanique ou de l'écologie, sont invités à concevoir près de trente jardins éphémères.

Le thème choisi cette année est celui du « jardin idéal ». « Toutes les vertus, toutes les qualités du jardin et toutes les contraintes de notre temps devaient être envisagées et proposées par les concepteurs, qui ne devaient renoncer à aucune innovation, à aucune proposition, pour faire de leur parcelle un concentré de beauté, d'émotion, de bienfaits, mais aussi de savoir et de savoir-faire », explique Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine et du Festival International des Jardins.

Parmi ces innovations, l'utilisation de matières inattendues, comme des vitraux de poches d'eau colorée ou des fontaines de plastique recyclé et des systèmes innovants de drainage, des solutions audacieuses de purification de l'eau ou des méthodes originales d'irrigation.