UNICEF - United Nations Children's Fund

11/03/2023 | Press release | Distributed by Public on 11/04/2023 09:12

Déclaration conjointe de l’UNICEF, de l’OMS, de l’UNFPA et de l’UNRWA à propos des femmes et des nouveau-nés subissant de plein fouet le conflit à Gaza

Jérusalem-Est/Genève/New York, le 3 novembre 2023 - Les femmes, les enfants et les nouveau-nés à Gaza paient le plus lourd tribut de l'escalade des hostilités dans le territoire palestinien occupé, à la fois en termes de nombre de victimes mais aussi en raison d'un accès réduit aux services de santé, avertissent le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), le Fonds des Nations Unies pour la population en charge des questions de santé sexuelle et reproductive (UNFPA) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

En date du 3 novembre, selon les données du Ministère de la santé, 2 326 femmes et 3 760 enfants ont été tués dans la bande de Gaza, soit 67 % de l'ensemble des victimes, tandis que des milliers d'autres ont été blessés. Un chiffre qui signifie que 420 enfants sont tués ou blessés chaque jour, certains d'entre eux n'étant âgés que de quelques mois.

Les bombardements, l'endommagement et le non-fonctionnement des installations de santé, les déplacements massifs, l'effondrement des systèmes d'approvisionnement en eau et en électricité ainsi que l'accès restreint à la nourriture et aux médicaments perturbent gravement les services de santé maternelle, néonatale et infantile. On estime à 50 000 le nombre de femmes enceintes à Gaza, dont plus de 180 accouchent chaque jour, et 15 % d'entre elles sont susceptibles de connaître des complications liées à la grossesse ou à l'accouchement et de nécessiter des soins médicaux supplémentaires.

Ces femmes n'ont pas accès aux services obstétriques d'urgence dont elles ont besoin pour accoucher en toute sécurité et s'occuper de leurs nouveau-nés. Face à la fermeture de 14 hôpitaux et de 45 centres de soins de santé primaires, certaines femmes se voient contraintes d'accoucher dans des abris, chez elles, dans la rue au milieu des décombres, ou dans des établissements de santé débordés, où les conditions sanitaires ne cessent de se dégrader et où les risques d'infection et de complications médicales sont en augmentation. Les établissements de santé sont également la cible de tirs - ainsi, le 1er novembre, l'hôpital Al Hilo, qui abrite l'une des principales maternités, a été bombardé.

On s'attend en outre à ce que les décès maternels augmentent en raison du manque d'accès à des soins adéquats. Les conséquences psychologiques des hostilités ont également des effets directs - et parfois mortels - sur la santé reproductive, en entraînant notamment une augmentation des fausses couches, des mortinaissances et des naissances prématurées dues au stress.

Avant l'escalade des hostilités, les taux de malnutrition étaient déjà élevés chez les femmes enceintes, et avaient des répercussions sur la survie et le développement des enfants. Alors que l'accès à la nourriture et à l'eau continue de se dégrader, les mères luttent pour nourrir et soigner leur famille, une situation qui augmente les risques de malnutrition, de maladie et de décès.

La vie des nouveau-nés ne tient également qu'à un fil. Face au manque de carburant dans les hôpitaux, la vie d'environ 130 prématurés qui dépendent des services de soins néonatals et intensifs est menacée par le potentiel arrêt des couveuses et des autres équipements médicaux.

Plus de la moitié de la population de Gaza est actuellement réfugiée dans des installations de l'UNRWA dans des conditions désastreuses, et se trouve aux prises avec la faim et la malnutrition, la déshydratation et la propagation de maladies d'origine hydrique en raison d'un approvisionnement en eau et en nourriture inadéquat. Selon les premières évaluations de l'UNRWA, 4 600 femmes enceintes déplacées et environ 380 nouveau-nés vivant dans ces installations ont besoin de soins médicaux. Plus de 22 500 cas d'infections respiratoires aiguës ont déjà été signalés, ainsi que 12 000 cas de diarrhée, une situation particulièrement préoccupante compte tenu des taux élevés de malnutrition.

Malgré les difficultés pour l'aide humanitaire d'accéder aux populations de manière durable et sûre, les organismes de l'ONU ont livré des médicaments et des équipements vitaux à Gaza, y compris des fournitures pour les nouveau-nés et pour les soins de santé maternelle. Mais les besoins des civils demeurent colossaux, notamment ceux des femmes enceintes, des enfants et des nouveau-nés. Les organisations humanitaires ont besoin de toute urgence d'un accès pérenne et sans entrave pour acheminer davantage de médicaments, de nourriture, d'eau et de carburant dans la bande de Gaza. Aucune livraison de carburant n'est entrée dans l'enclave depuis le 7 octobre. Les organismes d'aide doivent obtenir du carburant immédiatement pour pouvoir continuer à fournir un soutien aux hôpitaux, aux usines de traitement d'eau et aux boulangeries.

Une pause humanitaire immédiate est nécessaire pour alléger les souffrances et éviter que cette situation désespérée ne devienne catastrophique.

Toutes les parties au conflit doivent respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire, à savoir protéger les civils et les infrastructures civiles, y compris les établissements de soins de santé. Tous les civils, y compris les otages actuellement détenus à Gaza, ont droit aux soins de santé. Tous les otages doivent être libérés sans délai, ni condition.

Et surtout, toutes les parties doivent protéger les enfants et leur accorder la protection spéciale à laquelle ils ont droit conformément au droit international humanitaire et au droit relatif aux droits humains.