WHO - World Health Organization

05/22/2024 | Press release | Distributed by Public on 05/23/2024 09:39

Avec l’accord sur les pandémies, les pays donnent un nouveau souffle à un monde divisé

Depuis plus de deux ans, les pays du monde entier collaborent pour atteindre un objectif historique et générationnel : faire en sorte que nous soyons mieux préparés à la prochaine pandémie en tirant les leçons des ravages causés par la COVID-19.

Alors que les conflits, la politique et l'économie sèment la destruction, la discorde et la division, des gouvernements souverains ont réussi à conjuguer leurs efforts pour élaborer un nouvel accord mondial destiné à protéger, à l'avenir, le monde contre les inévitables urgences dues à une pandémie.

Cet effort essentiel, mené par des centaines de négociateurs mandatés par plus de 190 nations, a été lancé alors que nous vivions l'événement le plus dévastateur de notre histoire.

Selon les chiffres officiels, la COVID-19 a fait plus de 7 millions de morts, mais le bilan réel est probablement beaucoup plus élevé. Cette pandémie a amputé l'économie mondiale de plusieurs milliards, voire de plusieurs milliers de milliards de dollars des États-Unis (USD). Les troubles sociaux, allant des pertes d'emploi aux fermetures d'écoles, ont ébranlé les populations partout dans le monde.

Au plus fort de la catastrophe, alors que les hôpitaux du monde entier étaient saturés de patients pris en charge par des soignants submergés, plus de vingt dirigeants politiques se sont réunis pour lancer un appel mondial et dire « plus jamais ça ».

Ils ont déclaré que leurs populations, et toutes celles des autres nations, ne devaient plus jamais se retrouver aussi vulnérables face à une nouvelle pandémie. Ils sont convenus que les gouvernements ne devaient plus jamais manquer de coopérer pour partager des informations, des équipements médicaux et des médicaments d'importance vitale. Ils ont également souligné que les pays et les populations les plus pauvres du monde ne devaient plus jamais être laissés pour compte lorsqu'il s'agit d'accéder à des moyens de sauver des vies, comme les vaccins.

L'équité - nous le disions déjà alors et continuons de l'affirmer -doit être notre fil conducteur.

Ce qu'il faut, ont déclaré les Présidents et les Premiers ministres à l'époque, c'est un pacte historique qui engage les pays à collaborer, au-delà des frontières, car les virus mortels n'ont que faire des frontières de notre pays, de notre couleur de peau ou de l'argent que nous avons en poche.

C'est ainsi que les 194 États Membres de l'Organisation mondiale de la Santé ont décidé de mener en parallèle deux projets décisifs : entamer la négociation d'un tout premier accord sur les pandémies afin de prévenir les pandémies, de s'y préparer et d'y riposter, et apporter une série d'amendements ciblés au Règlement sanitaire international (2005), le manuel mondial que les pays utilisent pour détecter les urgences de santé publique, lancer l'alerte et y répondre.

Ces initiatives ont été menées à une époque où la division et la polarisation sociales et politiques avaient dressé des barrières apparemment infranchissables entre de nombreux pays.

Mais plutôt que de céder devant ces considérations géopolitiques, les gouvernements se sont efforcés cette semaine à Genève de rassembler les nations afin de rendre le monde plus sûr face à la prochaine pandémie.

Les négociations relatives à ces efforts réellement indispensables se poursuivent cette semaine et la suivante, et le fruit de ces travaux sera examiné lors de la Soixante-Dix-Septième Assemblée mondiale de la Santé, qui s'ouvrira à Genève le 27 mai.

La ligne d'arrivée étant si proche, les enjeux mondiaux n'ont jamais été aussi importants. Des questions essentielles restent en suspens, surtout concernant la manière dont l'accord sur les pandémies garantira l'équité pour tous les pays quand il s'agira de les préparer à prévenir la prochaine pandémie ou à y riposter.

La mise en pratique du principe d'équité est un sujet qui revient régulièrement dans les discussions.

Elle suppose de faire en sorte que les pays disposent en temps réel des capacités nécessaires pour protéger leurs agents de santé et leurs populations contre une menace de pandémie, afin qu'il n'y ait plus d'inégalités dans l'accès aux vaccins, aux produits de diagnostic, aux traitements, aux équipements de protection individuelle et à d'autres outils d'importance vitale.

Pour mettre en pratique le principe d'équité, tous les pays doivent disposer de systèmes de santé solides afin de garantir la prévention, la préparation et la riposte collectives aux futures pandémies, où qu'elles surviennent.

La sécurité sanitaire mondiale suppose qu'il n'y ait pas de maillon faible dans la chaîne de défense contre les agents pathogènes à potentiel pandémique ; et l'équité sanitaire mondiale est essentielle pour garantir la solidité de chacun de ces maillons.

Une collaboration entre les pays est indispensable pour mettre en commun ce qui est nécessaire, qu'il s'agisse d'agents pathogènes, d'outils de diagnostic, d'informations ou de ressources, afin de mieux collaborer pour éviter que les horreurs causées par la COVID-19 ne se répètent.

Il faut en outre un leadership politique, aux niveaux les plus élevés de tous les pays, qui permette de renforcer la collaboration mondiale, plutôt que de favoriser un nationalisme étroit, afin de combler les lacunes dont le monde a souffert lors de la riposte à la COVID-19.

L'accord sur les pandémies constitue le fondement de la future approche collaborative requise pour prévenir la prochaine maladie X. Il comblera le fossé béant que la COVID-19 a révélé dans la capacité du monde à collaborer efficacement pour empêcher la propagation de virus potentiellement mortels.

Il repose sur la conviction qu'une sécurité sanitaire mondiale efficace ne peut être garantie que lorsque la sécurité sanitaire de chaque pays est renforcée.

Il repose sur la conviction que la sécurité sanitaire mondiale n'est possible que si chaque pays est plus fort.

Il souligne que la sécurité sanitaire mondiale est plus forte lorsqu'il existe une véritable équité sanitaire à cette échelle, rappelant à tous que personne n'est à l'abri d'un virus à potentiel pandémique tant que tout le monde ne l'est pas.

Enfin, un accord sur les pandémies renforcera, et garantira, l'équité en matière de santé à l'échelle mondiale.

L'accord sur les pandémies n'est pas un simple bout de papier. Au fond, il s'agit d'un instrument destiné à sauver des vies, qui définira la manière dont les pays coopéreront sur un grand nombre de questions pour faire face à la prochaine pandémie.

Il garantira à toutes les populations que leur État souverain a conclu un accord avec tous les autres pays pour coopérer afin de sauver des vies, de protéger la santé et d'éviter des perturbations inutiles dans la société et l'économie.

En cette période de frictions et de tensions mondiales, je salue tous les efforts déployés par la communauté internationale pour saisir cette occasion unique de mettre le monde à l'abri des pandémies. Le poids de cette responsabilité partagée n'a d'égal que les avantages qu'un accord solide apportera à la santé et à la sécurité de tous.

En d'autres termes, l'accord sur les pandémies est un instrument qui sauve des vies, une sorte de défibrillateur pour le monde. Cet outil doit être élaboré et mis à la disposition de tous, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte. Nous devons tous convenir de le mettre en œuvre et savoir comment l'utiliser. Surtout, l'accord doit protéger et promouvoir la santé mondiale lorsque c'est nécessaire, pour nos proches, jeunes et moins jeunes.

Original publié dans AllAfrica le 17 mai 2024