WHO - World Health Organization

10/05/2022 | Press release | Distributed by Public on 10/06/2022 10:22

Allocution liminaire du Directeur général de l’OMS lors du point presse – 5 octobre 2022

Bonjour ou bonsoir.

Parlons d'abord de l'Ouganda, où l'OMS continue d'aider les pouvoirs publics à riposter à une flambée de maladie à virus Ebola dans quatre districts.

À ce jour, 63 cas confirmés ou probables ont été notifiés, dont 29 mortels.

Dix agents de santé ont été infectés et quatre sont décédés.

Quatre personnes se sont rétablies et bénéficient de soins de suite.

L'OMS a débloqué 2 millions de dollars des États-Unis (USD) de son Fonds de réserve pour les situations d'urgence et collabore avec ses partenaires pour soutenir le Ministère de la santé en envoyant des spécialistes, des fournitures et des ressources supplémentaires.

Lorsqu'une épidémie de maladie à virus Ebola n'est pas détectée immédiatement, il est normal que le nombre de cas augmente régulièrement au début, puis diminue à mesure que des interventions permettant de sauver des vies et des mesures de lutte sont mises en œuvre.

Les vaccins utilisés pour freiner les flambées récentes de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo ne sont pas efficaces contre le type de virus Ebola responsable de cette flambée en Ouganda.

Cependant, plusieurs vaccins contre ce virus sont à divers stades de mise au point, et des essais cliniques pourraient commencer en Ouganda dans les prochaines semaines pour deux d'entre eux, dans l'attente des approbations réglementaires et éthiques du Gouvernement ougandais.

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Venons-en maintenant au Pakistan.

Bien que les eaux aient cessé de monter, le danger ne fait qu'augmenter.

Les inondations ont provoqué plus de 1500 décès, mais, à défaut d'une action internationale rapide et de grande ampleur, beaucoup d'autres pourraient survenir à cause de maladies dans les prochaines semaines.

Le Directeur exécutif de l'OMS chargé des situations d'urgence sanitaire, le Dr Mike Ryan, vient de diriger une équipe au Pakistan pour évaluer les besoins.

Environ 10 % des établissements de santé du Pakistan ont été endommagés, privant des millions de personnes d'accès aux soins de santé.

Les stocks de médicaments et de fournitures médicales essentiels sont limités ou ont été emportés par les eaux.

Les dégâts causés aux routes et aux ponts entravent l'accès aux services et aux fournitures.

Et les mécanismes de surveillance des maladies et d'orientation des patients ont été gravement perturbés.

On assiste maintenant à des épidémies de paludisme, de choléra et de dengue et à une augmentation du nombre d'infections cutanées, et nous estimons que plus de 2000 femmes accouchent chaque jour, la plupart dans des conditions dangereuses.

L'OMS privilégie le soutien aux personnes appartenant aux quatre catégories suivantes :

Celles qui sont dans les camps, auxquelles nous pouvons accéder facilement, mais qui ne représentent qu'un faible pourcentage des besoins totaux.

Celles qui vivent au bord des routes, sur des centaines de kilomètres.

Celles qui se trouvent dans des zones coupées par les inondations, auxquelles il est très difficile d'accéder.

Et celles qui se trouvent dans des zones où l'eau se retire et qui reviennent dans des villages et des logements détruits.

En août, l'OMS a débloqué 10 millions USD de son Fonds de réserve pour les situations d'urgence, mais cette catastrophe de grande ampleur et sans précédent nécessite une réponse d'une ampleur sans précédent.

L'OMS a lancé aujourd'hui un appel en vue de recevoir 81,5 millions USD pour soutenir ses activités visant à faciliter la fourniture de services de vaccination et d'autres services de santé vitaux ;

à lutter contre la malnutrition aiguë sévère ;

à renforcer la surveillance des maladies ;

et à améliorer la disponibilité de l'eau et des moyens d'assainissement.

Nous exhortons nos donateurs et nos partenaires à soutenir cet effort. Comme l'a dit le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, ce n'est pas une question de générosité mais de justice.

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Passons maintenant à la COVID-19.

Plusieurs pays d'Europe signalent actuellement une augmentation du nombre de cas de COVID-19, d'hospitalisations et de décès.

Cette évolution est prévisible à mesure que le temps se refroidit et que les gens passent plus de temps ensemble dans des lieux fermés, et alors que dans la plupart des pays plus aucune mesure n'est appliquée pour limiter la propagation du virus.

Le nombre de cas de COVID-19 notifiés devrait augmenter, mais pas le nombre de décès, étant donné que nous disposons de vaccins et de thérapies qui permettent de sauver des vies.

Omicron reste le variant dominant à l'échelle mondiale, et l'OMS et ses partenaires suivent plus de 300 sous-variants.

Cependant, la surveillance, les tests et le séquençage restent faibles à l'échelle mondiale, et suivre ce virus revient donc à poursuivre une ombre.

Par conséquent, nous continuons d'appeler tous les pays à accroître la surveillance, les tests et le séquençage, et à veiller à ce que les groupes les plus vulnérables soient vaccinés.

Dans le même temps, la saison grippale commence dans l'hémisphère Nord.

Les mesures instaurées pour freiner la propagation de la COVID-19 pendant la pandémie ont également contribué à réduire la charge de la grippe.

Mais avec la levée de la plupart de ces mesures, la grippe est de retour et ne doit pas être prise à la légère.

Les vaccins antigrippaux sont sûrs et réduisent efficacement le nombre de cas graves et de décès, en particulier dans les groupes les plus vulnérables.

Donc, faites-vous vacciner contre la grippe.

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Une autre maladie fait malheureusement son retour : le choléra.

Après des années de baisse du nombre de cas dans le monde, nous avons assisté à une recrudescence inquiétante des épidémies de choléra dans le monde au cours de l'année écoulée.

Au cours des neuf premiers mois de cette année seulement, 27 pays ont signalé des épidémies de choléra.

Les épidémies sont non seulement plus nombreuses mais aussi plus mortelles.

Les données - limitées - dont nous disposons montrent que le taux moyen de létalité depuis le début de cette année est presque trois fois supérieur à celui des cinq dernières années.

En Syrie, plus de 10 000 cas suspects de choléra ont été notifiés au cours des six dernières semaines.

Et en Haïti, alors qu'aucun cas n'a été constaté pendant plus de trois ans, deux cas ont été officiellement signalés cette semaine dans la capitale, Port-au-Prince, et 20 cas suspects et 7 décès font actuellement l'objet d'une enquête dans d'autres régions. Il est probable que le nombre réel de cas soit beaucoup plus élevé.

Cette épidémie est un revers important alors qu'Haïti se préparait à être certifié exempt de choléra cette année.

Bien que le choléra puisse tuer en quelques heures, il peut être évité grâce aux vaccins et à l'accès à l'eau potable et aux moyens d'assainissement, et peut être traité facilement par réhydratation orale ou par antibiotiques pour les cas les plus graves.

Mais, en réalité, beaucoup de gens n'ont pas accès à ces interventions simples.

En 2013, l'OMS et ses partenaires ont créé un stock international de vaccins anticholériques, duquel 27 millions de doses ont été prélevées l'année dernière.

Mais avec le nombre croissant d'épidémies, l'offre est insuffisante par rapport à la demande.

Nous exhortons les principaux fabricants mondiaux de vaccins à nous dire comment nous pouvons augmenter la production.

La pauvreté et les conflits, mais aussi désormais les changements climatiques, favorisent la propagation du choléra.

Les événements climatiques extrêmes tels que les inondations, les cyclones et les sécheresses réduisent davantage l'accès à l'eau potable et créent l'environnement idéal pour la propagation du choléra.

Le choléra est une maladie mortelle, qu'il est toutefois possible de prévenir et de traiter. En prêtant attention à la planification et en prenant les mesures voulues, nous pouvons inverser cette tendance.

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Enfin, l'OMS a publié aujourd'hui une alerte concernant quatre médicaments contaminés identifiés en Gambie, qui auraient entraîné des lésions rénales aiguës et 66 décès chez des enfants.

Ces décès d'enfants sont dramatiques pour les familles.

Ces quatre médicaments sont des sirops contre la toux et le rhume produits par Maiden Pharmaceuticals Limited, en Inde.

L'OMS mène une enquête plus approfondie avec le laboratoire et les autorités de réglementation en Inde.

Bien que les produits contaminés n'aient jusqu'à présent été détectés qu'en Gambie, ils ont peut-être été distribués dans d'autres pays.

L'OMS recommande à tous les pays de détecter ces produits et de les retirer de la circulation afin d'éviter d'autres conséquences néfastes pour les patients.

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La maladie à virus Ebola en Ouganda.

De multiples flambées épidémiques au Pakistan.

Des cas de choléra dans le monde.

La pandémie de COVID-19 qui se poursuit.

L'épidémie mondiale de variole du singe.

La menace que fait planer la grippe, comme chaque année.

Et les médicaments contaminés.

Tout cela montre pourquoi il est si urgent que chaque pays - et la communauté internationale - investisse pour renforcer ses moyens de défense contre les épidémies qui peuvent avoir un effet dévastateur sur les familles et les communautés, et paralyser les sociétés et les économies.

En particulier, cela montre l'importance des investissements rentables dans la surveillance des maladies et les soins de santé primaires.

Les situations d'urgence sont une triste réalité de la vie. Nous pourrions peut-être en empêcher certaines de survenir, mais nous ne pouvons pas toutes les empêcher.

Cependant, en investissant dans des systèmes de santé solides au niveau local, nous pouvons atténuer l'impact des situations d'urgence et sauver de nombreuses vies.

Margaret, vous avez la parole.