Madagascar, les plus vulnérables accèdent aux soins grâce à la couverture sanitaire ...

13 mai 2024

Sainte Marie-Jacqueline Belotra, mère de 3 enfants résidant à Vohilava, commune rurale de l'île Sainte Marie, située au nord-est de Fenoarivo Atsinanana dans la région d'Analanjirofo, se rappelle la dure période qu'elle a connue plutôt en 2022, lorsqu'elle faisait de l'automédication pour soulager ses douleurs abdominales aiguës. « Je vis à deux pas du centre de santé, mais je ne gagnais pas beaucoup d'argent pour consulter un médecin encore moins pour payer les médicaments qu'il m'aurait prescrit. Je soulageais mes maux de ventre avec les plantes que me conseillaient des proches. » relate-t-elle. « Aujourd'hui je suis plus à l'aise à fréquenter les centres de santé grâce à cette mutuelle de santé. »

La mutuelle de santé à laquelle Jacqueline fait allusion est l'AFAFI (Antoka Ho an'ny Fasalaman'ny Fianakaviana en Malagasy) qui signifie ''Assurance de protection familiale''. Il s'agit d'une mutuelle de santé qui assure le mécanisme de protection financière dans le cadre du Projet de mise en œuvre de la Couverture Sanitaire Universelle (CSU) à Sainte Marie, pour que les plus vulnérables et les adhérents volontaires ayant recours aux services de santé ne soient pas exposés à des difficultés financières.

Depuis avril 2016, un Comité pour la mise en œuvre de la CSU a été mis en place à Madagascar pour l'instauration d'un système de santé où tous les Malgaches sont couverts et ont accès aux soins. Depuis septembre 2020, le District de Sainte Marie bénéficie d'un projet de mise en œuvre de la CSU financé par la Principauté de Monaco et mis en œuvre par l'OMS, le ministère de la Santé Publique et l'ONG internationale GRET, qui soutient l'AFAFI. L'affiliation des personnes vulnérables à travers la mutuelle de santé AFAFI a démarré au mois de septembre 2022, et l'adhésion pour les membres volontaires a commencé au mois de janvier 2023.

A Sainte Marie, le projet a enregistré 3 700 familles soit 8 575 individus, membres de la mutuelle. Ce sont au total, 1125 familles soit 2788 individus affiliés vulnérables pris en charge par le projet, et 2575 familles soit 5787 individus affiliés volontaires qui ont souscrit à la mutuelle. Jacqueline et sa petite famille comptant 5 membres, font partie des affiliés vulnérables pris en charge par le projet de mise en œuvre de la CSU à Sainte Marie.

« Nous bénéficions de traitements destinés à tous types de maladies bénignes ou compliquées. Nous avons accès aux services préventifs, curatifs, et palliatifs. J'ai enfin été guérie de mes douleurs abdominales qui devenaient de plus en plus atroces au fil du temps. Désormais quand je suis malade ou lorsqu'un de mes enfants l'est, je suis zen car j'ai ma carte de membre de la mutuelle. » Se réjouit Jacqueline.

A Madagascar, les soins sont très peu accessibles en milieu rural car 70% de la population sont des paysans à revenus très faibles. Le système de recouvrement des coûts dans les hôpitaux publics est un frein à l'accès aux soins. Les difficultés financières, et la prise en charge des plus démunis sont de grands défis qui empêchent la population d'avoir accès à des soins de qualité. « En instaurant la couverture universelle, l'Etat veut un accès équitable aux services de santé pour tous les Malgaches. Tous ceux qui ont besoin des services de santé, quels que soient leurs moyens financiers, doivent pouvoir y accéder. » Raconte Dr. Ranaivoson Rivo Mamy, Médecin chef du Centre Hospitalier de Référence de District 2 (CHRD2) de Sainte Marie. « Pour les plus vulnérables, la Couverture Sanitaire Universelle c'est l'espoir d'être en meilleure santé sans s'appauvrir, et grâce à la mutuelle AFAFI, nous constatons que la population fréquente de plus en plus nos centres de santé. » Ajoute-il.

Le Gouvernement de la Principauté de Monaco aux côtés de l'OMS et du ministère de la Santé, soutient depuis 2005 le renforcement du système de santé de l'île de Sainte Marie. Dans le cadre de cette collaboration, de nombreux progrès ont été réalisés, notamment dans la lutte contre le paludisme, et la filariose lymphatique. Depuis l'année 2021, l'Ile Sainte Marie est classifiée parmi les districts en voie d'élimination du Paludisme. Après les trois enquêtes d'évaluation de la transmission de la filariose lymphatique (Transmission Assessment Surveys) réalisées en 2012, 2017 et 2023, il a été certifié que la filariose lymphatique a été éliminée à Sainte Marie.

« Ce projet de la CSU qui nous rassemble, permet à présent d'offrir une sécurité financière à une partie de la population tout en continuant le renforcement du système de santé. Il faut poursuivre tous ensemble nos efforts pour que toute la population puisse accéder à des soins de qualité et continuer sur cette protection financière. Certes, il reste encore beaucoup à faire ne serait-ce que sur la santé maternelle et infantile, mais nous nous engageons à œuvrer pour des services équitables de santé pour tous. » Déclare Mme Candice MANUELLO, Responsables programmes DCI Monaco.

Au mois d'avril 2024, l'OMS et le Gouvernement de la Principauté de Monaco ont offert une ambulance, des intrants et matériels médicauxau Centre Hospitalier de Référence de District 2 (CHRD2) et aux Centres de Santé de Base (CSB) de Sainte Marie, en complément à tout ce qui avaient été déjà offert à travers ce projet. L'OMS Madagascar a également fait un don d'équipements et autres matériels de santé au CHRD2, d'une valeur de 44,425.59 $ à travers son programme des urgences.

« La Couverture sanitaire universelle est un objectif mondial, auquel tous les États Membres de l'OMS ont adhéré, y compris Madagascar. L'OMS félicite le Gouvernement Malagasy pour ses efforts en matière de développement sanitaire, malgré les nombreux défis auxquels le système de santé doit faire face. Le secteur santé semble un secteur budgétivore, pourtant financer la santé offre un bon retour sur investissement. La prévention contre les maladies coûte beaucoup moins cher que la prise en charge elle-même des maladies. Nous rêvons d'un pays où chaque citoyen se soigne sans pour autant s'appauvrir. » confie le Dr Laurent Musango, Représentant de l'OMS à Madagascar.

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