Université de Montréal

04/30/2024 | Press release | Distributed by Public on 04/30/2024 14:26

Un piano pour petites mains à l’UdeM

Justine Pelletier

Crédit : Courtoisie

«Les dimensions standards des claviers conviennent à une majorité d'hommes, mais à une minorité de femmes», déclare la pianiste Justine Pelletier, qui a joué avec des orchestres de renom tels que l'Orchestre symphonique de Montréal quand Kent Nagano le dirigeait.

Récemment, la professeure invitée de la Faculté de musique de l'Université de Montréal a découvert la Donison-Steinbuhler Standard Foundation, une entreprise américaine qui fabrique des mécanismes d'action dotés de touches plus étroites. Ces mécanismes peuvent être installés sur les pianos à queue, élargissant ainsi le répertoire accessible pour les pianistes aux mains de plus petite taille, principalement les femmes, tout en préservant les possibilités expressives du mécanisme d'action traditionnel.

À la suite d'un prêt, quelques universités américaines et européennes ont adopté ce mécanisme novateur. L'Université de Montréal devient la première université canadienne à bénéficier de ce prêt de la Donison-Steinbuhler Standard Foundation. Depuis le début de l'année, les étudiants et étudiantes de la Faculté de musique peuvent ainsi profiter du confort accru du clavier DS 6.0, qui présente une octave réduite à 15,24 cm au lieu des 16,51 cm du clavier habituel. «Si pour certains 1,27 cm par octave ne représente pas une grosse différence, pour les pianistes qui ont des mains plus petites, c'est une différence énorme en termes de précision du jeu et de contrôle du son», souligne Justine Pelletier.

Réduire la fatigue musculaire grâce à des touches plus étroites

Le clavier DS 6.0

Crédit : DS Standard Foundation Inc

L'accumulation de fatigue musculaire causée par la répétition de mouvements lors de la pratique instrumentale est un facteur de risque d'apparition de troubles musculosquelettiques chez les musiciens. Selon certaines études, ces troubles sont plus fréquents chez les femmes. «Je remarque que les pianistes qui ont de petites mains doivent souvent jouer entre autres avec une inclinaison cubitale et une abduction des doigts plus prononcées, ce qui peut augmenter le risque de blessures», explique Justine Pelletier.

En collaboration avec l'École de kinésiologie et des sciences de l'activité physique de l'UdeM, une collecte de données relatives à l'activité musculaire de pianistes utilisant soit un clavier traditionnel, soit un clavier DS 6.0 sera effectuée pour examiner les variations d'activité musculaire chez les pianistes aux mains de différentes tailles.

Des étudiants enthousiasmés

Des étudiantes et étudiants de la Faculté de musique de l'UdeM se familiarisent depuis quelques mois avec ce nouveau piano dans leurs cours en interprétation musicale. En général, leur réaction est très positive, malgré les appréhensions initiales concernant l'adaptation à ce clavier aux touches plus minces. Certains craignaient que la transition soit difficile.

Cependant, beaucoup constatent une adaptation étonnamment rapide, rapportant un confort accru. La différence d'un peu plus d'un centimètre par octave ne perturbe pas outre mesure leurs repères habituels. Ils sont impressionnés par l'effet positif de ce changement des dimensions du clavier sur le contrôle du son et le confort de jeu.

Une majorité d'hommes rencontrent des difficultés liées à la taille plus grande de leurs mains et certains remarquent que la largeur de leurs doigts empêche leur passage entre les touches noires. Par contre, la plupart des utilisatrices apprécient les sensations procurées par les touches plus étroites.

«J'espère que l'utilisation de ce clavier va contribuer à faire évoluer les mentalités et qu'elle sera de plus en plus répandue, tant au sein des établissements d'enseignement et chez les organisateurs de concert que chez les amateurs de musique et les apprentis musiciens», conclut Justine Pelletier.