IRSN - Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire

12/07/2022 | News release | Distributed by Public on 12/07/2022 07:40

EPI-CT, Une étude épidémiologique européenne pour estimer le risque de cancer suite à des scanners durant l’enfance

* 174 968 enfants ont été exposés à des scanners d'autres zones anatomiques que la tête (ex : abdomen, membres) et n'ont donc pas été exposés au niveau du cerveau (groupe témoin)​

  • La dose moyenne reçue au niveau du cerveau pour un examen scanner de la tête était de 38 mGy, mais la dose cumulée moyenne au cerveau par enfant était de 49 mGy, certains enfants ayant été exposés plusieurs fois.
  • Au cours du suivi des 658 752 enfants inclus dans cette étude, 165 cas de tumeurs cérébrales malignes ont été diagnostiqués.
  • L'étude montre un excès de risque de développer un cancer du cerveau après des examens scanners de la tête chez l'enfant et le jeune adulte ; ce risque augmente d'autant plus que la dose cumulée augmente.
  • Compte tenu du risque estimé dans l'étude, pour 10 000 enfants ayant reçu un seul examen scanner de la tête (dose estimée à 38 mGy en moyenne), on s'attend à observer 1 cas de tumeur maligne cérébrale attribuable à l'exposition aux rayonnements ionisants dans la période de 5 à 15 ans suivant l'examen.

La très grande taille de l'étude a permis de réaliser des analyses complémentaires pour vérifier la solidité des conclusions.

Comme​nt interpréter ces résultats ?

Parmi les tumeurs malignes solides des enfants et adolescents, les tumeurs cérébrales sont les plus fréquentes ; environ 300 sont diagnostiquées chaque année en France parmi les 12 millions de jeunes âgés de 0 à 15 ans.

En France la dose délivrée au niveau du cerveau lors d'un scanner de la tête est aujourd'hui de 20 mGy en moyenne, soit environ 2 fois moins que dans l'étude EPI-CT. En considérant cette dose pour 20 000 enfants ayant passé un examen scanner de la tête, on s'attend à observer entre 5 à 15 ans après le scanner 1 cas de tumeur maligne cérébrale attribuable à la dose délivrée.

Sachant qu'environ 100 000 scanners de la tête sont réalisés chaque année en France chez les enfants de 0 à 15 ans, sur une période de 10 ans, le nombre de tumeurs cérébrales malignes attribuables au scanner serait de 5. Ces 5 cas sont à mettre en perspective avec les 3000 tumeurs cérébrales malignes survenant spontanément dans cette population sur une période de 10 ans.

L'étude EPI-CT confirme donc l'existence d'un excès de risque de développer une tumeur cérébrale maligne après des examens scanners de la tête réalisé chez l'enfant et l'adolescent et permet de l'estimer plus précisément grâce à la très grande taille de l'étude. Ce sur-risque reste cependant très faible au regard du bénéfice diagnostique des examens scanners.

Ces résultats confirment les résultats déjà observés au niveau français dans la cohorte « Enfant Scanner », étude portant sur 100 000 enfants exposés au scanner en France dans 23 services de radiologie pédiatrique sur la période 2000-2010, réalisée en partenariat avec la SFIPP (Foucault et al, 2022). Elle a mis en évidence une augmentation significative du risque de tumeur cérébrale et du risque de leucémie en fonction de la dose reçue, respectivement au niveau de la tête et de la moelle osseuse.

Enseignements

Ces résultats consolident les connaissances sur l'impact des rayonnements ionisants à faibles doses et confirment l'importance et l'utilité des principes obligatoires de radioprotection déjà en vigueur. Ceux-ci reposent sur l'hypothèse d'un effet potentiel des rayonnements ionisants à faibles doses et visent à maintenir l'exposition des patients à la plus faible dose de rayonnements ionisants possible, tout en considérant la balance bénéfice-risque de l'examen. En effet, le scanner est un outil extrêmement utile pour la prise en charge des maladies et il est important de ne pas renoncer à son utilisation lorsqu'il est nécessaire.

Les règles de radioprotection déjà appliquées sont les suivantes :

  • Le principe de justification : l'indication de l'examen est systématiquement vérifiée par le médecin-radiologue et l'examen n'est fait que s'il est indispensable et contributif pour la prise en charge médicale du patient
  • Le principe de substitution : l'examen scanner est remplacé par un autre type d'examen n'exposant pas aux rayons X comme l'IRM ou l'échographie lorsque cela est possible dans un délai compatible avec l'urgence. On observe ainsi une constante évolution des pratiques en pédiatrie et une augmentation du nombre d'IRM réalisées depuis une dizaine d'années alors que la fréquence des scanners n'augmente plus.
  • Le principe d'optimisation : si le scanner est nécessaire, et tout particulièrement pour les enfants, le médecin-radiologue doit employer la dose la plus faible possible tout en maintenant une qualité d'examen suffisante à l'obtention du diagnostic de la maladie recherchée.
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